Le rapport Grenier le confirme

Depuis quand les Anglos et leurs valets ont-ils des scrupules ?

Pour réaliser l’indépendance, le référendum est de trop, l’élection suffit.

Tribune libre - 2007



Rendu public le 29 mai 2007, le rapport Grenier confirme que, lors du référendum de 1995, le camp du Non a dépensé bien au-delà de ce que permettait la loi québécoise. On le soupçonnait déjà, comme en 1980, mais se le faire confirmer par un juge, même à la retraite, ce n’est pas rien. Alors, de toutes parts, ou presque, on déplore la magouille et on s’indigne. Très bien. Mais l’indignation suffit-elle ? Non, bien sûr. Il convient d’y ajouter autre chose. Des vœux pieux, par exemple. « La prochaine fois », dit-on, « il faudra s’assurer qu’Ottawa respecte nos lois ». Des fédéralistes entonnent ce refrain lénifiant, mais aussi des indépendantistes. Hypocrisie des uns, naïveté des autres.
La Déportation des Acadiens, la mal nommée Conquête, la répression des Patriotes, l’Acte d’Union, la pendaison de Riel et l’écrasement des métis canadiens-français, le Règlement XVII et ses multiples équivalents, les Mesures de guerre, le rapatriement unilatéral de la Constitution, les commandites, le plan B, les menaces de partition, etc., etc. : mais depuis quand diable les Anglos et leurs valets ont-ils des scrupules ? Depuis quand diable s’enfargent-ils dans les lois, les leurs aussi bien que les nôtres ? Quand il s’agit pour eux de maintenir ou d’alourdir leur domination, le Droit, ce qu’on appelle le Droit avec une majuscule, ça ne compte plus tellement. Ils le remettent alors à sa place et, pour eux, sa place, c’est celle d’auxiliaire docile de la Force, rien de plus.
Voilà d’ailleurs, notons-le, la plus grande différence entre la civilisation franco-latine, dont nous sommes, et le monde anglo-germanique. Pour les franco-latins, en effet, le Droit prime et la Force sert à le garantir. Pour les anglo-germains, au contraire, c’est la Force qui prime, toujours, et le Droit n’existe que pour lui servir d’alibi. Qui en doute n’a qu’à regarder les deux derniers millénaires, où les exceptions, comme de coutume, ne font que confirmer la règle.
Alors, s’il y a un troisième référendum, rien n’est sûr, rien, sauf une chose, une seule : les Anglos et leurs valets récidiveront. Pas plus qu’hier ils ne regarderont à la dépense. Car, pour eux, la domination, ça n’a vraiment pas de prix.
C’est pourquoi, sans perdre notre foi en la primauté du Droit, il conviendrait que nous nous appliquions, désormais, à donner aux anglo-colonialistes le moins d’occasions possible d’user et d’abuser de la Force contre nous. Ainsi, pour nous affranchir de leur domination et accéder à l’indépendance, le référendum est de trop, l’élection suffit.
Dans notre contexte historique et politique, dire que la fin ne justifie pas les moyens, c’est dire que la cause de l’indépendance n’autorise pas le recours à des méthodes antidémocratiques. Cela va de soi. Or, l’élection, c’est tout à fait démocratique, surtout quand le camp qui la gagne n’est pas, mais alors là pas du tout, celui de l’argent.

Luc Potvin

Montréal


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