Le message du pont Champlain

Du zigonnage politique pour les 10 ans à venir

C’est toujours la même méthode fédéraliste, et toujours la même vieille poutine indépendantiste, qui a pour effet, elle, de conforter l’institution fédérale dans le R.O.C.

Tribune libre 2011


Le cantonnement du vote québécois, tel que décrit et décrié par les fédéralistes, est révélateur d’une méthode suffisamment complexe et subtile pour que la parade indépendantiste ne consiste pas à simplement dire que tout un électorat se fait voler ses impôts. L’aliénation maintenue par les propagandistes du Canada-Uni ne consiste pas tant à voler des impôts qu’à simplement maintenir cette aliénation.
Que viendrait faire dans le paysage une autre dénonciation de cet autre « vol » dont Nous serions victimes, si tout l’électorat est d’accord avec la construction d’un nouveau pont sans même en connaître les coûts ? J’ose écrire ici les coûts d’un « pont » comme hier ceux d’un « amphithéâtre »… C’est toujours la même méthode fédéraliste, et toujours la même vieille poutine indépendantiste, qui a pour effet, elle, de conforter l’institution fédérale dans le R.O.C. En s’opposant et en s’indignant à propos de « notre » argent et de « notre » pont, les indépendantistes confirmeraient leur éternelle position de jamais-contents et de mauvais coucheurs. Et rien n’est plus prévisible aux fédéralistes, déjà en position de force, que cette posture indépendantiste déconnectée des aspirations de l’électorat. Et l’électorat veut un pont comme l’électorat veut un amphithéâtre.
Concernant le pont, il a suffi au fédéral qu’il annonce simplement son intention—strictement rien de plus—pour que toute une classe politique et surtout les médias s’énervent comme si c’était demain matin le début des travaux. On Nous annonce en réalité du zigonnage politique pour les 10 ans à venir, comme 20 ans de zigonnage politique pour rembourser Québec quant à l’Harmonisation des taxes de vente, et pendant que tous les usagers devraient se frayer un chemin au travers de milliers de cônes mille fois payés, les indépendantistes seraient les premiers sur la ligne, sinon les seuls, à s’indigner du vol de leurs impôts.
Selon cette logique, il suffira donc demain au fédéral qu’il coupe adroitement quelque part, très légèrement—quelque chose d’aussi symbolique et éloigné de l’intérêt des électeurs du Québec que la photo de la reine par exemple— qu’il coupe finement la prochaine fois dans un programme ayant les allures « d’acquis social », pour permettre cette fois à la gauche N.P.D. de partir en peur, comme maintenant les chambres de commerce avec l’annonce d’un nouveau pont. Il suffira donc aux conservateurs d’Harper de procéder avec des annonces adroites pour lui permettre d’engranger dans le R.O.C. tout le crédit nécessaire—et d’autant plus facilement que tout le Québec, les indépendantistes en première ligne, s’indigneront— afin que jamais les libéraux ne reviennent les concurrencer dans leur ambition de devenir le nouveau grand parti de gouvernement canadien.
Car les conservateurs ne cherchent pas à voler qui que ce soit, ils cherchent à dominer. Pour cela, ils servent dévotement l’institution fédérale et ils s’en servent, ce que les indépendantistes d’ici ont toujours refusé de faire à Québec, avant que certains commencent enfin à parler de gouvernance souverainiste. Mais ça, c’est une autre histoire…


Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    10 octobre 2011

    @ Pierre Cloutier
    Ce qui fait dur en ta, Pierre Cloutier, ce sont tous les rouges-tous-tous déguisés en tapis de perrons de portes sur lesquels ils ont eux-mêmes inscrit Welcome.
    C’est notre gouvernement à genoux, châââriste, chââârogne, le plus vichyste que Nous n’ayons jamais eu, c’est ce gouvernement issu de ce que Nous avons de plus réactionnaire en Nous, cette petite frange parmi Nous, allié indéfectible du West Island, de père en fils, collabos et fils de collabos, c’est ce gouvernement qui insinue qu’il Nous représente qui fait dur en tabarnak.
    Et lâchez nous donc la grappe, comme vous dites, avec votre P.Q.-Marois. Ce n’est pas de là que provient la puanteur.
    Un peu de nez s.v.p. !

  • Pierre Cloutier Répondre

    10 octobre 2011

    Le temps de cette annonce a été payée par le chantre officiel de Pauline Marois et de sa gouvernance provinciale déguisée en "gouvernance souverainiste",pour pourfendre les rêveurs, les troubles-fêtes, les traîtres,les "caribous" que sont les méchants indépendantistes qui ne sont ni "lucides" ni "réalistes" en voulant qu'on mette une proposition d'indépendance sur la table lors de la prochaine élection.
    La gouvernance souverainiste, voilà la Voie, la Vérité et la Vie.
    Pierre Cloutier