Semaine 2

Élection québécoise 2012 (11)

Tribune libre

Revue de la semaine (Suite)
Pauline Marois, par contre, bénéficie du traitement royal. Monsieur Charest regrette probablement son manque de reconnaissance. On montre donc la chef péquiste s'adressant à des partisans depuis le balcon du Château Dufresne à Montréal, dans une pose rappelant celle d'un certain général français:
«Et notre rêve, c'est de nous donner un Québec libre, indépendant» (D-15-08-12, p., A-5)
Alors, le temps des casseroles semble bien révolu. Mais, Lisette Lapointe est loin d'être convaincue. C'est de l'imposture. Le seul vrai parti indépendantiste dans cette campagne est ON. En conséquence, elle appuiera Jean-Martin Aussant (D-15-08-12, p., A-6). Le candidat, lui, est désormais devant les tribunaux dans le but de forcer les grands réseaux à lui faire une place à la table des débats, lesquels doivent débuter à peine quelques jours plus tard (D-15-08-12, p., A-5). En 1994, Mario Dumont avait été débouté dans une affaire comparable. En principe, donc, M. Aussant a devant lui une longue côte à remonter.
Et, il semble bien que M. Charest se retrouve dans une situation comparable face au tribunal de l'opinion publique. Un sondage CROP/Le Soleil place le PLQ deuxième , à 27 %, derrière le PQ qui, lui, récolte 34 % des intentions de vote. Suivent, la CAQ, à 25 %, QS, à 7 %, les Verts, à 3 % et ON à 2 %. Depuis la dernière enquête CROP, le PQ a gagné 2 % et le PLQ en a perdu 2 %. Mais, la CAQ est en plein sprint avec un gain de 4 %. Rien n'est décidé, cependant. Près de 44 % des répondants affirment être susceptibles de changer d'idée (S-16-08-12, p., 6). Les débats auront-ils un effet déterminant? Aucun des candidats ne semble partir avec un avantage indiscutable sur les autres.
Mais, François Legault ne paraît pas intimidé par son statut de recrue. Il annule brusquement un rendez-vous prévu depuis juin avec le président de la FTQ, Michel Arsenault (D-16-08-12, p., A-4). Le chef caquiste ne veut pas «faire le ménage» sous surveillance syndicale.
Les questions ouvrières n'ont pas la cote. Tout le monde n'en a que pour l'affaire Astral. Le dossier, lui, a désormais cheminé jusqu'à Ottawa, où le CRTC se penche sur le litige. Au PQ, on est toujours déterminé à faire ce qu'il faudra pour bloquer la transaction. En fait, le parti rêve de répéter le coup Videotron, alors que la Caisse était intervenue afin d'empêcher Rogers de mettre la main sur le fleuron québécois de la câblodistribution. À la CAQ, on est à toutes fins pratiques en accord avec le PQ sur la nécessité de protéger le patrimoine entrepreneurial de la province. Chez les libéraux, on se montre passablement moins catégorique. Le gouvernement ne s'oppose pas nécessairement à la transaction, mais il exigerait des garanties de la part de l'acquéreur quant à la protection des emplois localisés au Québec (D-16-08-12, p., A-3). La leçon d'Aveos n'aura donc pas porté. Si tu me trompes une fois, honte à toi. Si tu me trompes deux fois, honte à moi...
L'identitaire économique fait recette au cours de la campagne. Mais, avec les dossiers RONA et Astral, il pouvait difficilement en être autrement. En fait, il aurait probablement été coûteux électoralement à quiconque aurait ignoré la question. Réflexion faite, cependant, l'identitaire est un sujet délicat. Et, il n'est pas toujours électoralement rentable de s'y frotter, comme le montre l'affaire Benhabib. À Saguenay, le maire Tremblay (Jean) ne compte certainement pas parmi les fans de la candidate péquiste. Mme Benhabib incarne peut-être la volonté du Plateau, mais elle n'incarne pas celle de M. Tremblay:
«Ce qui me choque ce matin, c'est de voir que nous, les mous, les Canadiens français, on va se faire dicter comment se comporter, comment respecter notre culture par une personne qui arrive d'Algérie, et on est même pas capable de prononcer son nom.» (S-16-08-12, p., 5)
À Trois-Rivières, le maire Yves Lévesque ne semble pas avoir envie d'être étiqueté «mou». Comme plusieurs dans sa ville, il déplore que l'on ait «parachuté quelqu'un de l'extérieur» dans son comté, alors «qu'il y avait des candidats de la région» (D-16-08-12, p., A-1). En fait, le malaise soulevé par la sortie de Mme Benhabib amène même François Legault à ranger son col rouge. Il estime en effet que le maire Tremblay a «dérapé».
