Cryptomonnaies: deux mois de prison pour Dominic Lacroix

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Le Plexicoin, une cryptomonnaie québécoise frauduleuse selon l'Autorité des marchés financiers

Le créateur du Plexcoin, cette monnaie virtuelle québécoise qui est dans la mire de l'Autorité des marchés financiers et de Securities and Exchange Commission, prendra le chemin des cellules au cours des prochaines heures.


Dominic Lacroix a été condamné ce matin à deux mois de prison et 10 000$ d'amende pour avoir fait fi d'une ordonnance du Tribunal administratif de l'Autorité financière qui lui interdisait de commercialiser le Plexcoin. Son entreprise, DL Innov, écope pour sa part de 100 000$ d'amende. M. Lacroix, qui n'a toujours pas été arrêté, n'a pas voulu commenter immédiatement. 


Le Plexcoin est une cryptomonnaie mise sur pied cet été par Lacroix, un homme d'affaires de Québec qui a déjà écopé d'une amende de 25 000$, en 2013, après que l'AMF eut sévi contre une entreprise de micro-prêts qu'il avait créée.


Cet été, l'entreprise de Lacroix avait réussi à convaincre quelque 80 000 clients d'investir dans le Plexcoin, selon des documents de cour. Plusieurs de ces investisseurs continuent à ce jour d'échanger le Plexcoin sur le marché des cryptomonnaies, malgré de nombreux avertissements de l'AMF et de la SEC, qui affirment qu'elle est frauduleuse. Une procureur de l'AMF a affirmé devant la cour que 7 à 8 millions de dollars d'investissement sont introuvables dans les comptes liés au Plexcoin. Son cours oscillait autour de 0,03$US ce matin, en nette baisse depuis que la SEC a ordonné un gel urgent des actifs de Lacroix et de ses entreprises.


 


Mais dans l'univers des cryptomonnaies, où la méfiance envers les autorités fait partie de la culture, de nombreux investisseurs croient que ce sont plutôt l'AMF et la SEC qui sont responsables de la baisse de valeur du Plexcoin. Plusieurs, comme Yves Paradis, de Saint-Angèle, continuent même d'investir dans cette cryptomonnaie malgré l'intervention de l'AMF et de la SEC. M. Paradis refuse de dire combien il a investi à ce jour : «On a déjà assez de misère avec l'Autorité des marchés financiers qui se prend pour une police. On est loin d'être des enfants. On est capable de décider par nous-mêmes», a-t-il commenté dans un échange sur Facebook.


Pour s'y retrouver


Les cryptomonnaies sont des devises électroniques échangeables via internet, d'un appareil branché à un autre. L'échange se fait de pair à pair, sans intervention d'un tiers (comme une banque), mais les transactions sont vérifiées par un vaste réseau décentralisé d'ordinateurs qui s'assurent de l'intégrité des transactions par consensus. On en trouve des dizaines en circulation : bitcoin, ether, Litecoin, Dash, Dogecoin, etc. Elles sont généralement lancées lors d'Initial Coin Offerings (ICO), semblables aux premiers appels publics à l'épargne en Bourse. Les ICO ne sont cependant pas régulées et échappent au contrôle des régulateurs traditionnels. Certaines cryptomonnaies, comme le bitcoin, ont récolté depuis leur création des milliards de dollars en capitalisation (200 milliards US dans le cas du bitcoin). D'autres cryptomonnaies ont à peine quelques dizaines de milliers de dollars de capitalisation, et leur cours, semblable à celui des « penny stocks » à la Bourse, est extrêmement volatil. Les gens qui les possèdent peuvent les échanger contre d'autres cryptomonnaies ou contre de l'argent comptant sur des sites d'échange spécialisés.