De lourdes dettes, mais des reins solides

Moody’s permet au Québec et à l’Ontario de conserver leur «Aa2» malgré le poids de leur dette

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Le fardeau de la dette de l'Ontario en proportion de ses revenus désormais plus lourd que celui du Québec

Le Québec et l’Ontario ont des dettes plus élevées que celles de la plupart des gouvernements comparables, mais disposent aussi de plus de ressources pour y faire face, estime l’agence de notation Moody’s.
La dette directe et indirecte nette du gouvernement québécois a fortement augmenté depuis la crise économique, passant de 124,5 milliards, en 2007-2008, à 166,4 milliards, en 2011-2012 (voir tableau en page B 2). Son poids relatif est ainsi passé de l’équivalent de 181 % des revenus totaux du gouvernement à 205 %, ou de 40,7 % de l’économie québécoise à 48,1 %.
La hausse a été encore plus marquée en Ontario, où le montant de la dette a bondi de 150,5 milliards à 247,4 milliards, augmentant son poids relatif de 138 % à 212 % des revenus de Queen’s Park et de 25,2 % à 37,8 % du produit intérieur brut (PIB) ontarien.
Ces proportions sont beaucoup plus élevées que celles qu’on retrouve ailleurs au Canada, les deux autres provinces les plus endettées en proportion de leurs revenus étant l’Île-du-Prince-Édouard (141 %) et la Nouvelle-Écosse (136 %), la Colombie-Britannique (80 %), la Saskatchewan (32 %) et l’Alberta (15 %) étant à des lieues de là.
Même à l’étranger, « seul un petit nombre de gouvernements régionaux et locaux […] présentent un ratio d’endettement dépassant les 150 %, et ces derniers ont typiquement des notes de crédit bien inférieures » à celles qui ont été accordées aux gouvernements québécois et ontarien, note Moody’s.
L’agence accorde aux deux provinces la note de « Aa2 », soit deux petits échelons seulement de moins que la note maximale de « Aaa » qu’elle alloue au gouvernement fédéral, à l’Alberta et à la Colombie-Britannique, et un échelon de moins qu’au Manitoba et en Saskatchewan.
Toutes les ressources nécessaires
Cette apparente magnanimité de la part de Moody’s à l’égard du Québec et de l’Ontario tient en bonne partie à leur « exceptionnelle flexibilité fiscale », c’est-à-dire à leur contrôle total sur leurs revenus et leurs dépenses leur permettant de moduler les uns et les autres en fonction de leurs besoins et des conditions économiques changeantes, observe-t-elle dans un rapport dévoilé lundi. « Dans plusieurs pays, le gouvernement fédéral est le seul à pouvoir lever des taxes à la consommation et un impôt sur le revenu des particuliers et des entreprises », y rappelle-t-on.
Le Québec et l’Ontario ont aussi l’avantage de pouvoir compter sur de grosses économies, le PIB du Québec étant comparable à celui du Danemark alors que celui de l’Ontario s’approche de celui de la Suisse, poursuit Moody’s. « Leurs économies sont non seulement grosses, mais elles sont aussi diversifiées, ce qui leur permet d’amortir les chocs qui pourraient secouer une industrie en particulier. » Cette solide base économique permet à leurs gouvernements de moins dépendre des transferts fédéraux que les autres provinces canadiennes et étrangères. L’agence de notation salue également la gestion de la dette « forte et expérimentée » dont font preuve les deux provinces dans leur utilisation des différentes possibilités que leur offrent les marchés financiers.
Le déficit des retraites
Moody’s se base aussi dans son analyse sur les régimes de pensions dont sont responsables les gouvernements provinciaux. Elle constate que le gouvernement québécois accuse l’un des manques à gagner les plus lourds au Canada avec un déficit actuariel équivalant à presque la moitié (49 %) de ses revenus. C’est un peu mieux que la Saskatchewan et Terre-Neuve (55 %), mais loin derrière l’Alberta (25 %), la Colombie-Britannique (3 %) et l’Ontario (surplus de 2,6 %). « Les obligations du Québec en matière de retraite restent néanmoins gérables et cohérentes avec une note de Aa2 », dit le rapport.
Cette note de « Aa2 » est la plus élevée que le Québec ait atteinte depuis 1975. Il l’avait perdue au début des années 80 pour finalement se retrouver trois niveaux plus bas (A2) au milieu des années 90. Elle a commencé à remonter en 2001 et retrouvé son sommet en 2007. L’Ontario avait obtenu la note « Aa1 » à la même époque, qu’elle a perdue en avril 2012.
La note accordée au gouvernement du Québec par Moody’s est présentée, par le ministère des Finances, comme légèrement meilleure que l’« A + » que lui accorde l’agence Standard Poor’s et l’« A (high) » de DBRS et qui sont toutes les deux un petit cran en dessous des notes décernées à l’Ontario.


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