Dans la Métropole, l'autre maire Tremblay (Gérald) se demande ce qu'il devra faire pour que quelqu'un s'occupe de lui. ( Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas. Il préférerait certainement un peu plus d'anonymat ces jours-ci). Et, il en était probablement à déplorer le fait que Mme Benhabib ne se soit pas présentée à Montréal lorsque la chef péquiste lui donne enfin signe de vie. Et, elle n'arrive pas les mains vides. Ses promesses incluent 300 km de voies réservées additionnelles, une ligne de métro allongée jusqu'à Anjou, ainsi qu'un lien ferroviaire qui atteindra Mascouche (D-16-08-12, p., A-4). Le maire Tremblay n'a probablement pas le panache de son collègue de Québec, mais sa ville pèse beaucoup plus lourd dans la balance électorale. Alors, personne ne peut l'ignorer. Jean Charest déballera donc 500 millions $ sur la table du maire mal aimé de Montréal. Selon maints observateurs, cependant, les promesses du premier ministre visaient des projets déjà annoncés, voire déjà fortement entamés D-17-08-12, p., A-5). Malheureusement, au fil des ans, il y a augmentation notable du nombre de ceux qui s'inquiètent de ces annonces d'infrastructures nouvelles au détriment de la réfection des infrastructures existantes (D-17-08-12, p., A-3). Il faut bien admettre, cependant, qu'il est beaucoup plus prestigieux de couper le ruban d'inauguration d'une nouvelle route que d'annoncer la réfection d'un pont inauguré par un autre plus de cinquante ans auparavant.
C'est un fait, le jeu électoral dicte bien souvent des priorités aux allures plus glorieuses que le retapage d'une vieille école ou le remplissage des nids-de-poule. La réalité des campagnes électorales installe généralement les statistiques de sondage au sommet des priorités des partis en cause. Alors, on dit au peuple ce qu'il veut bien entendre...ou ce que l'on pense qu'il veut entendre. Et, après un peu moins de deux semaines de campagne, le peuple semblait bien aimer ce que lui racontait la CAQ. Non seulement le parti avait-il gagné plus de 4 % depuis le dernier sondage, mais encore voyait-il son chef devenir le favori de l'électorat au poste de premier ministre avec 25 %, contre 23 % chacun pour Pauline Marois et Jean Charest (S-16-08-12, p., 7). Mieux encore, un sondage Léger Marketing voulait que M. Legault ait de loin mené la meilleure campagne jusque-là, avec 27 %. Ses deux principaux adversaires traînaient loin derrière à 17 % pour M. Charest et 16 % pour Mme Marois. Mieux que mieux, 68 % de l'électorat voulait un changement de gouvernement. Mais, les astres n'étaient pas nécessairement tous derrière M. Legault. Dans une proportion de 37 %, le public estimait que ce gouvernement serait péquiste. Évidemment, cela ouvrait la porte à la tenue d'un référendum dans un avenir prévisible. Mais, comme 72 % de l'électorat prévoyait que le PQ serait minoritaire, cette probabilité n'avait rien d'une fatalité (J-17-08-12, p., 2). Toujours au chapitre des statistiques moins sympathiques à la CAQ, on notait l'enthousiasme plutôt modéré de l'électorat féminin pour le parti de M. Legault. Seulement 16 % des femmes prévoyaient en effet voter pour la CAQ, contre 21 % pour le PLQ et 32 % pour le PQ (S-17-08-12, p., 2). D'ailleurs, c'est à la CAQ que l'on retrouvait le moins de candidates, avec 24 %. Alors, le compteur de M. Legault était-il biaisé en faveur des hommes? Non, absolument pas. Ce qu'il fallait comprendre, c'est que le parti avait placé «la compétence» au sommet de ses critères de sélection dans le tri des 1 200 offres de candidature qu'on lui avait soumises (D-17-08-12, p., A-1). Le chef caquiste flirtait dangereusement avec Yvette...
