Le jour où Jean Charest a présenté, pour la première fois, un Conseil des ministres comptant le même nombre de femmes que d’hommes, j’ai applaudi des deux mains et je l’ai remercié au nom des femmes du Québec qui venaient, me semblait-il, grâce à lui, de franchir un grand pas vers une égalité de fait qui cessait enfin d’être un voeu pieux.
J’y ai cru. J’ai même pensé que, ne serait-ce qu’à cause de cette décision, Jean Charest serait un grand premier ministre. Je n’avais rien compris. Il suffit de regarder son attitude envers les femmes par la suite pour comprendre à quoi il les utilise au quotidien. Il se sert des femmes, comme de tout le reste d’ailleurs, à son profit à lui, surtout si ça renforce ses positions.
J’aurais dû me méfier de son attitude envers les femmes le jour où, dans une colère noire, il a traité une jeune députée de « chienne » parce qu’elle avait osé poser une question sur les activités de Madame Charest. Qu’il n’ait pas apprécié la question, tenant à garder sa vie politique et sa vie privée à distance l’une de l’autre est une chose, mais traiter de « chienne » celle qui a osé s’aventurer sur ce terrain miné en est une autre.
Ce premier ministre a confié à ses femmes (les « Charest’s Angels ») des ministères importants et la première réaction, en le regardant faire, était de penser qu’il prouvait ainsi à quel point il leur faisait confiance. On peut ne pas être d’accord avec les politiques qu’elles ont eues à défendre ou les décisions ministérielles qui leur ont lié les deux mains souvent, mais on ne peut pas remettre en question leur dévouement à la cause libérale ou leur fidélité aveugle à leur chef. On aurait été en droit de s’attendre à ce que lui les soutienne au moins chaque fois qu’elles allaient au front avec des politiques impopulaires que le peuple n’acceptait pas et qu’il ne les laisse pas affronter les batailles toutes seules. Il ne l’a jamais fait.
Il a plutôt choisi de rester à l’écart. Même à l’Assemblée nationale, il a fini par ne pas répondre aux questions de l’opposition qui lui étaient adressées à lui personnellement, en choisissant plutôt de laisser ses femmes ministres aller au bâton à sa place. Il m’est arrivé de penser qu’il se servait des femmes ministres comme de boucliers humains, lui évitant à lui de prendre les coups qui lui étaient pourtant destinés.
Ses femmes ont fini par tomber comme des mouches. La première à quitter le bateau a été la ministre des Finances, Madame Monique Jérôme-Forget. Peut-être saurons-nous un jour pourquoi elle a claqué la porte. Puis elle fut suivie par Madame Nathalie Normandeau, vice-première ministre en plus, dont les ambitions étaient pourtant évidentes. La troisième, Madame Line Beauchamp, était ministre de l’Éducation jusqu’à tout récemment et on raconte qu’elle est partie parce qu’elle ne pouvait pas, en son âme et conscience, défendre la loi 78.
Le grand vide a immédiatement été comblé par Madame Michelle Courchesne, l’exécutrice des basses oeuvres de Jean Charest. Le premier ministre a laissé Madame Christine St-Pierre patauger dans ses déclarations au sujet de la violence encouragée par le port du carré rouge, alors qu’elle ne faisait que répéter ce qu’il avait lui-même affirmé à plusieurs reprises. Madame Yolande James porte le poids de l’héritage Tomassi du mieux qu’elle peut en attendant que la justice soit rendue. Ça ne serait pas exagéré de dire que les femmes en arrachent. Pas parce qu’elles sont des femmes, mais parce que Jean Charest a l’air de s’en amuser.
Il suffit de voir le traitement qu’il fait subir à Madame Pauline Marois depuis des années à l’Assemblée nationale pour comprendre que Jean Charest n’a que mépris pour les femmes qui ont la prétention de se croire ses égales. La patience de Pauline Marois ainsi que sa résistance aux multiples attaques basses et méchantes de Jean Charest ressemblent souvent à de la sainteté !
C’est pourquoi le dernier coup bas porté par Jean Charest et le Parti libéral à Pauline Marois, ridiculisant sa présence auprès de son peuple, dans la rue avec son peuple, tapant sur les casseroles avec lui, dans un ultime effort pour réveiller les élus libéraux qui dorment au gaz depuis neuf ans, ce dernier coup n’a rien de surprenant. Il témoigne du mépris indéniable de Jean Charest pour les Québécois en général, pour les femmes et pour Pauline Marois en particulier.
Il serait logique de penser que la publicité ridiculisant la présence de Pauline Marois auprès de son peuple, dans la rue avec lui, tapant sur des casseroles avec lui, fait partie des stratégies de la prochaine élection.
Le mépris de Jean Charest pour ce qu’il appelle « la rue » ne nous fera pas oublier qu’il est, lui, plus à l’aise dans les grands salons chez les riches, que ce soit à l’Élysée, où il aimait tellement être reçu par M.Sarkozy, ou à Sagard, où tout le gratin canadien a ses habitudes. Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es.
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