Selon Le Devoir d'hier, qui donne la parole à un militant de Québec solidaire, le Parti québécois lasserait le champ libre à Québec solidaire dans une douzaine de circonscriptions aux prochaines élections provinciales.
Juste là-dessus, juste sur le nombre de circonscriptions que le PQ abandonnerait à Québec solidaire, il y a quelqu'un qui rêve en couleur quelque part.
Toujours selon le même informateur, le PQ abandonnerait Gouin, Mercier, Laurier-Dorion, Rosemont, Outremont à Québec solidaire. Outremont, on parle pour rien dire, mais le PQ abandonnerait Gouin et déplacerait Nicolas Girard pour laisser toute la place à Françoise David? Nicolas Girard est un des rares députés du PQ à s'employer à faire son job de député de l'opposition plutôt qu'à foutre le bordel dans son parti. Le scandale des garderies, c'est lui; c'est lui qui a eu la peau du ministre de la Famille, Tony Tomassi, et on le récompenserait en l'exilant de «sa» circonscription?
Si c'est vrai, ça va encore plus mal qu'on le dit, au PQ.
J'ai entendu aussi que c'est dans Rosemont que le PQ serait prêt à ne pas présenter d'adversaire à Mme David, pour peu qu'elle veuille bien s'y présenter plutôt que dans Gouin. C'est à peine plus vraisemblable. Je n'imagine pas Françoise David reculer devant un affrontement avec Nicolas Girard dans une circonscription prenable (il ne l'a battue que par un peu plus de 2000 voix en 2008). Je n'imagine pas Françoise David se faire élire par... des péquistes dans Rosemont. Pas qu'elle les haïsse, mais si elle a fondé Québec solidaire, c'est précisément parce qu'elle rêve d'un autre Québec que celui des Bouchard, Facal, Legault, Landry, Boisclair, Rebello... différent aussi de celui de Mme Marois. Je vois mal Françoise aller remercier Mme Marois de son élection.
Le raisonnement vaut aussi pour la circonscription de Mercier, où Amir Khadir l'a emporté par moins de 1000 voix. Amir comme Françoise incarnent leur parti, ils ne peuvent pas devoir leur élection au PQ. Ces deux-là gagnent ou meurent. Ils n'ont pas droit aux tractations épicières, c'est pas dans le programme du parti.
Plus j'y pense, plus cette idée d'une coalition circonstancielle est l'une de ces idées qui semblent tomber sous le sens de prime abord mais qui ne tiennent pas la route quand on y repense. Une coalition au nom de quoi, au juste? Au nom de la souveraineté? Une souveraineté de plus en plus ornementale au PQ et une souveraineté qui, à Québec solidaire, passe après le projet social?
Sur un plan purement électoraliste, le PQ n'aurait pas tant à gagner. Trois ou quatre circonscriptions, pas plus. Et Québec solidaire aurait à perdre... son innocence.
Les gens qui ont voté Québec solidaire en 2008 (sauf peut-être dans Mercier et Gouin, où ils pouvaient entretenir l'espoir d'une victoire) ne l'ont pas fait pour élire un député. Ils ont voté Québec solidaire parce qu'ils sont de gauche.
Si, au nom d'un quelconque pacte de non-agression, Québec solidaire ne présente pas de candidats dans certaines circonscriptions pour renvoyer ainsi l'ascenseur au PQ, dans ces circonscriptions orphelines d'un candidat de gauche, Québec solidaire perdra toute crédibilité.
Françoise et Amir vont me haïr (un peu plus, un peu moins!) mais, pour moi, l'élection de trois députés de QS aux prochaines élections et l'obtention de 8% du vote au total serait une grande victoire pour leur parti. Trois députés pour foutre le bordel avec l'enthousiasme d'un Amir, je trouverais ça parfait.
Si le Parti québécois fait élire 10 députés, c'est fini, on n'en parle plus. Québec solidaire, c'est pas ça. C'est pas un parti, c'est une idée, une pensée qui n'a pas besoin de 40 députés pour vivre. C'est un parti de colère et d'espoir.
Un parti qui a le devoir d'être présent dans toutes les circonscriptions. Pour que ceux qui le souhaitent, fussent-ils seulement 12 ou même 3, puissent voter pour la colère et l'espoir.
LA LÈPRE Vous avez été quelques-uns à surenchérir sur ma chronique de samedi qui traitait de gourounerie à travers un livre - Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu'ils entreprennent - de Stephen R. Covey, fondateur du Covey Leadership Center, sorte de multinationale du «développement personnel».
L'arnaque du prêt-à-penser m'a déjà fait hurler (et écrire de nombreuses chroniques). Aujourd'hui, elle m'amuse, ce qui n'empêche pas certains retours d'indignation, comme à la lecture du courriel de cette dame qui m'apprend que l'an dernier, à l'Université de Sherbrooke, dans le cadre d'un cours de deuxième cycle - qui se donne cette année aussi et par la même prof - cours en gestion d'un établissement scolaire, j'insiste sur SCOLAIRE, ladite prof a mis au programme Stephen R. Covey, Priorité aux priorités, une resucée du livre ridicule dont je parlais samedi, «truffé, me dit la dame, de mises en situation simplistes, de citations abracadabrantes et de clichés. J'ai protesté, mais j'ai dû faire mes travaux pareil pour réussir mon examen».
Rendue à l'école, la farce est moins drôle. De la maternelle à l'université, on a ouvert les écoles aux charabias des pseudo-sciences, au bric-à-brac des soi-disant coachs de vie, qui s'entendent à merveille, fouille-moi pourquoi, avec les nouveaux pédagogues. Entre gourous...
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