Des tollés injustifiés

Je vous le redis: "Il n'y a pas de crise des valeurs"...


La commission Bouchard-Taylor est un grand fourre-tout d'où surgissent parfois des opinions désolantes qui, dans le climat actuel, passent dans l'opinion publique comme du beurre dans la poêle.

Quelques exemples
L'autre jour, à Trois-Rivières, un avocat suggérait que l'on soumette la question des accommodements raisonnables à un référendum. Mais dites-moi, dans quelle sorte de société soumet-on les droits des minorités à la majorité? Le pire, c'est que cet avocat dit avoir travaillé dans le domaine des droits humains pendant 17 ans!
Lors d'une autre audience, le coprésident Charles Taylor demande aux élus de Hérouxville s'ils trouveraient acceptable qu'on évite de servir du porc à un musulman ou un juif hospitalisé.
On se serait attendu à ce que la réponse fuse spontanément et qu'elle soit celle-ci: mais bien sûr qu'il faut respecter, quand c'est possible, les pratiques religieuses alimentaires des malades! Les cuisines des hôpitaux préparent du reste toutes sortes de régimes alimentaires spéciaux. Mais non. Nos deux lurons hésitent, et finissent par dire que si l'on cède devant ce genre de demande, on n'en finira plus.
Incroyable.
La même intolérance se retrouve dans cette histoire qu'on a entendue ad nauseam, selon laquelle les coûts des aliments casher ou halal vendus en supermarché se répercuteraient sur l'ensemble des consommateurs. Même à supposer qu'il y aurait un coût minime (certainement beaucoup moindre que les hausses de prix dus aux mauvaises récoltes, aux produits bio ou à la réfection des étalages), qui donc peut se mettre à halluciner là-dessus, sinon quelqu'un qui refuse tout simplement de co-exister avec des minorités religieuses?
Il n'y a pas un pays démocratique où l'on bannit d'autorité les produits casher ou halal des supermarchés. Tout comme les fèves au lard sans lard pour accommoder les musulmans (et les végétariens qui sont d'ailleurs de plus en plus nombreux), c'est une question de liberté commerciale: les supermarchés accommodent leur clientèle, tout comme le propriétaire d'une cabane à sucre modifiera sa recette pour accommoder le groupe qui a loué son établissement pour la journée.
Idem pour le YMCA qui a déclenché une méga-vague d'indignation en givrant ses fenêtres pour accommoder une synagogue voisine. Personnellement, j'aurais refusé de me plier à cette demande mais bon, le YMCA, qui est, ne l'oublions pas, une entreprise privée, a vu l'affaire sous l'angle du bon voisinage. On peut trouver que sa décision n'était pas indiquée, mais pourquoi un tel tollé à propos d'un fait divers? Les membres du «Y» auraient facilement pu faire dégivrer les vitres en faisant pression sur la direction.
On pourrait aligner les cas, ce sont presque toujours des incidents qui ne méritaient nullement une crise nationale - surtout pas qu'on institue une commission pour les étudier!
Le pire cas est celui du «vote voilé» - une crise manufacturée du début à la fin par les médias.
Primo: il y a très peu de femmes qui portent le niqab au Québec (selon le Congrès musulman qui n'a pas intérêt à sous-évaluer le nombre des fondamentalistes, il y en aurait tout au plus une cinquantaine au Canada). Secundo: aucune n'a jamais demandé de voter le visage couvert. Tertio: personne n'est obligé de s'identifier visuellement pour voter.
Où était le problème? Nulle part. Mais un reporter a téléphoné au directeur des élections pour lui demander si une femme en niqab pourrait voter. On connaît la suite. Le drame s'est ensuite transposé au fédéral de la même façon: par une question purement théorique et gratuite d'un reporter.
Les politiciens se bousculent maintenant, tant à Québec qu'à Ottawa, pour amender en catastrophe des lois électorales qui ne posaient aucun problème.
L'amendement exigeant le dévoilement du visage visera spécifiquement les femmes musulmanes, alors que les Snowbirds et les militaires pourront continuer à voter par correspondance sans s'identifier visuellement. Qu'est-ce que c'est, sinon de la discrimination?
Plus surréaliste encore, le Bloc québécois n'accepte même pas ce très léger accommodement par lequel une femme en niqab pourrait se dévoiler discrètement devant l'une des femmes affectées aux bureaux de scrutin. Contre cette éventualité qui se produira peut-être trois fois en 20 ans, le Bloc est monté sur ses grands chevaux et voit là une atteinte à l'égalité des sexes chez les travailleurs électoraux. La farce est vraiment tombée dans l'absurde.
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