En fait, la CAQ semble portée par un courant en apparence irrésistible. Alors, M. Legault n'est pas d'humeur aux compromis. Pas question, donc, de coopérer avec un quelconque gouvernement minoritaire, fût-il péquiste ou libéral:
«Actuellement, il y a un parti qui a les mains sales, c'est le Parti libéral, il n'est pas question de s'associer avec ce parti-là. Et il y a un parti qui a les mains attachées aux syndicats, que je connais très bien, qui est le Parti québécois.» (D-17-08-12, p., A-1)
Faut-il alors s'attendre à des élections à court terme? Avec un gouvernement minoritaire, «...on serait en élection plus tôt que plus tard», répondra M. Legault, comme si son parti pouvait affronter deux élections coup sur coup sans entamer ses finances. Mais, cela n'arrivera pas, parce que la CAQ formera un gouvernement majoritaire (D-17-08-12, p., A-1). Que de confiance les sondages peuvent-ils inspirer à certains. Et, si la CAQ devait s'installer au pouvoir, ce ne serait pas pour regarder sécher la peinture:
«Ça fait 40 ans que ça tourne en rond au Québec et qu'on est dans l'immobilisme. On a une chance d'avoir du changement. C'est certain qu'il va venter fort. Toutes les forces du statu quo, comme les groupes de pression, les commissions scolaires, ils vont tout faire pour essayer de protéger leurs acquis.» (S-17-08-12, p., 2)
Mais, Jean Charest en a vu d'autres et il en faudra plus pour l'impressionner:
«Si j'ai bien compris, son programme à lui, ce sont deux choses: des chicanes et des élections à répétition. Je ne trouve pas cela très responsable.» (D-17-08-12, p., A-1)
Le premier ministre ne donne pas l'impression de craindre les vents forts. D'ailleurs, il semble venter passablement fort sur la campagne libérale. Des rumeurs veulent que le vote anglophone ne soit plus nécessairement ancré aussi solidement du côté libéral que par le passé (D-17-08-12, p., A-5). En outre, deux candidats libéraux se rangent du côté du maire Tremblay dans l'affaire Benhabib. Eux non plus ne veulent pas être étiquetés «mous». Finalement, les étudiants persistent à faire preuve d'une docilité exemplaire. Les deux derniers cégeps en grève, le Vieux-Montréal et Saint-Laurent, viennent de voter le retour en classe. Pis encore, à la FEUQ comme à la FECQ on commence à regretter d'avoir été trop «dur» avec la ministre Lyne Beauchamp lors des négociations du printemps passé. Heureusement, Gabriel Nadeau-Dubois, lui, n'est pas encore prêt à la réconciliation. S'il a démissionné de son poste, donc, c'était pour ne pas servir «d'épouvantail» au PLQ (D-17-08-12, p., A-3). Et nous qui croyions que c'était en raison des attaques personnelles dont il avait fait l'objet durant les négociations et afin de faire de la place à la relève (D-09-08-12, p., A-1; D-09-08-12, p., A-7) Petit politicien, va.
Au Devoir, Jean-Robert Sansfaçon éprouve des sentiments partagés face à ce tohu-bohu politicien de sagesse douteuse. On s'entête à multiplier les promesses coûteuses en dépit de la précarité de la situation financière de la province. D'abord, le PQ promet d'annuler la taxe santé sans même abolir le crédit à la solidarité qui avait été mis en place pour en atténuer les effets régressifs. À la CAQ, on prend des engagements milliardaires que l'on promet de financer avec des économies issues d'un vague ménage dans la gestion des affaires de l'État, de coupures de postes dans la fonction publique et d'un allégement éventuel des structures de l'appareil administratif. Or, comme l'enseigne l'histoire, tout le monde sait fort bien que ce genre d'économies est dangereusement illusoire (D-17-08-12, p., A-8). À l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux, on entrevoit un trou santé de 1,2 milliard $ d'ici 2014-2015 (D-17-08-12, p., A-5).
