Élites politiques et médias se sont fait écorcher aux funérailles de Pierre Falardeau

Plus d'un millier de personnes sont venues dire un dernier adieu au cinéaste et militant nationaliste

Pierre Falardeau : 1946-2009

Le cinéaste et polémiste Pierre Falardeau a eu droit, samedi, à des obsèques à son image où plusieurs membres de la famille et amis ont profité de cette tribune pour lui rendre hommage et pour écorcher au passage les médias et les élites politiques.
Plus de mille personnes ont assisté aux funérailles qui se sont déroulées à l'église Saint-Jean-Baptiste, à Montréal. M. Falardeau est décédé le 25 septembre des suites d'un cancer à l'âge 62 ans.
Des membres de la famille du cinéaste ont pris la parole lors de cette cérémonie qui a duré près de deux heures. Rappelant des souvenirs de famille, son frère Jean, sanglots dans la voix, a dit regretter de n'avoir pu tenir le cinéaste dans ses bras avant sa mort. «C'est pas juste, Pierre, la plupart des dictateurs et des salauds meurent centenaires...», a-t-il dit, avant d'ajouter qu'il savait cependant qu'il serait bien «là-haut».
Suivant les traces de son père, Jules a lu un texte de son cru, dans lequel il a notamment vilipendé les médias et dénoncé l'immobilisme des acteurs de la souveraineté. Il a déploré le fait que certains journalistes «à l'éthique douteuse» avaient remis en question la contribution de son père à la cause souverainiste.
S'adressant aux dirigeants du Parti québécois, il les a exhortés à ne plus jamais tourner le dos à leur base militante «la plus acharnée». «Vous étiez censés être notre levier vers l'indépendance, si vous ne le faites pas, vous n'avez aucune raison d'exister. Vous devez regagner la confiance des Québécois», a poursuivi le jeune homme, avant d'être chaudement applaudi par la foule.
À la sortie de l'église, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a fait peu de cas des critiques qui lui étaient adressées. «Son fils a souhaité que l'on reprenne le combat et je suis d'accord qu'il faut le continuer le combat», a-t-elle affirmé.
Le second fils de Pierre Falardeau, Jérémie, a quant à lui lu avec émotion une lettre que son père lui avait écrite quelque temps après sa naissance.
Artistes et personnalités politiques
Le comédien Julien Poulin, son ami de longue date, a également pris la parole et a remercié le polémiste pour «cette histoire partagée». «Falardeau, aujourd'hui, le Québec résonne de ton silence. Salut l'ami, salut l'homme, salut l'artiste», a déclaré, des trémolos dans la voix, l'interprète d'Elvis Gratton.
Luc Picard lui a aussi rendu hommage, rappelant certains de ses aphorismes tels que «on va toujours trop loin pour les gens qui vont nulle part». Il a ajouté qu'il fallait surtout se souvenir du «chef-d'oeuvre» de Falardeau, le film 15 février 1839, qui est «peut-être le plus beau film du répertoire québécois».
Avant les obsèques, l'ancien premier ministre Jacques Parizeau a affirmé que, malgré leurs différences, Pierre Falardeau et lui avaient «beaucoup d'estime l'un pour l'autre» et qu'il était un homme de grand talent et qu'il représentait «un grand symbole québécois». «Cet homme-là était attaché au Québec comme peu d'entre nous vont l'être», a-t-il souligné.
Un autre ancien premier ministre, Bernard Landry, estime quant à lui qu'il y aura d'autres hommes comme Pierre Falardeau qui rendront service à leur patrie comme ce dernier l'a fait. «C'est un homme immensément talentueux qui a utilisé ses immenses talents au service de la patrie», a-t-il ajouté.
Finalement, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a répété qu'il n'était pas toujours d'accord avec tout ce que ce «genre de Michael Moore» disait, mais qu'au moins, il disait quelque chose.
En plus des politiciens, plusieurs personnalités ont assisté à la cérémonie, dont Pierre Karl Péladeau, Sylvie Drapeau, Éric Lapointe et Paul Piché.
Le cercueil du cinéaste était enveloppé d'un fleurdelisé. Lors de sa procession, plusieurs personnes ont levé le poing et ont fredonné les paroles d'une chanson de Richard Desjardins, Le coeur est un oiseau, que le cinéaste avait utilisée dans son film Le Party.
À l'extérieur de l'église, des militants réunis scandaient des slogans, notamment Vive le Québec libre et Mon pays le Québec. Ils ont également entonné la chanson Gens du pays, de Gilles Vigneault.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->