Crise universitaire

Université - démocratisation, gouvernance et financement



Il faut reculer quelques années en arrière pour comprendre les crises que traversent nos universités aujourd'hui.
Avant, seuls les enfants issus des familles riches poursuivaient l'école au-delà de la sixième année. Les études supérieures, dirigées par les communautés religieuses, étaient réservées à l'élite. Bon nombre d'entre nous sont les descendants d'hommes et de femmes qui n'ont pas fréquenté l'université. Au Québec, la révolution a eu lieu au début des années 60, avec la publication du rapport Parent qui promettait une bonne éducation pour le plus grand nombre.
Plus de 40 ans ont passé et l'université s'adapte encore à ce grand bouleversement. La démocratisation de l'éducation a créé une immense pression sur les institutions universitaires qui ne sont plus ces tours d'ivoire dans lesquelles une poignée de privilégiés discutent de Platon et d'Aristote, n'en déplaise aux nostalgiques des cours classiques. Aujourd'hui, les universités comptent plus d'étudiants et de programmes qu'avant. Et elles manquent d'argent pour financer ces derniers.
Comme le notaient les auteurs du rapport Parent à l'époque: "L'homme moderne n'habite plus l'univers de ses ancêtres" En d'autres mots, l'université de ce début du XXIe siècle n'est ni plus ni moins que le reflet de la société dans laquelle elle évolue: une institution axée davantage sur les résultats et la performance que sur le savoir. Le contexte socio-économique a lui aussi beaucoup changé: face au déficit, l'université doit accepter plus de candidats si elle veut avoir accès aux subventions. Face au grand nombre d'étudiants, elle abaisse souvent ses standards. Elle a en outre développé, à tort ou à raison, des liens parfois contraignants avec l'entreprise privée. Quant aux étudiants qui la fréquentent, la plupart n'ont plus "de temps à perdre" sur les bancs d'école. Ils "investissent" dans un diplôme et attendent des "résultats".
L'état actuel des universités québécoises tel que décrit dans les reportages publiés dans nos pages depuis hier soulève une question fondamentale: est-il possible de conjuguer quantité et qualité en éducation? Au Québec, dans les années 60, nous avons fait le pari que oui. C'est un défi immense, d'autant plus que nos universités sont aujourd'hui coincées entre un lobby étudiant fort qui ne veut rien entendre d'une hausse des frais de scolarité et un financement public inférieur à leurs besoins.
Bien entendu, il n'existe pas UNE solution magique qui réglera tous les problèmes de motivation et de compétence en éducation. Il y en a plusieurs et les résultats ne s'observeront pas en une nuit. L'université évolue et s'ajuste lentement.
Parmi les pistes à explorer, certaines sont déjà à l'agenda de la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne: un resserrement des exigences du programme pédagogique dès l'école primaire, un renforcement de l'enseignement du français, une formation des maîtres revue et améliorée. Ces mesures devraient hausser la qualité de l'enseignement dans nos écoles.
Ensuite, il faudra s'attaquer à la délicate question des frais de scolarité ainsi qu'au système de financement des universités. Des universités pauvres, ça fait rarement des enfants forts.
nathalie.collard@lapresse.ca


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