Il y a un an, la guerre au Liban

Des vaincus, mais pas de vainqueurs

Il y a un an, la guerre au Liban


Des vaincus mais, paradoxalement, aucun vainqueur. Un an après la guerre des 33 jours imposée par Israël au Liban, aucun des principaux protagonistes du conflit n'apparaît avoir tiré profit d'un conflit, pourtant dévastateur (plus de 1200 Libanais tués et 163 Israéliens).
Ni Israël, dont l'armée réputée invincible a vu sa réputation sérieusement écornée faute d'avoir pu empêcher le Hezbollah de tirer missiles et roquettes sur le territoire hébreu jusqu'au cessez-le-feu. Pas davantage le «parti de Dieu», qui apparaît lui aussi affaibli militairement et doit maintenant compter avec la présence d'un «shérif» , les forces de la FINUL, dans un Liban-Sud qu'il contrôlait naguère sans partage. Ni les États-Unis, dont le soutien inconditionnel à l'État hébreu pendant la guerre a douché les derniers espoirs du monde arabe sur une possible évolution et consacre sans doute un tournant pour son influence déjà déclinante au Moyen-Orient.
Les deux parrains
Les autres pays en cause, la Syrie et l'Iran, les deux parrains du Hezbollah, n'ont également rien gagné. L'un et l'autre sont toujours aussi isolés sur la scène internationale. Si Damas et Téhéran ont voulu, en poussant le Hezbollah à l'action sur la frontière libano-israélienne, détourner l'attention de la communauté internationale, l'un de sa responsabilité présumée dans l'assassinat de Rafic Hariri, l'autre de son programme nucléaire, force est de constater qu'ils ont tous deux échoué. Le régime syrien est toujours menacé par un tribunal à caractère international en voie de constitution. Et celui de Téhéran est sous le coup de résolutions - une troisième est attendue en août - du Conseil de sécurité dont les effets commencent à être dévastateurs pour son économie.
Dans ce contexte, le maillon le plus faible demeure le Liban. Paralysé depuis octobre 2006 par une crise politique, il risque aussi de traverser une dangereuse crise institutionnelle dès octobre, au moment de l'élection présidentielle. Il demeure dès lors le pays de tous les dangers, comme le montre bien la réunion interlibanaise organisée du 14 au 16 juillet en région parisienne, dans l'espoir d'éviter «un scénario catastrophe». «On peut déjà prédire qu'elle se terminera par un échec», affirme un diplomate français. «Le drame du Liban, renchérit un diplomate israélien, c'est que son sort ne se décide pas à Beyrouth, mais à Damas, Téhéran ou Jérusalem. On ne peut donc pas savoir de quoi il sera fait.»
Le pire est à venir
Le pire est donc attendu au Liban. Soit sous la forme d'une guerre entre factions, soit comme terrain de la confrontation entre les États-Unis, d'un côté, et la Syrie et l'Iran, de l'autre.
De l'avis de la plupart des experts, le Hezbollah a en grande partie reconstitué son arsenal. Mais on le devine beaucoup moins offensif, sans doute à cause de la présence de la FINUL, mais aussi de ses pertes pendant la guerre contre Israël. Celles-ci, difficiles à estimer, ont en effet touché ses combattants «professionnels», soit les plus aguerris, plutôt que les réservistes. Autre facteur de stabilité, le «retour» de l'armée libanaise lors des combats contre la rébellion islamiste de Nahr el-Bared. En dépit de piètres performances sur le terrain, elle a montré sa détermination à se battre.
Dans une mesure moindre, un conflit entre la Syrie et Israël est aussi envisagé par certains experts. Le 4 juillet, l'armée israélienne a achevé une semaine de grandes manoeuvres sur le Golan, et du côté syrien, des mesures défensives ont été prises. «Tout est possible: la paix avec Damas comme la guerre, avec autant de chances pour l'une que pour l'autre. Mais l'actuel "statu quo" ne peut plus durer, au pire trois ans encore», ajoute le même diplomate israélien.
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Jean-Pierre Perrin, Libération


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