Alors qu’il entamait une mission de cinq jours en France, Philippe Couillard a rencontré lundi le président François Hollande. Cette première visite officielle de Philippe Couillard à l’Élysée a été l’occasion pour le président français de remercier les Québécois de la solidarité qu’ils ont exprimée après les attentats de Charlie Hebdo, mais aussi de souligner qu’il aurait « préféré » que le Québec ne triple pas les droits de scolarité des étudiants français au Québec.
Arrivé lundi matin à Paris, le premier ministre québécois a aussitôt pris la direction des Invalides, où s’est déroulée une cérémonie protocolaire, avant de gagner l’Élysée, où François Hollande est venu l’accueillir au pied des escaliers. Les deux hommes ont discuté pendant plus de 45 minutes de la coopération entre la France et le Québec à laquelle François Hollande dit vouloir donner « une nouvelle impulsion ».
Répondant à l’appel du président, Philippe Couillard a parlé d’une « relation phare ». Lui, à qui l’on avait pourtant reproché d’avoir froissé la France en triplant les droits de scolarité des étudiants français au Québec et de n’avoir pas participé à la grande manifestation du 11 janvier à Paris.
« La relation entre la France et le Québec, c’est la relation phare des politiques internationales du Québec, a déclaré le premier ministre. Le Québec parle de sa propre voix dans les domaines de sa compétence comme État fédéré, mais ces relations privilégiées avec la République française constituent la pierre d’assise de notre action internationale. »
Solidarité avec Charlie Hebdo
Le président français a paru particulièrement touché par les grandes manifestations de solidarité qui se sont déroulées au Québec après l’attentat contre Charlie Hebdo. La manifestation de Montréal a été la plus importante tenue hors de France. Le premier ministre a remis à François Hollande une copie de la résolution de solidarité adoptée par l’Assemblée nationale accompagnée de photos des manifestations. « C’était des milliers de personnes qui s’étaient rassemblées pour dire leur attachement à la France et leur solidarité, leur fraternité », a remarqué le président français.
François Hollande n’en a pas moins affirmé qu’il aurait préféré que le Québec ne triple pas les droits de scolarité des étudiants français au Québec. « Bien sûr que j’aurais préféré que nous en restions à l’accord de 1978 », a-t-il déclaré. Cet accord assurait aux étudiants français un traitement égal à celui des étudiants québécois, comme celui dont jouissent toujours d’ailleurs les étudiants québécois en France. Mais le président fait contre mauvaise fortune bon coeur. « Je crois [que c’est] un bon accord qui permet aux Français d’avoir des conditions privilégiées au Québec », a-t-il déclaré. Le président se félicite que la hausse n’affecte pas les étudiants qui ont déjà amorcé leur cursus universitaire et que les conditions demeurent très favorables pour les étudiants de 2e et 3e cycles.
Les deux hommes ont évoqué le défi que lancent les attentats terroristes aux sociétés démocratiques. Fait à noter, ils n’ont pas du tout le même vocabulaire pour aborder le sujet. Alors que François Hollande évoque la laïcité et la lutte contre l’intégrisme, Philippe Couillard préfère parler de « barbares », de « terroristes » et de « radicalisation domestique ». Même si « sur la laïcité et sur le rapport aux religions, chaque État a sa conception, dit François Hollande, […] nous avons le même objectif qui est de lutter contre la radicalisation, les embrigadements, les phénomènes sur Internet […] qui emmènent des jeunes vers des destinations où ils n’ont pas leur place ».
Le Québec à la Conférence de Paris
Le président français a assuré au premier ministre Couillard que le Québec pourrait se faire entendre à la Conférence de Paris sur les changements climatiques qui se tiendra en décembre prochain. « Je veillerai, avec Laurent Fabius qui est chargé de l’organisation de cette conférence, à ce que justement le Québec […] puisse être non seulement présent, mais puisse s’exprimer », a déclaré François Hollande.
Le président n’a pas hésité à vanter la politique « très avant-gardiste [du Québec] en matière de transition énergétique ». Philippe Couillard a profité de cette rencontre pour proposer à François Hollande la mise en oeuvre une stratégie maritime commune. Plus tard cette semaine, on devrait annoncer la création d’un institut maritime franco-québécois à Rimouski.
En fin de journée, le premier ministre québécois a rencontré le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone. En soirée, il a remis l’Ordre national du Québec à plusieurs personnalités, dont la journaliste féministe Benoîte Groult et le maire de Lyon, Gérard Collomb.
La journée de mardi sera essentiellement consacrée à l’économie. Après plus de 48 heures d’attente, le programme détaillé des ministres qui accompagnent François Hollande n’avait toujours pas été rendu public. Pour justifier leur venue en France, le bureau du premier ministre avait pourtant évoqué de nombreuses rencontres autonomes.
RENCONTRE QUÉBEC-FRANCE
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