Euthanasie - Urgent exercice de transparence à faire

Euthanasie


Patrick Vinay — Quel paradoxe. On recherche des influences indues sur la nomination des juges: une magistrature impartiale, c'est important, tout le monde en convient. Et c'est donc important de nommer les magistrats de façon impartiale. Une commission siège donc à ce sujet... Mais il n'y a pas mort d'homme en cette affaire.
En même temps, certains affirment qu'il se pratique déjà des gestes d'euthanasie dans nos hôpitaux, c'est-à-dire des meurtres (même s'ils n'ont pas un caractère crapuleux). Personne ne demande combien, où, quand, comment, ni si ces patients y sont consentants. S'agit-il de gestes inappropriés de puissance médicale?
On dit que certains traitements (opiacés, sédation) tuent. Pourtant, ils ne tuent pas quand ils sont utilisés selon les règles d'une médecine appropriée: on les utilise dans les soins intensifs, où on fait tout pour faire vivre! Alors, qui dit vrai? Comment le public peut-il s'y retrouver? Utilise-t-on vraiment ces traitements à des doses inappropriées qui tuent sans le dire les malades en fin de vie? Ça donne froid dans le dos et mine la confiance du public dans nos milieux de soins: c'est grave.
Allégations fondées?
Le plus grave, c'est que le Collège des médecins, responsable de la protection du public, ne fait pas d'enquête pour savoir si ces allégations sont fondées. Il accepte que l'euthanasie, malgré sa totale illégalité, devienne un soin approprié de fin de vie. Il ne réagit pas à ces allégations. Est-ce là une protection attentive du public?
On peut certainement faire confiance au personnel médical dévoué et qui agit dans le meilleur intérêt de ses patients. Mais on ne peut plus le faire si on sait qu'il outrepasse ses droits sans le dire. Dire qu'on pratique l'euthanasie en douce, c'est médire de la pratique de nos médecins et mentir à la population. Des comités des Conseils des médecins et dentistes (CMDP) de chaque hôpital surveillent constamment la qualité de l'acte médical et revoient de façon aléatoire des dossiers pour s'assurer qu'ils sont conformes à la règle de l'art afin de corriger toute déficience.
Primum non nocere: d'abord, ne pas nuire est une règle constante. Et l'administration de nos médicaments se déroule dans un cadre conceptuel serré où la sécurité est omniprésente: pharmaciens, médecins, infirmières surveillent scrupuleusement toute erreur, toute anomalie et rapportent formellement tout événement anormal: mauvaise dose, mauvais médicament, mauvaise voie d'administration, etc.
Il y a donc un exercice urgent de transparence à faire. Il faut informer le public sur la véritable situation des soins et le rassurer quant au fait que personne ne se permettra de lui imposer un médicament qui le tuera. Il faut pouvoir faire confiance à celui qui soigne et il est primordial de protéger cette confiance. Cela n'empêchera personne de mourir, mais la mort surviendra spontanément avec l'aide de la présence des familles et celle de la puissante pharmacologie qui peut la rendre moins pénible. C'est ainsi que je veux mourir. La Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité a-t-elle cette préoccupation de clarifier ce qui se fait?
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Patrick Vinay — Médecin et chef du service des soins palliatifs du CHUM
** L'auteur s'exprime à titre personnel


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