Justin Trudeau vient de procéder à remaniement ministériel, écartant notamment Stéphane Dion du ministère des Affaires étrangères (rebaptisé « Affaires mondiales » afin d’être davantage conforme à l’image de marque calinours du Canada) pour le remplacer par Chrysia Freeland, considérée persona non grata en Russie, ce qui en dit long sur le positionnement à venir du Canada à l’ère Trump.
Au moment de rédiger ces lignes, on ignore encore si Dion a accepté le poste d’ambassadeur en Allemagne que lui offre le premier ministre. On sait à tout le moins que la proposition lui a été faite. Cette tactique est bien connue, et consiste à détourner l’attention d’une figure politique en lui enlevant sa limousine ministérielle tout en lui offrant un prix de consolation qui n’a rien de déshonorant tant en prestige qu’en salaire : un poste d’ambassadeur à l’étranger. Une bonne manière de se faire oublier tout en profitant maximalement des joies de la vie. Un exil doré, en somme.
En 2002, Alfonso Gagliano, ministre des Travaux publics et ministre responsable du Québec, a été exclu du cabinet par Jean Chrétien lors d’un remaniement. En échange, ce fidèle du premier ministre a été nommé ambassadeur au Danemark. Deux ans plus tard, le scandale des commandites a éclaté et Gagliano a été l’un des noms les plus cités, même si au final aucun membre de la filière politique n’a été condamné.
Gagliano et Dion ont tous les deux participé à la riposte post-référendaire au Québec.
Après le référendum, les dignitaires libéraux ont concocté et mis en place un « Plan B », pour mettre au pas le gouvernement souverainiste de Lucien Bouchard. La manœuvre s’est déclinée en plusieurs volets : agitation du spectre de la partition du Québec ; encadrement juridique par la Loi sur la clarté référendaire ; propagande massive avec le programme des commandites ; sabotage de la diplomatie québécoise, et enfin, déstabilisation financière. Dans ce dernier cas, le plan consistait à réduire unilatéralement les transferts aux provinces pour réutiliser les sommes dans des empiétements présentés comme étant bénéfiques pour le Québec.
Alfonso Gagliano en 2002, Stéphane Dion en 2017. Ceux qui pensaient que le Parti libéral du Canada avait appris de ses erreurs pendant son long séjour dans l’opposition (2006-2015) se sont leurrés. Ou alors, peut-être faut-il conclure que ce sont pas tant des erreurs de parcours mais des pratiques normales, inscrites dans l'ADN du système. Plus le régime libéral change, plus il est pareil.
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