Dans le ventre de Bombardier

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Se féliciter de nos progrès

Dimanche, je suis allé visiter l’usine de Bombardier à Mirabel.


L’entreprise a organisé une journée portes ouvertes pour la famille et les amis de ses employés.


Étant donné que j’ai une amie qui travaille chez Bombardier (elle ne fait pas partie de la haute direction, je tiens à le souligner), j’ai pu participer à cet événement.


AU PAYS DES GÉANTS


Dire que cette visite m’a impressionné est un euphémisme.


Le hangar où l’on fabrique les C Series est hallucinant. « Huuuuuuuuge », comme dirait Donald­­­ Trump, le petit doigt en l’air et la bouche en cul-de-poule.


J’avais l’impression d’être une fourmi perdue dans un magasin spécialisé dans la vente de modèles d’avion à coller.


Imaginez : six gros avions en train d’être assemblés, des carlingues vides, des robots, des morceaux d’ailes, des ordis partout...


En fait, on se croirait plus dans un laboratoire de biotechnologie que dans une usine. Le plancher des hangars est tellement propre qu’on pourrait littéralement manger par terre.


Mais ce qui m’a le plus touché, ce ne sont pas tant les avions (qui sont magnifiques, je dois le dire) que les employés.


Positionnés un peu partout dans les différents hangars de l’usine, des dizaines d’employés expliquaient (dans un français impeccable) ce qu’ils font.


L’un s’occupe de la finition des toilettes, l’autre aide à installer les moteurs, un autre attache les ailes à la carlingue ou effectue des tests de pressurisation...


Tout l’après-midi, on pouvait ainsi apprendre, de la bouche de ceux-là mêmes qui le font, comment on construit un avion.


AU-DELÀ DES SCANDALES


S’il y a une chose qui relie ces gens-là, c’est la fierté.


Ça se lisait sur leur visage.


Tous les employés présents sur le plancher étaient fiers de montrer à leurs amis, à leurs enfants et à leur douce moitié ce qu’ils font. Et ils sont visiblement fiers de travailler pour Bombardier.


Ne craignez rien, vous ne lisez pas une infopub, je ne suis pas en service commandé. Je vous raconte seulement – et en toute indépendance – ce que j’ai vu.


Si j’avais senti le contraire, je vous le dirais.


Ces gens parlaient des avions qu’ils sont en train de construire comme si c’était LEURS avions. Comme s’ils disaient : « Il y a un peu de moi là-dedans­­­... »


Oui, on peut se poser des questions sur la gestion de Bombardier. Non seulement on peut, mais on doit.


Les subventions à répétition, les augmentations de salaire, la (très) mauvaise décision du gouvernement d’investir spécifiquement dans le C Series plutôt que dans l’entreprise elle-même...


Reste que Bombardier, c’est plus qu’Alain Bellemare et la famille Beaudoin. Ce sont aussi les milliers d’hommes et de femmes qui y travaillent­­­.


Et ces gens-là ont toutes les raisons­­­ d’être fiers du travail qu’ils accomplissent­­­.


LE CHEMIN PARCOURU


Comme m’a dit ma femme en sortant de l’usine : « On peut se péter les bretelles et se féliciter du chemin parcouru. »


Quand mon père avait 30 ans, les Québécois francophones étaient des porteurs d’eau, condamnés à se faire dire « Speak white ! » par des foremen méprisants.


Aujourd’hui, on forme des travailleurs hyper spécialisés capables de construire des avions à la fine pointe de la technologie.


Peut-on le dire, ça aussi ?