Des tonnes de dossiers controversés

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Commission sur les enjeux énergétiques du Québec : « C’est simple : le Québec n’a pas besoin de l’énergie éolienne en ce moment. »

Avec le dossier éolien, Hydro Québec a hérité d’un dossier éminemment « politique » dont elle ne voulait pas, soutient le directeur académique de l’Institut de l’énergie Trottier, Normand Mousseau. Un sujet chaud parmi tant d’autres qui doivent tracasser le PDG Éric Martel à l’heure actuelle. Car les dossiers épineux, ils n’en manquent pas présentement.


En tant que l’une des sociétés d’État les mieux connues et puisqu’elle a un impact direct sur le compte bancaire des contribuables québécois, Hydro Québec est scrutée à la loupe, autant par les médias que par la classe politique, le secteur privé et l’opinion publique.


Pas le choix d’obéir


Avec l’éolien, comme avec plusieurs autres dossiers, « M. Martel n’a pas eu le choix » d’obéir aux pressions gouvernementales, dit M. Mousseau, ex-coprésident de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec et professeur à l’Université de Montréal.


« L’actionnaire unique d’Hydro Québec, c’est le gouvernement du Québec. Quand il décide qu’on va dans une direction, c’est soit “tu marches avec nous”, soit “tu débarques” », expose celui qui suit de près la question énergétique et des ressources naturelles depuis une quinzaine d’années.


Cette situation n’est pas particulière au Québec. Pas plus tard qu’il y a deux semaines, le nouveau premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a par exemple mené l’ensemble du conseil d’administration d’Hydro One à démissionner à la suite de controversées hausses de tarifs ces dernières années, cet enjeu ayant été l’un des plus marquants des récentes élections. M. Ford est arrivé à ses fins même si la société ontarienne est officiellement totalement indépendante du gouvernement.


Une situation qui expose à quel point tout ce qui touche l’électricité et ses liens avec l’État peut s’avérer explosive pour ceux qui acceptent de s’y aventurer.




► La cryptomonnaie


Que faire des activités de minage de cryptomonnaie, une activité particulièrement énergivore ? La Régie de l’énergie a autorisé en juin Hydro à appliquer un « tarif dissuasif » pour tout nouveau projet de ce type. À la fin 2017, Hydro avait au contraire dit vouloir dérouler le tapis rouge pour convaincre de gros mineurs de bitcoins de s’installer au Québec. Il y a quelques semaines, Hydro-Québec a par ailleurs dû retirer un communiqué de presse dans lequel elle contestait des informations de notre Bureau d’enquête au sujet des activités d’un de ses administrateurs dans une entreprise de cryptomonnaie. 


► Les surplus d’électricité et les ventes à l’Ontario et aux États-Unis


La formule se voulait simple : Hydro produirait plus d’électricité que le Québec en consomme et vendrait l’excédent à l’étranger. Mais différents partenariats avec l’Ontario et des États de la côte Est américaine tardent à se concrétiser, et même s’ils vont baisser au cours des prochaines, les surplus d’électricité demeurent importants. Les nombreux projets d’éoliennes viennent gonfler ces surplus, et leur coût moyen d’approvisionnement s’élève à 10 cents le kilowattheure, contre 2,9 pour l’électricité produite par HQ de façon


► Son salaire


En 2017, Éric Martel a vu sa rémunération totale augmenter de 26 %, passant à 815 466 $. Le président d’Hydro a notamment eu droit à un salaire de base de 543 559 $ et à des bonis de performance de 258 838 $. « Quand je suis arrivé à Hydro-Québec, mon salaire a diminué de 60 ou 70 %, mais je voulais rendre service au peuple québécois et donner le meilleur de moi-même », a précisé M. Martel. Il avait alors précisé qu’il a des collègues d’autres provinces qui gagnent jusqu’à cinq fois son salaire.


► Les négociations avec les syndicats


Depuis avril, des rencontres ont lieu entre Hydro et au moins huit unités syndicales, dont les conventions collectives se terminent au 31 décembre 2018 et au 31 décembre 2019. La société serait déterminée à obtenir « une plus grande productivité » de la part de ses employés, notamment sur le plan de la gestion des horaires. HQ veut enrayer les heures supplémentaires, qui ont coûté près de 152 millions l’an dernier. Des discussions qui ne se font pas sans heurts. 


Des parcs éoliens « inutiles »


Si le Québec décidait de fermer du jour au lendemain ses parcs éoliens, les finances d’Hydro Québec ne s’en retrouveraient que renforcées, et les contribuables réaliseraient des économies substantielles.


C’est Normand Mousseau, l’un des coauteurs d’un rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec qui le dit, en entrevue au Journal.


« C’est simple : le Québec n’a pas besoin de l’énergie éolienne en ce moment. [...] »


« On est absolument perdants avec l’énergie éolienne. Ce sont des milliards de dollars qu’on perd ainsi », poursuit le professeur de l’Université de Montréal.


Plus un outil de développement


L’intérêt pour cette source d’énergie est tout autre : les parcs éoliens sont d’abord et avant tout un outil de développement économique pour les régions où ils sont situés.


Le PDG d’Hydro, Éric Martel, a pour sa part décliné notre demande d’entrevue.