Du P'tit Québec au riopelle de l'Isle

Le Québec produit près de 350 fromages, dont 200 d'entre eux sont artisanaux.

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Au hasard d'internet


Vous souvenez-vous des fromages québécois il y a 25 ans? À part le P'tit Québec, le Cheez-Whiz et le Oka, c'était maigre.


Aujourd'hui, le Québec peut se vanter d'avoir le plus beau plateau de fromages en Amérique du Nord. Près de 350 fromages, dont plus de 200 fromages artisanaux: bios ou réguliers, lait cru ou pasteurisés. Ils mettent en valeur les terroirs du Québec. Leurs noms évoquent le pays et la culture: 14 arpents, Rassembleu, Fêtard classique, Pied-De-Vent, La Dame du Lac, Migneron de Charlevoix, Champayeur, riopelle de l'Isle.
Comment se fait-il que le carcan du système agricole québécois, qui étouffe les innovateurs selon le chroniqueur de La Presse Yves Boisvert (chroniques des 18 et 20 février), n'ait pas réussi à tuer cette folie créatrice? Comment expliquer la croissance de plus de 600% de la production de lait biologique au Québec depuis 1999 si «le système» met les bâtons dans les roues aux «petits, ceux qui démarrent dans le lait bio, par exemple»?
Le parti pris du goût et de l'artisanat, la Fédération des producteurs de lait l'a depuis longtemps. Dès le début des années 90, nous avons réservé du lait pour la demande des petites fabriques artisanales, selon leurs besoins (race de vaches spécifiques, nourries au foin sec, lait bio, etc.). Depuis 2002, leur nombre a crû de près de 60%. Actuellement, il y en a 53, enracinées dans tous les «pays» québécois.(…)
Cette sécurité permet l'audace!
De ces 53 artisans, il y en a 18, doublement audacieux et courageux. Ce sont des producteurs laitiers, qui, en plus de tirer leurs vaches soir et matin, transforment une partie de leur lait. La plupart développent graduellement leur marché, sachant qu'ils peuvent compter sur un revenu pour le reste de leur lait, qui est mis en marché par leur Fédération. Ils ont tous des quotas et ne font pas faillite. De plus, M. Boisvert a été mal informé, ils n'ont pas à payer le transport du lait qui ne quitte pas leur ferme.
Personne ne se réjouira de l'emprisonnement d'un citoyen pour "dette non criminelle". Pas plus la Fédération que M. Boisvert, quoi qu'il en pense. Le cas de l'ex-fabricant de produits artisanaux, Yves Desrosiers, fait les manchettes ces jours-ci. Sa laiterie a fait faillite. Il a été emprisonné pour amendes impayées, imposées par les autorités de santé publique, pour des infractions aux règles de salubrité. Il nous accuse de ses problèmes. La Fédération n'a rien à voir avec ce cas. ()
Est-ce que tout va pour le mieux au royaume du lait québécois pour autant? Non! Les producteurs de lait et leur Fédération sont-ils assis sur leurs acquis et refusent-ils le changement? Non!
Notre parti pris est celui d'un modèle qui favorise les fermes familiales, une production locale, de qualité, variée, artisanale et aussi de masse, qui a du goût et qui en offre pour tous les goûts. Un modèle qui milite pour la souveraineté alimentaire, l'occupation du territoire, une agriculture durable, écologique et qui permet à ses producteurs et ses artisans de bien vivre.
Photo Rémi Lemée, La Presse
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Marcel Groleau
L'auteur est président de la Fédération des producteurs de lait du Québec.


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