Écoles accommodantes

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Le suicide assisté du Québec

Lundi, dans le Journal, on présentait un dossier sur les accommodements religieux à la Commission scolaire des Patriotes, sur la Rive-Sud de Montréal, qui sont plus élevés que jamais. Nous y apprenions que certains parents demandent divers accommodements aux écoles. Par exemple, le port du hijab dans les cours d’éducation physique, des congés supplémentaires pour des enseignantes de confessions juives, une éducatrice Témoin de Jéhovah refusant d’animer des activités liées aux fêtes ou des « Born again Christians » refusant que leurs enfants fêtent l’Halloween. Ces cas ne me surprennent pas, j’en ai parlé abondamment dans mon livre Québec cherche Québécois (Stanké, 2013). Je sens que j’en parlerai encore.
N’en déplaise à certains, il n’est plus rare de voir des fillettes du primaire portant le hijab, bien avant leur puberté, ou de constater que des employés se font accorder des congés religieux supplémentaires, rémunérés par bon nombre de commissions scolaires. Les accommodements en région montréalaise sont réalités quotidiennes et on renvoie souvent la gestion des cas aux écoles plutôt que de réagir collectivement. En mars, l’Association québécoise du personnel de direction des écoles (AQPDE) faisait une sortie médiatique, au coeur de la campagne électorale, demandant des balises régissant les accommodements pour nos écoles. Ils y disaient craindre que le projet de Charte de la laïcité devienne un autre rapport Bouchard-Taylor, tabletté par manque de volonté politique à bien délimiter la laïcité de notre société. On constate aujourd’hui que leurs craintes étaient fondées.
Au-delà de la partisanerie, l’État doit instaurer des normes claires afin de gérer les demandes religieuses. N’oublions pas que les établissements scolaires constituent la porte d’entrée d’une génération dans la société, et qu’il est anormal que les enseignants et les directions d’école y traitent les cas d’accommodements à la pièce. L’école est un creuset social où se créer le vivre ensemble, au-delà de la simple coexistence et de la tolérance envers l’autre, souvent vécue comme de l’indifférence mutuelle. Les jeunes doivent tous y être sur le même pied d’égalité, peu importe leurs croyances. Actuellement, les religions priment-elles sur nos calendriers, nos règlements et nos codes de vie ? Il serait faux de dire que ce n’est pas le cas.
J’entendais parler cette semaine de jeunes garçons, jouant au soccer et pratiquant le ramadan, à Montréal. Certains parents demandaient des accommodements à leur entraîneur. Entraînements allégés, ou ayant lieu plus tard en soirée, puisque les jeunes ne peuvent pas donner leur 100 %. Les entraîneurs s’inquiètent. S’ils n’acceptent pas ou posent un geste, risquent-ils des poursuites pour discrimination ? Antoine Kombouaré, entraîneur professionnel de soccer en France, interdit à ceux qui font le ramadan de jouer les jours de match « Je ne vais pas jouer avec la santé des joueurs ni mettre les autres joueurs en difficulté. Quand on ne s’alimente pas toute la journée, ça devient compliqué », disait-il. Ici, certains parents ne le voient pas comme ça. On se plaint, avec raison, des parents laissant leurs enfants seuls dans des voitures à la chaleur ou dans la rue, la nuit, pendant qu’ils picolent au bar du coin, mais on ne s’indigne pas de ceux qui mettent volontairement la santé de leurs jeunes en danger, à jouer en pleine canicule, sans manger ni boire. Verrait-on au Québec des entraîneurs s’inspirer de Kombouaré ? J’en doute fort. En sport, comme en politique, quand la peur motive nos décisions, c’est signe qu’on a perdu.
Une fois de plus, ce sont des cas anecdotiques d’accommodements qui affectent la population immigrante. La majorité de celle-ci est ouverte et veut s’intégrer, mais devient rapidement victime collatérale des demandes de quelques inconscients. Et pendant ce temps, sommes-nous plus avancés depuis l’élection des Libéraux en ce qui concerne les accommodements raisonnables ? La Charte est disparue des débats, mais comme nous le prouve le nombre record de demandes d’accommodements à la Commission scolaire des Patriotes, la problématique ne disparaîtra pas comme par enchantement.


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