Heureusement, certaines promesses coûtent moins cher que d'autres. De passage à Québec, la chef péquiste Pauline Marois s'engage à promouvoir la formation d'équipes de hockey composées exclusivement de Québécois dans le but de les envoyer représenter le Québec dans le cadre de championnats mondiaux. Aussitôt, les hommes de hockey se chargent de rappeler à Mme Marois que ce genre d'équipes existe déjà et que celles-ci ne peuvent dépasser les niveaux bantam et midget, la réglementation canadienne et internationale interdisant la participation de telles équipes à des evénements de niveau supérieur. Le fédéral n'a peut-être pas sa place dans les chambres à coucher de la Nation, mais il semble bien qu'il soit solidement installé dans les arénas de la province. Quoiqu'il en soit, on ne s'approche pas du maire Labeaume sans sortir son portefeuille. Et, il faudra vraisemblablement ranger du côté des promesses dispendieuses l'appui de Mme Marois au projet de tramway du maire de Québec (S-17-08-12, p., 3).
La chef péquiste refusera cependant d'ouvrir la «boîte de Pandore» du droit au lockout que lui demandait M. Labeaume. Le maire de Québec n'aura pas plus de chance du côté de M. charest qui, sans refuser expressément, laissera le vorace magistrat sur son appétit. François Legault, lui, trouvera refuge dans la fuite. (D-18-08-12, p., A-9). Il semble bien, donc, que M. Labeaume devra attendre la prochaine élection pour obtenir son lockout.
À bien y penser, cependant, on peut se demander si le maire de Québec aurait vraiment avantage à ce que M. Legault s'occupe plus avant de son cas. À Montréal, on observe vraisemblablement le chef caquiste avec des sentiments partagés. Ce dernier est en effet d'avis que les structures municipales de la métropole sont surpeuplées d'élus et il entend bien réduire leur nombre en proportion de ce qui existe à cet égard à Toronto. Mais, M. Legault n'est pas insensible au poids électoral de Montréal. Il y a quelques carottes au bout du bâton. Alors, la métropole aura droit à un réseau élargi de trains de banlieu. Et, l'établissement de voies réservées aurait préséance sur l'allongemmennt des lignes de métro. Plus enclins à assimiler les leçons de l'histoire, le PQ et le PLQ, eux, ne toucheraient pas aux structures minicipales de la ville à moins que les élus locaux ne le leur demandent expressément (D-18-08-12, p., B-2). Comme le disait si bien M. Legault, un gouvernement caquiste pourrait être accompagné de forts vents...
Sans trop l'avoir demandé, Trois-Rivières partageait désormais la scène nationale avec Québec et Montréal. Et, la ville devait apparemment sa notoriété nouvelle à la candidate péquiste du comté, laquelle le reconnauissait d'ailleurs...humblement:
«Les gens sont même reconnaissants que je me sois présentée à Trois-Rivières parce que ça donne une certaine visibilité à la ville.» (D18-08-12, p., A-8)
C'est Maurice qui serait content d'entendre cela...À tout événement, la célébrité de la ville dépasse désormais les frontières de la province. Au Canada anglais, donc, on ne veut plus cautionner par le silence la répugnante étroitesse d'esprit des Québécois. Alors, on y mange du Québec haché fin: «Mme Marois n'a aucun problème avec la religion en soi, seulement avec celles qui viennent avec un accent et une peau bronzée.», analysera Jonathan Kay, au National Post, qui badigeonne généralement ses Québécois au beurre de sarcasme avant de les rôtir. Véritable gourmet, sa collègue Tasha Kheiriddin observera que «la xénophobie se porte bien au Québec.»
Du côté de l'Agence QMI, o fait appel au sens olfactif du lecteur:
«...s'il y a toujours eu un élément raciste au projet de Lévesque de diviser le Canada et de préserver la domination francophone, il n'avait pas cette mauvaise odeur qui entoure le sécularisme outrancier de Marois.»
