NOUVEAU RAPPORT D’ÉQUITERRE

Deux milliards pour nettoyer une marée noire dans le lac Saint-Pierre

C827732e2ccf3dfe3ab9d09262cfddfb

Un chiffre conservateur

Un déversement de pétrole brut dans le lac Saint-Pierre souillerait rapidement toute la région et son nettoyage coûterait au moins deux milliards de dollars, conclut un rapport publié jeudi par Équiterre et le Conseil des Canadiens.

Ce rapport présente une modélisation des coûts et des dommages qu’entraînerait un déversement de moins de 10% de la cargaison d’un pétrolier du même type que ceux qui sont venus charger du pétrole albertain à Sorel-Tracy l’an dernier.

Selon le modèle, les coûts de nettoyage d’un déversement de 10 millions de litres atteindraient 2,14 milliards de dollars. Or, la limite de responsabilité pour un déversement est fixée à 1,4 milliard. Cela signifie que ce sont les contribuables qui devraient assumer une bonne partie de la facture.

L’étude des groupes environnementaux indique en outre qu’en cas de déversement de pétrole, « toute intervention d’urgence extrêmement difficile ». Il faut dire que la capacité d’intervention en cas de marée noire est relativement limitée au Québec. Aucune municipalité riveraine du Saint-Laurent ne possède de plan d’urgence en cas de marée noire, notamment en ce qui a trait à la gestion de son approvisionnement en eau potable. Qui plus est, on ne sait pas comment se comporterait du pétrole des sables bitumineux déversé dans les eaux du Saint-Laurent.

« Les conséquences environnementales associées aux accidents pétroliers, que ce soit en milieu terrestre ou aquatique, se révèlent généralement catastrophiques pour les écosystèmes directement touchés. Les efforts de nettoyage et de remédiation s’avèrent toujours très coûteux et souvent peu efficaces », explique pour sa part Émilien Pelletier, professeur en écotoxicologie marine à l’Université du Québec à Rimouski.

En plus des coûts élevés pour le trésor public, « l’impact sur l’environnement serait dévastateur pour le lac Saint-Pierre », souligne d’ailleurs le rapport. « Dans des conditions normales, un déversement pourrait recouvrir la totalité du lac Saint-Pierre en aussi peu que huit heures, soit beaucoup plus rapidement que la mise en place d’une intervention d’urgence. »

Écosystème unique

Tout incident frapperait par ailleurs un écosystème particulièrement riche. Ce lac de 32 kilomètres de longueur sur 14 kilomètres de largeur a été désigné Réserve mondiale de la biosphère par les Nations unies en l’an 2000. Plus de 90 % du territoire du lac est toujours à l’état naturel et plusieurs secteurs sont protégés. Il regroupe plus de 20 % de tous les marais du Saint-Laurent. Il a d’ailleurs reçu en 1998 la désignation de site RAMSAR en vertu de la Convention relative aux zones humides d’importance internationale.

La faune de la région est aussi très riche. Pas moins de 800 000 oiseaux migrateurs s’y arrêtent chaque printemps. Un total de 288 espèces d’oiseaux y est observé, ainsi que 80 espèces de poissons. La flore est elle aussi très diversifiée et comprend notamment 27 espèces de plantes rares.

« Le lac Saint Pierre est un trésor et une merveille dans la région. Un seul déversement de pétrole pourrait signifier la mort instantanée de toute forme de vie pour des générations à venir », prévient Steven Guilbeault, directeur principal à Équiterre. « Compte tenu du coût écologique très élevé d’un déversement, le transport de bitume dilué devrait être interdit sur le fleuve Saint-Laurent ».

L’automne dernier, des trains chargés de brut albertain appartenant à la pétrolière Suncor ont voyagé jusqu’à à Sorel-Tracy en passant par plusieurs zones habitées, notamment dans la région de Montréal. Le pétrole albertain qu’ils transportaient a été chargé à bord de pétroliers. Les chargements ont depuis été suspendus temporairement. On ignore quand ils doivent reprendre.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->