Des échanges «in English only» à l’Assemblée nationale

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Les députés de la CAQ se comportent en vrais colonisés : ils passent immédiatement à l'anglais devant un unilingue anglophone


Des échanges se sont déroulés en anglais uniquement et sans traduction en commission parlementaire vendredi… à l’initiative du ministre François Bonnardel et de trois autres députés. Une situation dénoncée par le Parti québécois.


Les élus qui siègent à la Commission des transports et de l’environnement questionnaient les représentants de l’entreprise américaine de covoiturage Lyft, l’un des concurrents d’Uber, dans le cadre de l’étude du projet de loi 17 sur l’industrie du taxi.


L’un des représentants de l’entreprise, unilingue, était accompagné d’un traducteur, mais certains députés ont choisi d’en faire fi.


M. Bonnardel n’a pas souhaité que la réponse à sa question posée en français sur le salaire des chauffeurs de Lyft soit traduite. « Est-ce que ça va pour tout le monde ? a-t-il demandé. Vingt dollars, c’est ce que j’ai compris. »


Le député du Parti québécois Joël Arseneau a immédiatement formulé une objection pour demander que les réponses soient traduites.


« Pour moi, il s’agit d’un très grand manque de respect dans un dossier aussi important que de mener la consultation avec une entreprise qui provient de l’étranger uniquement en anglais », a-t-il dénoncé en entrevue au Devoir.


Plus tard, le député caquiste Richard Campeau est rapidement passé à l’anglais lorsqu’est venu son tour. Le scénario s’est répété avec les députés libéraux Gaétan Barrette et Gregory Kelley.


« Peut-être ne le savez-vous pas, mais notre temps imparti est un petit peu, pas mal, plus court que le gouvernement […] », a expliqué M. Barrette aux représentants de Lyft.


Lorsqu’il a obtenu la parole, le député péquiste Joël Arseneau a exprimé son « profond malaise » à ses collègues.


« [O]n va dicter un nouveau modèle, complètement sans règles pour l’avenir du transport de personnes et qu’on en discute en faisant abstraction de la majorité de langue française, dont plusieurs chauffeurs — près de 30 000 personnes de l’industrie… », a-t-il dit avant de se faire interrompre par le président de la commission, Saul Polo.


Devant les protestations de M. Arseneau, le député libéral a précisé qu’« il n’y a aucune règle ou loi qui interdit aux parlementaires [ou aux invités] de s’adresser [à la commission] dans la langue qu’ils souhaitent. »


M. Arseneau a rétorqué qu’il s’agissait d’une puissante métaphore que des  Québécois dialoguent en anglais pour gagner du temps même si l’entreprise a pris soin de présenter un mémoire en français.









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