En Grèce, le nouveau gouvernement prêt à «verser son sang»

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À peine élu, déjà les grands mots

Lors du premier conseil des ministres de son gouvernement, le nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras a rappelé que les électeurs lui avaient confié un mandat pour mener des changements radicaux et rétablir la souveraineté et la dignité de la Grèce, tout en voulant éviter un "affrontement destructeur" avec les créanciers d'Athènes.
Un gouvernement de "salut national", prêt à "verser son sang" pour les Grecs sans toutefois aller à "une rupture désastreuse" avec l'UE : le Premier ministre grec Alexis Tsipras a fixé à son équipe mercredi une ligne de conduite double qui a suscité l'inquiétude des marchés. Toujours sans cravate, comme la majorité des ministres de ce gouvernement issu de la gauche radicale, mais très grave, M. Tsipras a affirmé dans une déclaration liminaire d'une vingtaine de minutes qu'il était à la tête d'un gouvernement "de salut national", prêt à "verser son sang" pour rétablir "la dignité des Grecs".

Cette perte de "dignité" a régulièrement été imputée par Syriza aux contraintes auxquelles la Grèce a dû se plier depuis l'entrée en vigueur des programmes d'aide, en 2010, et dont le nouveau gouvernement prétend s'affranchir, tout comme il exige une renégociation de la dette du pays. "Parmi nos priorités, a réitéré M. Tsipras, figure une nouvelle renégociation avec nos partenaires pour trouver une solution juste, viable et mutuellement utile". Il a assuré vouloir à la fois éviter "une rupture désastreuse réciproque" avec les partenaires de la Grèce et mettre fin à "la politique de soumission" du pays.
Les décisions de Tsipras scrutées par l'Europe

Le gouvernement a commencé tambour battant à mettre en oeuvre les engagements de Syriza : l'arrêt de la privatisation du port du Pirée a ainsi été confirmée mercredi matin par le ministre concerné, ainsi que l'arrêt de celle de la compagnie nationale d'électricité, DEI. Le gouvernement Tsipras a également l'intention de faire passer très vite une loi destinée à améliorer le niveau de vie des Grecs, notamment en relevant le salaire minimum et en mettant fin à l'obligation de mobilité dans les services publics imposée par la troïka des créanciers du pays (UE, BCE, FMI).
Autant de décisions qui devraient faire froncer les sourcils à la troïka, avant même que le gouvernement n'évoque le grand point de confrontation avec l'UE, son exigence de réduction de l'énorme dette grecque. Tout cela arrive de surcroît au moment où l'UE a prévu de verser fin février à la Grèce les 7 derniers milliards prévus par son plan d'aide, mais à la condition expresse que les réformes en cours aient abouti et que la Grèce observe un strict régime budgétaire.

Martin Schulz, le président du Parlement européen, devait être le premier dignitaire étranger à venir rencontrer Alexis Tsipras, jeudi. Mais toute l'attention se porte désormais sur la visite qu'effectuera vendredi Jeroen Dijsselbloem, le prédident de l'Eurogroupe (ministre des Finances de la zone euro). Le gouvernement français a quant à lui exclu toute annulation de dette grecque mais François Hollande a invité le nouveau Premier ministre grec à se rendre à Paris avant le prochain Conseil européen, prévu le 12 février.


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