Loin de réussir une percée, l'Action démocratique du Québec a accusé hier un net recul dans les trois circonscriptions où se déroulaient des élections partielles. Pour les péquistes et les libéraux, c'est le statu quo. Pointe-aux-Trembles et Bourget demeurent entre les mains du Parti québécois alors que le château fort libéral de Hull, en Outaouais, est confirmé.
Mario Dumont n'a pas caché sa déception au terme de cette campagne au cours de laquelle l'ADQ a eu «le vent dans la face» et a vécu «un contexte difficile». Prenant la parole devant ses militants réunis dans Bourget, le chef adéquiste a jugé que «la flamme adéquiste est toujours là» mais que les conditions n'étaient pas réunies et notamment la participation des électeurs.
Contrairement à la dégringolade adéquiste, le PLQ a amélioré sa position dans les trois comtés, ce que Jean Charest n'a pas manqué de souligner à ses troupes réunies dans Hull, en Outaouais. Le chef du Parti libéral du Québec y a décodé une appréciation de la population à l'endroit de son gouvernement qui respecte le mandat reçu de «cohabitation». «Depuis un an, nous avons vécu une période de changements intenses au Québec: la mise en oeuvre d'un programme d'infrastructures, la réduction des impôts, un conseil des ministres paritaire pour la première fois de l'histoire du Québec. Tout ça est le reflet de la volonté des Québécois», a affirmé M. Charest.
De son côté, la chef du PQ, Pauline Marois, a prévenu son adversaire libéral qu'il trouvera le Parti québécois sur son chemin. «Ce soir, il y a un message au gouvernement de Jean Charest qui est le gouvernement de l'immobilisme. C'est le gouvernement qui fait du sur-place alors qu'on devrait défendre les intérêts du peuple québécois, alors qu'on devrait être là au moment des grands rendez-vous. Nous avons donc une responsabilité en tant que formation politique et nous l'assumerons», a lancé une Pauline Marois tout sourire lors de son passage dans Bourget.
Plus tôt, elle s'était rendue dans Pointe-aux-Trembles où son amie Nicole Léger a été élue sans difficulté. Mme Léger qui effectuait un retour, a obtenu une confortable majorité de 4 680 votes avec 55,9 % des votes. Son adversaire libérale, Mélissa Dumais, a obtenu la deuxième place avec 21,74 % des voix. L'ADQ qui présentait l'économiste Diane Bellemarre, une candidate d'envergure, a dû se contenter d'une troisième place et d'un score en chute de près de la moitié de celui enregistré aux élections générales de mars 2007.
Dans la circonscription voisine de Bourget, Maka Kotto qui briguait les suffrages pour le Parti québécois après avoir démissionné de ses fonctions de député du Bloc québécois a remporté la victoire. La libérale Lyn Thériault, mairesse de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, a chauffé M. Kotto toute la soirée, finissant avec 32 % des votes. Comparativement à l'élection de l'année dernière, il s'agit d'une augmentation de près de dix points de pourcentage pour le Parti libéral du Québec.
Là aussi, l'ADQ a été déclassée se retrouvant en quatrième position derrière le Parti vert du Québec représenté par Scott McKay. Le candidat adéquiste, le criminaliste Denis Mondor, a reçu une raclée en récoltant seulement 9,4 % des voix. L'appui à M. McKay se situe à quelque 11,2 %.
Dans Hull, la population continue d'être représentée par le Parti libéral. C'est l'ex-conseillère du député démissionnaire Roch Cholette, Maryse Gaudreault, qui devient députée. Mme Gaudreault a obtenu 45,2% des voix. Son adversaire du PQ, le Dr Gilles Aubé, a donné une performance très honorable pour son parti avec plus de 323,9 % d'appui. Il s'agit d'une augmentation sensible par rapport à 2007 alors que le PQ avait récolté une deuxième place avec près de 24 % des voix.
C'est dans Hull que l'ADQ mord la poussière le plus durement. On peut même parler de déconfiture puisque le parti de Mario Dumont se retrouve en cinquième place, derrière Bill Clennett de Québec solidaire et Brian Gibb du Parti vert. Le candidat adéquiste, Jean-Philippe Ruel, obtenait à peine plus de 3 % des votes en soirée.
L'ADQ y a connu un début de campagne difficile dans Hull alors que le candidat a été choisi après ses adversaires. Il faut dire que les militants locaux souhaitaient que le député Gilles Taillon quitte son siège de Chauveau pour tenter de se faire élire dans l'Outaouais où
Un débat sur la question de la santé a occupé beaucoup d'espace dans cette circonscription de l'Outaouais. À l'inverse, les cinq semaines de campagne dans Bourget et Pointe-aux-Trembles ont plutôt été tranquilles. Elles se sont déroulées dans une certaine indifférence de la population. Tout au plus y a-t-il eu une courte controverse autour des affiches électorales de l'ADQ qui associaient le recul du français à Montréal à l'augmentation de l'immigration.
Nicole Léger reprend les rennes de Pointe-aux-Trembles après avoir quitté cette circonscription de l'est de Montréal en juin 2006 afin de permettre au nouveau chef péquiste d'alors, André Boisclair, de faire son entrée à l'Assemblée nationale. C'était la quatrième fois en cinq ans que les électeurs de Pointe-aux-Trembles étaient appelés aux urnes provinciales.
Au terme d'une campagne qui a suscité peu de débats, le taux de participation a été relativement faible dans les trois circonscriptions se situant à quelque de 34 %. Au total, 135 989 électeurs étaient inscrits sur la liste électorale. Vingt candidats se faisaient la lutte.
Le Parti indépendantiste, le dernier-né des partis politiques sur la scène provinciale, a présenté des candidats pour la première fois. C'est dans Bourget que le PI a eu son meilleur score avec 2,3% des votes.
Dégringolade de l'ADQ
Péquistes et libéraux ont conservé leurs acquis lors des partielles d'hier
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