Dépenses secrètes illégales à la SQ : Dénoncés par un sonneur d’alarme

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Une dénonciation qui ne pouvait pas rester sans accusations





Les anciens dirigeants de la Sûreté du Québec (SQ) accusés d’avoir illégalement utilisé un fonds de dépenses secret ont été dénoncés par un sonneur d’alarme préoccupé de certaines manœuvres douteuses.


«Malgré ma loyauté, je devais aviser le nouveau directeur général, c’était mon devoir de l’informer», a déclaré, en prenant une grande respiration le sonneur d’alarme au procès d’un ancien haut gradé de la SQ accusé de fraude et d’abus de confiance.


Toute une partie de ce mardi, cet employé de la police provinciale a ainsi témoigné au procès de Jean Audette, un ex-directeur général adjoint de la SQ accusé de fraude et d’abus de confiance.


Selon la Couronne, Audette aurait accepté qu’un ex-collègue devenu consultant pour le corps policier soit payé 233 000 $ à même un fonds secret destiné à payer des informateurs, entre autres. Denis Despelteau ne pouvait en effet plus avoir de contrats avec la SQ à cause d’impôts impayés, et il aurait donc été rémunéré illégalement avec ce fonds.


Les faits allégués se seraient déroulés en 2011 et 2012, mais c’est un événement survenu un an plus tôt qui aurait mis la puce à l’oreille du sonneur d’alarme, dont l’identité est frappée d’une ordonnance de non-publication.


«Tout part de là», a expliqué le procureur de la Couronne, Me Maxime Chevalier.


Anomalies


En 2010, alors que le sonneur d’alarme travaillait au service des finances, un membre de l’état-major s’est présenté dans ce département.


«C’est inhabituel qu’il vienne sans rendez-vous», a témoigné l’employé.


Ce membre de l’état-major était venu chercher des chèques de 167 000 $ et 78 000 $ pour deux hauts gradés qui partaient à la retraite, a poursuivi le témoin. Or, l’argent venait du fonds secret.


«Étrangement, le montant et l’échelle salariale [des hauts gradés] concordaient», a expliqué le témoin, qui a ajouté que le fonds secret ne devait pas servir à payer des policiers.


L’employé a alors fait des vérifications, mais un supérieur lui aurait affirmé que tout était en règle, selon Richard Deschênes, alors directeur général de la SQ. Incapable de mettre ses inquiétudes de côté, le sonneur d’alarme a conservé les traces de la transaction.


Il s’est ensuite penché sur le cas du consultant Despelteau, mais il a été incapable de pousser assez loin son enquête.


«Je ne savais pas vers qui me tourner, parce que j’en avais parlé à la haute direction», a expliqué le témoin.


Nouveau D.G.


L’état-major a finalement écouté son histoire en 2012, quand M. Deschênes a été remplacé par Mario Laprise.


«Je trouvais qu’il était important que M. Laprise soit mis au courant [des montants versés aux deux ex-hauts gradés] et je l’ai informé que M. Despelteau était à l’emploi de la Sûreté, mais que je ne savais pas comment il était payé», a expliqué le témoin.


L’histoire a ainsi éclaté au grand jour.


Selon la poursuite, c’est Audette qui aurait accepté que le fonds de dépense secret soit utilisé pour Denis Despelteau. Ce dernier a d’ailleurs écopé d’une peine de 15 mois à purger dans la collectivité dans cette affaire.


D’autres ex-hauts gradés subiront un procès l’année prochaine.




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