Au Toronto Star, le temps n'est plus à la modération. Vient un moment où les gens bien doivent appeler les choses par leur nom:
«Odieux, c'est la seule façon de décrire la tactique du Parti Québécois pour protéger son avance.» (D-18-08-12, p., B-4)
Le Canada anglais ne voit pas la poutre qui obstrue son oeil. Au moment même où, là-bas, on accusait le Québec de racisme, la Banque du Canada retirait de la circulation les nouveaux billets de 100 $ au motif que ceux-ci affichaient à leur endos l'image d'une scientifique aux allures par trop asiatique. Et, comble de la déchéance morale- en fait, la déchéance tout court- (vient un temps où il faut utiliser les mots pour le dire), ces Rhodésiens à la petite semaine pousse la scélératesse jusqu'à d'imputer au Québec leur racisme congénital:
«Les groupes de Toronto on plutôt bien accueilli l'image de la femme asiatique puisqu'elle représentait "la diversité et le multiculturalisme". Au Québec, en revanche, "l'inclusion d'une Asiatique sans représenter d'autres ethnies" posait problème.» (D-18-08-12, p., C-5)
...Comme si l'ajout d'autres ethnies ne faisait pas plus multiculturel que la simple présence d'une Asiatique. Et, l'on veut nous faire croire que la Banque du Canada aurait retiré de la circulation une série de billets de banque sur la seule objection d'un "focus group" montréalais. L'étude avait été effectuée par Strategic Counsel en octobre 2009 à Calgary, Toronto, Montréal et Fredericton. Imaginez, la Banque du Canada aurait retiré les billets sur la seule objection du Québec, contre l'avis beaucoup plus généreux du Canada anglais. Là-bas, on ne connaît pas la honte. Et, au Québec, on ne connaît malheureusement pas l'estime de soi. Alors, oui, le racisme se porte bien au Canada anglais.
Quoiqu'il en soit, l'indignation du Canada anglais n'était vraisemblablement pas à son comble, cependant. L'eut-il été qu'on aurait certainement reproché au Québec sa dépendance à la péréquation. Il est d'ailleurs étonnant que la présentation du cadre financier des trois partis dominant n'ait pas déclenché une autre ronde d'indignation au Canada anglais. Mais, ne craignons rien, il ne s'agit certainement que de partie remise.
Il faut bien admettre cependant que les plans financiers déposés au cours de la campagne n'étaient pas d'une étanchéité irréprochable. Mais, on verra au moment du budget. Il y a en effet un temps pour chaque chose. Alors, en campagne, on promet. Lors du budget, on finance, à crédit au autrement.
Un gouvernement caquiste, donc, verrait à équilibrer le budget dès le premier exercice de son arrivée au pouvoir. Après cinq ans, la province serait même en situation de surplus, quoique de façon bien mince. Grâce aux redevances sur les ressources, la dette serait réduite de 13, 207 milliards $. Et, la CAQ ne reniera aucune de ses promesses. Le «ménage» dégagera en effet une marge de manoeuvre suffisante grande pour permettre à un gouvernement caquiste de respecter chacun des engagements pris en campagne (D-18-08-12, p., A-7).
Au PLQ, on mise sur la rigueur budgétaire. Les finances de l'État seront ramenées à l'équilibre dès 2013-2014. Et, d'où viendra l'argent? De la compression des dépenses dans l'appareil administratif, sans préjudice à la qualité des services offerts à la population. L'heure n'est pas aux extravagances, expliquera M. Charest, car le contexte n'est pas rassurant:
«L'Europe est en crise, elle va connaître des records de chômage, l'économie américaine ne décolle pas; les économies émergentes sont au ralenti. La menace est réelle, elle n'est pas inventée, elle n'est pas exagérée.» (D-18-08-12, p., A-7)
Heureusement, il y a un parti qui est capable de guider le Québec dans cette jungle économique et c'est le PLQ, comme en 2008. Étrangement, seuls les libéraux ne s'en remettent pas au Plan Nord pour promettre la remise à l'équilibre des finances publiques...Il savent probablement ce qu'il vaut....
Mme Marois, elle, préférera entreprendre l'étape des débats sans dévoiler son cadre budgétaire. Mais, pressée de questions, elle esquissera les grandes lignes de ce que le Québec pouvait attendre d'un éventuel gouvernement péquiste. Grosso modo, donc, les promesses du PQ totaliseront environ un milliard $ après cinq ans et elles seront financées à même les redevances sur les ressources naturelles et les bienfaits de la croissance. De toute évidence, le scénario économique tristounet évoqué par le premier ministre n'a pas impressionné la chef péquiste. Quoiqu'il en soit, Mme marois présentera évidemment un cadre financier elle aussi, mais elle ne le fera que lorsque tous «ses engarements seront pris» (D-18-08-12, p., A-7).
