Et tant pis pour les principes!

Comment se plaindre d'un Parlement qui ne fonctionne pas quand on est soi-même à l'origine de la stratégie?

Élections fédérales du 14 octobre 2008


Ce qui faisait l'objet de rumeurs depuis quelques semaines est maintenant devenu réalité: nous sommes en campagne électorale jusqu'à la mi-octobre. Comme citoyen, je me demande bien pourquoi, puisque le premier ministre Harper s'était assuré que les élections au Canada ne seraient plus jamais l'objet de manipulations partisanes, en votant une loi prévoyant des élections à date fixe.

Le premier ministre prétend que le Parlement ne fonctionne plus et que cela justifie la mise au rancart de sa loi! D'une certaine façon, on peut lui donner raison car les députés sont en vacances parlementaires depuis plus de deux mois; comment le Parlement pourrait-il fonctionner?
La seule activité parlementaire de l'été fut celle de deux comités, dont les mandats étaient respectivement d'étudier la question des documents égarés par Maxime Bernier et de faire la lumière sur les pratiques de financement électoral du Parti conservateur dénoncées par Élections Canada.
Les vérifications faites par les journalistes ont révélé que ce sont les députés conservateurs eux-mêmes qui utilisaient toutes les stratégies pour bloquer les travaux de ces comités. Comment se plaindre d'un Parlement qui ne fonctionne pas quand on est soi-même à l'origine de la stratégie?
Comment le premier ministre peut-il mettre aussi aisément de côté les principes qu'il défendait avec coeur au moment de l'étude de sa loi sur les élections à date fixe, maintenant que ses intérêts électoraux sont en jeux?
Si je reviens sur cette question aujourd'hui, c'est que la période électorale nous permet de choisir ceux qui vont diriger le gouvernement et qu'il est donc important de bien évaluer à qui nous avons affaire. Un comportement comme celui de M. Harper est de nature à nous inquiéter car, dans le passé, les exemples de politiciens qui ont renié leurs principes une fois élus ont été trop nombreux.
L'enjeu électoral au Québec se passe principalement entre le Bloc québécois et les conservateurs, ce qui ajoute de la pression sur M. Harper. Le premier ministre ne doit pas soulever le moindre doute auprès des électeurs quant à son intégrité. Pour convaincre les Québécois que leurs intérêts seront mieux défendus par son parti que par le Bloc québécois, M. Harper ne peut se permettre trop de faux pas. Or, malheureusement pour lui, choisir ses intérêts partisans avant la loi sur les élections à date fixe, constitue, selon moi, un faux pas!
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Michel Gauthier
L'auteur est un ancien leader parlementaire du Bloc québécois.


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