Pour assurer la défense et l'illustration de la langue française, les politiciens québécois devraient refuser de répondre aux questions qui leur sont posées en anglais, estime le député bloquiste de Saint-Lambert, Maka Kotto, qui compte briguer l'investiture péquiste pour la complémentaire de Bourget.
Le député bloquiste a même voulu faire de son idée une résolution d'urgence au dernier conseil général du Bloc québécois à Trois-Rivières. Il n'a pas apprécié qu'elle soit mise sur une voie de garage après une conversation avec le chef du Bloc Gilles, Duceppe.
Joint hier, M. Kotto a refusé de parler de sa proposition. «Je compte publier un livre sous peu, je ne veux pas vendre la mèche», explique-t-il, refusant de préciser quelle maison d'édition publierait son ouvrage. L'idée que les politiciens francophones ne doivent pas prendre publiquement la parole en anglais, «j'en parle dans le livre», se contente de dire le député bloquiste.
«On doit être les meilleurs vendeurs de la langue française. Je ne suis pas un ayatollah de la langue française. En proportion en Amérique, on est un seul élève francophone sur 40 élèves anglophones. Mon réflexe de défenseur me dit qu'à partir du moment où on a la capacité de faire du français la langue de référence publique unique au Québec, on a à le faire», explique M. Kotto.
Même s'il parle couramment l'anglais, comme le français et l'allemand, M. Kotto explique qu'il a toujours tenu à répondre en français aux questions qui lui étaient posées en anglais à Ottawa.
Tous les gens «qui jouent un rôle public devraient se donner la responsabilité de faire la promotion et la défense du français», poursuit M. Kotto.
À Trois-Rivières, à la mi-octobre, M. Kotto avait été froissé de voir sa proposition reléguée aux oubliettes, mise de côté par un comité qui choisissait les propositions qu'allaient débattre les délégués bloquistes. «C'était fou comme de la m...» confie un de ses collègues. «Dès le premier caucus du Bloc, Lucien Bouchard nous avait incités à apprendre l'anglais. On ne peut penser une seconde que le chef du parti refuse de parler anglais», résume-t-on.
On ne sait pas quel poids aura eu ce différend avec Gilles Duceppe dans la décision de M. Kotto de passer au Parti québécois.
Le dimanche précédant l'annonce de la candidature de M. Kotto pour le PQ, Simon Bissonnette, directeur général du parti, s'était rendu à la réunion de l'exécutif péquiste de Bourget pour leur annoncer l'atterrissage du député bloquiste. Hier M. Kotto parlait toutefois de son «acceptation de la main tendue du PQ de Bourget».
La salle prévue pour la conférence de presse conjointe de M. Kotto et de Mme Marois, à la maison de la culture de Mercier, avait été réservée dès le jeudi précédent. La députée péquiste sortante, Diane Lemieux, avait été invitée, mais elle a décliné l'invitation.
Ce jour-là d'ailleurs, ulcéré, Gilles Duceppe délestait M. Kotto de ses responsabilités de critique en matière de patrimoine pour les confier à Maria Mourani, bloquiste d'Ahuntsic.
Mme Marois, avant d'aller repêcher M. Kotto, avait offert sans succès Bourget à Joseph Facal, Louise Beaudoin, Jean François Lisée et Elsie Lefebvre.
Le chef du Bloc n'avait pas aimé avoir été informé à la dernière minute de la décision de son député de traverser au Québec. On craignait que d'autres élus bloquistes soient tentés de l'imiter. Or le chef est mal placé pour gronder qui que ce soit. Il avait lui-même lorgné du côté de Québec, avant que Mme Marois n'annonce son intention de succéder à André Boisclair.
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