Des arguments erronés

Par Glenn Kelly

Rabaska



Ce texte fait suite à [celui publié dans nos pages le 1er août dernier et signé par M. Pierre-Paul Sénéchal->7970], président du Groupe d'initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM).



Dans votre opinion, vous contestez vertement le travail de la commission d'examen conjoint (BAPE et ACÉE) et du comité d'examen TERMPOL (Transport Canada) qui ont analysé le projet Rabaska. À l'issue des audiences, le GIRAM que vous représentez a louangé la qualité des commissaires et le processus d'évaluation. Malheureusement pour vous, peu d'opinions et d'arguments que vous avez soumis à la commission ont trouvé écho dans les avis et recommandations finaux. Se pourrait-il que vous ayez soumis des arguments erronés?
Voici quelques-unes de ces erreurs:
Le projet Rabaska ne satisfera pas les besoins en gaz naturel du nord-est des États-Unis. Le gaz naturel de Rabaska est pour le Québec et l'Ontario. Tel que reconnu par la commission, "le projet est conforme aux politiques et orientations gouvernementales ayant reconnu à travers les années l'importance de renforcer la desserte gazière au Québec et d'en diversifier les sources d'approvisionnement".
Par ailleurs, la situation sur la côte est américaine n'est pas aussi sombre que vous la dépeignez, au contraire. Quatre projets de ports méthaniers ont reçu l'approbation des autorités et quatre autres sont en cours d'examen. Ces projets autorisés représentent une capacité totale six fois plus élevée que celle de Rabaska.
Vous affirmez que «nulle part au monde on a accepté l'implantation d'une zone portuaire à haut risque de type GNL au milieu d'un corridor fluvial». Faux. Les installations portuaires de Rabaska ne sont pas situées au milieu d'un corridor fluvial. La jetée avance de 500 mètres dans un fleuve de 2 km de large, sans impact pour la navigation. Plusieurs terminaux existent depuis de nombreuses années dans des configurations similaires, en amont de zones portuaires stratégiques. Par exemple: le terminal de Montoir sur la Loire et le terminal d'Elba Island sur la Savannah River.
Par ailleurs, les experts de Transport Canada, de la Garde côtière canadienne et de plus de 30 autres organismes qui composent le comité d'examen TERMPOL ont affirmé que les méthaniers peuvent naviguer sur le fleuve Saint-Laurent de façon sécuritaire sans qu'il soit nécessaire de prendre des mesures exceptionnelles. Contrairement à vos affirmations, Rabaska a déposé à la commission des études qui démontrent que les 60 méthaniers s'intégreront facilement dans le trafic maritime actuel (près de 3000 navires par année devant Québec) et futur.
La fluidité de la navigation sur le Saint-Laurent ne sera pas plus affectée par les méthaniers qu'elle ne l'est actuellement par les nombreux navires qui empruntent cette voie, par exemple pétroliers, chimiquiers ou bateaux de croisière, des navires souvent plus gros que les méthaniers.
Il est faux de prétendre que presque tous les terminaux méthaniers dans le monde sont situés en façade maritime. Voici quelques exemples: le terminal de Cove Point se trouve à 170 km de l'océan Atlantique, le terminal de Lake Charles à l'intérieur des terres à plus de 40 km du golfe du Mexique avec un accès par un chenal étroit (150 m par endroits). De par l'exceptionnelle largeur du fleuve et de l'estuaire, les conditions de navigations en aval de l'île d'Orléans sont plus proches de la navigation côtière que de la navigation fluviale.
Vous vous demandez comment concilier les conclusions du BAPE/Rabaska avec celles du BAPE/Soligaz. La réponse est très simple. Les deux projets ne sont absolument pas comparables, ni par leur produit - les liquides de gaz naturels (propane, butane) ont un niveau de dangerosité beaucoup plus élevé que le gaz naturel liquéfié (méthane) -, ni par leur localisation - comme l'a conclu le BAPE/Soligaz, les risques liés à la navigation «se manifestent principalement en amont de Québec» (entre Québec et Varennes). D'ailleurs, une lecture complète du rapport du BAPE/Soligaz vous permettrait de constater les différences entre les deux projets. Les commissaires avaient jugé à en 1991 que le projet Soligaz n'était pas justifié et que le choix du site et l'analyse des risques n'avaient pas été faits selon les règles de l'art, tout le contraire des conclusions auxquelles sont arrivés les commissaires qui ont étudié Rabaska.
Finalement, Rabaska peut compter sur le support d'une forte majorité des citoyens des municipalités concernées depuis plus de trois ans, mais aussi de celui de la Ville de Lévis, de la Conférence régionale des élus de la Chaudière-Appalaches et de la Conférence des préfets des MRC de région Chaudière-Appalaches. Ces gens reconnaissent la justification du projet ainsi que l'impartialité et les compétences des différents organismes qui ont évalué Rabaska.
Vous affirmez que la population a un doute. C'est faux, c'est plutôt vous qui tentez de le semer, en vain.
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Glenn Kelly
L'auteur est président et chef des opérations de Rabaska


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