M. Le Hir a bien raison d’affirmer que les finances publiques du Québec ne sont pas dans un état désastreux contrairement à ce qu’affirment les opposants à la souveraineté et les politiciens qui sabrent dans les services publics. Cependant, il ne faut jamais rater une occasion de contredire le premier ministre qui prétend bien gérer l’économie et la situation financière du Québec.
On a déjà souligné l’accroissement phénoménal de la dette du Québec depuis dix ans mais on oublie de mentionner que la croissance relativement bonne de l’économie et de l’emploi résulte directement de cet accroissement de la dette. De 2002 à 2011, parmi les composantes de la demande, seules la construction résidentielle et les immobilisations publiques ont connu une croissance sensiblement supérieure à celle du PIB, qui a été de 3,7% en moyenne en dollars courants. Les dépenses en immobilisations publiques se sont accrues en moyenne de 10,5% par année tandis que les investissements privés, excluant la construction résidentielle, n’augmentaient que de 3,0% par année.
Le ratio de l’investissement privé sur le PIB a donc diminué et le secteur public a représenté le principal moteur de la croissance sous un gouvernement libéral, des faits que l’on reprocherait vigoureusement à un gouvernement social-démocrate.
On a voté une loi anti-déficit parce qu’on croyait que nos gouvernements n’étaient pas en mesure de se discipliner mais on a procédé peu après à une réforme comptable qui permet de passer directement à la dette la plus grand part des dépenses en immobilisations, sans que celles-ci n’apparaissent dans le déficit. Cependant, c’est d’abord l’évolution de l’économie réelle depuis 2002 qui est inquiétante et qui pourrait mener à une crise financière majeure.
Ainsi, en 2011, le Québec a exporté à l’extérieur du Canada pour 89 milliards de dollars en biens et services alors qu’il en importait pour 111 milliards, un écart de près de vingt-trois milliards de dollars. Ce solde n’a cessé de se dégrader depuis 2002, année où le Québec affichait un surplus, et cela en raison surtout de la force du dollar canadien. Une telle tendance dans l’évolution du commerce extérieur et de l’endettement envers l’étranger est insoutenable. La croissance exceptionnelle des investissements publics et le fait que notre dette soit libellée en dollars canadiens ont masqué cette évolution dangereuse mais, si nous ne réagissons pas, un jour viendra où des mesures d’austérité nous seront imposées par le reste du monde, ou par le reste du Canada.
Il ne faut pas compter sur la vigilance des agences de notation, qu’on a d’ailleurs vertement critiquées pour leur manque d’indépendance face à l’industrie de la finance. Le jour où elles émettront des réserves, il sera déjà trop tard.
On ne peut affirmer sans preuve que l’écrasement du Québec constitue un objectif des forces fédéralistes mais on peut dire que si c’était le cas elles n’agiraient pas autrement.
Les données citées plus hauts proviennent d’une note publiée récemment par l’Institut de recherche en économie contemporaine : http://www.irec.net/index.jsp?p=35&f=987.
En réponse à l'article de Richard Le Hir
Démasquer les Bonhommes Sept-Heures, mais surtout chasser Machiavel du pouvoir
On ne peut affirmer sans preuve que l’écrasement du Québec constitue un objectif des forces fédéralistes mais on peut dire que si c’était le cas elles n’agiraient pas autrement.
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
10 août 2012Je vous invite à lire cet article portant sur le mythe de la contrainte budgétaire. Voir ici : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3167
Pierre Cloutier