Mme Marois pouvait donc se diriger vers les studios de télévision sans craindre d'y être inquiétée au sujet de son cadre financier. Évidemment, on allait sans aucun doute lui reprocher de ne pas avoir eu le courage de le présenter en même temps que les autres. Mais, risque pour risque, il était probablement préférable pour elle de se réfugier dans l'abstention. Au plan démocratique, cependant, la démarche de Mme Marois aurait pu être plus ...transparente. À tout événement, elle arriverait à la table des débats forte d'une expérience de trente ans. Et, elle n'en était pas à son premier débat non plus. François Legault, lui, s'était grandement compromis. D'abord, il n'avait pas lésiné sur les promesses. Ensuite, ses sources de financement ouvraient la porte à la question qui tue:«Pourriez-vous, M. Legault être plus spécifique concernant le ménage dont vous nous parlez depuis deux semaines déjà?» Personne n'aime apprendre à la télévision qu'il va perdre son emploi dans la fonction publique. Mais, Le chef caquiste pouvait quand même rouler vers les studios avec la satisfaction d'avoir conquis l'électorat col rouge. Le candidat Claude Roy venait en effet d'abandonner la lutte dans Vanier-Les Rivières en banlieu de Québec. Apparemment, ses «appuis col rouge» s'étaient enfui dans le paysage (D-18-08-12, p., A9). Les observateurs s'entendaient finalement pour affirmer que le chef caquiste serait le candidat le plus scruté lors des débats. Comme il en était à sa première expérience à ce genre d'exercice, il allait, disait-on, faire l'objet d'une attention particulière de la part des commentateurs.
Jean Charest, de son côté, partait vers les studios avec la réputation de champion en titre. Apparemment, son équipe s'appliquait à diminuer les attentes. Alors, il ne fallait pas espérer de KO (D-18-08-12, p., A-1). Le chef libéral pouvait en outre passer aux débats dans une certaine sérénité. Marc Bellemare avait en effet renoncé à poser sa candidature dans Sherbrooke. Réflexion faite, son vieil oppresseur était désormais à toutes fins pratiques battu. Alors, on ne frappe pas un homme à genoux, d'autant plus qu'il pourrait bien se relever. Autre consolation pour M. Charest, le petit froid qui opposait le PQ et QS s'était refroidi de quelques degrés suite à une déclaration de M. Khadir voulant que l'indépendance n'était pas une fin en soi. Pour QS, donc, c'était l'indépendance si nécessaire, mais pas nécessairement l'indépendance. Mme Marois profitera donc de l'occasion pour trancher en faveur de Gilles Duceppe dans le différend qui l'opposait à M. Khadir (D-18-08-12, p., A9). Du côté des étudiants, cependant, l'absence de coopération frisait désormais la mauvaise foi. Partout, on rentrait en classe dans le calme plat.
Jean-Martin Aussant, lui, s'était battu en vain pour une place à la table des débats avec les partis reconnus. Il avait donc subi le même sort que Mario Dumont en 1994. Pour le tribunal, les débats ne constituaient pas du temps d'antenne gratuit au sens de a Loi électorale. Et, les réseaux sont libres d'inviter qui ils veulent à ces événements, ajoutera-t-on. Probablement dans l'esprit de la Loi sur la clarté, la société Radio-Canada demandera au tribunal d'imputer au demandeur les frais administratifs qu'elle avait encourus en raison des procédures qui l'avaient obligée à refaire le travail qui avait été fait dans l'affaire Dumont quelques années auparavant (D-18-08-12, p., A-9).
À tout événement, la seconde semaine de campagne prenait fin avec le PLQ apparemment dans les câbles, la CAQ sur un nuage et le PQ en route...vers une majorité. Un sondage Léger Marketing attribuait en effet 65 sièges aux péquistes s'ils arrivaient à maintenir le rythme (J-18-08-12, p., 4). Mais, Jean Charest n'avait pas dit son dernier mot:
«Après les débats, ça va aller vite, et on va faire un deux semaines de campagne qui va être fort« (J-16-08-12, p., 6)


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2 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    6 octobre 2012

    Oui, M.G.,
    Quand les millionnaires geignards, petits entrepreneurs, auront fui en Ontario, pour exploiter d'autres gagne-petit, ils réaliseront que la mafia leur prend là-bas encore pire pizzo.
    La purge aura été faite au Québec et ils seront jaloux du Québec vert que nous serons devenus... Leur chantage ayant échoué, ils rentreront, la queue entre les pattes.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2012

    Le résultat de l'élection ne laisse pas le choix, le parti québécois n'a pas le temps de s'emparer d'une place forte par un long siège. Il faut un assaut frontal et rapide.