Couillard sermonne ses troupes

Le message gouvernemental n’est pas au goût du premier ministre

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Il n'y a pas de bonne narration d'un mauvais message

Tandis que le cabinet du premier ministre tente de contrôler le message gouvernemental, Philippe Couillard a rappelé à l’ordre mardi un de ses ministres, contredit deux autres d’entre eux et refusé d’exprimer sans ambiguïté sa confiance envers le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc.

Alors que le ministre des Transports, Robert Poëti, fut forcé de se rétracter en catastrophe, par voie de communiqué lundi soir, après avoir affirmé que la Ville de Montréal pourrait obtenir le pouvoir d’imposer une surtaxe aux propriétaires qui habitent près des transports collectifs, Philippe Couillard a insisté sur l’importance pour son gouvernement de livrer un message cohérent. « Il n’y a pas 25 gouvernements au Québec, il y en a un. Et il y a UN message gouvernemental », a-t-il déclaré en marge d’un point de presse aux côtés du président de l’Islande, Olafur Ragnar Grimsson.

Philippe Couillard a confirmé que c’était la volonté de son gouvernement de réduire le fardeau fiscal des Québécois et non pas de proposer de nouvelles taxes, contredisant ainsi Robert Poëti. « J’indique le message du gouvernement à titre de premier ministre du Québec. C’est mon travail à tous les jours », a-t-il dit.

Jeudi, les ministres ont dû se plier à une nouvelle procédure leur interdisant de répondre aux questions des journalistes avant la réunion du caucus des députés afin qu’ils soient instruits des positions du gouvernement sur les différents sujets du jour. « On veut s’assurer que les ministres qui parlent au nom du gouvernement le font de façon totalement informée en ligne avec le message gouvernemental », a expliqué le premier ministre mardi. À l’évidence, certains ajustements sont encore nécessaires.

Cette consigne du silence matinal est survenue quelques jours après qu’Yves Bolduc eut soulevé la controverse en cautionnant sans réserve les fouilles à nu « respectueuses » dans les écoles. Interrogé par un journaliste si le ministre de l’Éducation jouissait toujours de sa confiance « totale et absolue », Philippe Couillard est resté vague, affirmant qu’il était « très heureux » du travail de son gouvernement, sans mentionner le nom du principal intéressé. « Je ne prévois pas de changement aujourd’hui », a-t-il laissé tomber.

À l’Assemblée nationale, tant le chef de l’opposition officielle, Stéphane Bédard, que le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, ont cherché à sonder le coeur du premier ministre au sujet du ministre qui n’en est pas à ses premiers faux pas.

Philippe Couillard a vanté la « sincérité », le « dévouement », l’« intensité » d’Yves Bolduc, mais pas sa compétence ou son jugement. Est-ce qu’il pense qu’il a le jugement pour être ministre de l’Éducation ? lui a demandé François Legault. « Soyons tolérants, apprécions les personnes comme elles sont », a plaidé le premier ministre.

Philippe Couillard a aussi donné une version toute différente de l’entente intervenue lundi entre la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, et le ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, Pierre Moreau, à la suite de leur rencontre.

Le ministre soutient qu’il a renoncé à rembourser les contribuables longueuillois pour la partie de la hausse de taxe imputée par la mairesse à la réduction des transferts fiscaux par Québec parce que la mairesse s’était engagée à faire des compressions supplémentaires en 2016. Pour Philippe Couillard, c’est plutôt Caroline St-Hilaire qui a fait entendre raison à Pierre Moreau. « Il semble que leur réunion a permis de démontrer de la part de la mairesse de Longueuil que ce qu’elle avait décidé était justifié, compte tenu des obligations qu’elle a », a-t-il souligné.

Enfin, alors que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, amorçait les consultations sur le projet de loi 20 imposant, notamment, des quotas aux médecins, Philippe Couillard a évoqué la possibilité que ces dispositions ne fassent plus l’objet de la loi. « Est-ce que c’est nécessaire de légiférer ? On verra. On va voir la commission parlementaire. On se donne rendez-vous dans quelques semaines là-dessus. »

De son côté, Gaétan Barrette ne partage pas cet optimisme. « Mystérieusement, depuis que le projet de loi est déposé, les gens parlent de solutions, a-t-il déclaré. Si ça avait été fait avant, il n’y aurait pas de projet de loi. »


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