Rappelez-vous.
C’était le jeudi 7 février, quelques heures après que le Globe and Mail avait publié son reportage-choc sur ce qui allait devenir l’affaire SNC-Lavalin.
« Les allégations dans l’article du Globe and Mail ce matin sont fausses », a martelé deux fois plutôt qu’une Justin Trudeau, lors d’un point de presse.
« Ni moi ni mon bureau n’avons demandé au procureur général actuel ou antérieur de prendre quelque décision que ce soit dans cet enjeu... »
ET LA DÉMOCRATIE ?
Or, ce n’est pas ce que pense le Commissaire à l’éthique.
Mario Dion juge en effet qu’il y a bel et bien eu violation de la loi sur les conflits d’intérêts et que le premier ministre s’est prévalu de sa position d’autorité sur sa ministre de la Justice pour l’amener à changer d’idée concernant la possibilité de protéger SNC-Lavalin d’un éventuel et (potentiellement) désastreux procès.
Ce n’est pas rien !
On parle ici du PM d’un pays démocratique qui use de son pouvoir pour tenter d’influencer le cours de la justice !
Non seulement ça, mais le Commissaire à l’éthique affirme que le gouvernement Trudeau lui a mis des bâtons dans les roues pour nuire à son enquête !
Entendez-vous les bruits de craquement qui sonnent comme des coups de tonnerre dans le ciel ?
C’est la statue de Saint Justin qui s’effrite.
L’homme qui, hier encore, passait pour le sauveur de la démocratie est redescendu sur Terre.
Trump rêve de mettre les médias à leur place.
Justin, lui, rêve de pouvoir violer en toute impunité le principe de l’indépendance du système judiciaire.
Qui sait ? Ces deux-là ont peut-être plus de points en commun qu’on ne le pense...
LE ROI LION
C’est ce qui arrive lorsqu’on ne cesse de gonfler l’ego d’un leader.
Sa tête finit par éclater.
Rappelez-vous la situation du Parti libéral du Canada, 24 heures avant que Justin ne prononce son fameux éloge funèbre aux funérailles de son père.
C’était un parti en déroute qui se cherchait un chef avec le désespoir d’un aviateur qui s’est écrasé dans le désert.
Ils avaient essayé Stéphane Dion. Puis Michael Ignatieff.
Deux catastrophes coup sur coup.
Le PLC après Jean Chrétien et Paul Martin, c’était les Doors après la mort de Jim Morrison ou INXS après le suicide de Michael Hutchence.
Un super orchestre sans chanteur.
Puis Pierre Elliott Trudeau (le patriarche) est mort, et Justin est apparu dans les nuages.
Une dynastie ! Comme les Kennedy !
C’était trop beau pour être vrai !
Alors tous les libéraux ont fait la génuflexion devant leur nouveau roi comme les animaux de la savane devant Simba.
« C’est l’histoire de la vie / Le cycle éternel / Qu’un enfant béni / Rend immortel... »
ORGUEIL ET ARROGANCE
Et le pire est que le fils a été élu !
Il a eu la peau du méchant Darth Vader !
Non, vraiment, c’était le Messie tant attendu...
Ajoutez à cela un accueil délirant de la presse internationale, toute contente d’avoir trouvé l’antidote à Trump, et vous avez un homme qui se croit tout permis.
Reste à savoir si ce dernier développement va aider les conservateurs.
Les Canadiens peuvent encore préférer un demi-dieu, fût-il déchu, à Scheer...