ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE

Couillard durcit le ton

Le premier ministre rappelle à l’ordre les opposants à la réforme des régimes de retraite

Ce90d4eece2ed71e498521ea5ab0b3b8

Fléchira, fléchira pas ? Les paris sont ouverts

L’obstruction des groupes de pression n’y changera rien. Le gouvernement libéral avancera d’un « pas décidé » vers le retour à l’équilibre budgétaire, toujours prévu à l’horizon 2015-2016, prévient le premier ministre Philippe Couillard.
« L’heure des choix difficiles a sonné. […] Nous n’avons pas le droit de fléchir », a-t-il déclaré aux participants du 32e congrès-jeunes du Parti libéral du Québec (PLQ) réuni samedi et dimanche à Sherbrooke.
Le chef du gouvernement entendait dimanche donner le ton à l’approche de la reprise des travaux à l’Assemblée nationale. La saison politique démarrera sur les chapeaux de roues avec l’étude du projet de loi visant à assurer la pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées du secteur municipal dans une dizaine de jours.
D’ailleurs, M. Couillard a rappelé à l’ordre les policiers, les pompiers et les autres employés municipaux ayant tapissé des véhicules de police ou d’incendie d’autocollants ou les ayant maculés de boue, ou encore ayant troqué leur uniforme pour des costumes frisant le ridicule ou des vêtements de camouflage. « Je ne suis pas très impressionné par cela », a lâché le chef du PLQ en point de presse, avant d’ajouter : « Je ne vois pas comment cela les aide. »
Le premier ministre n’écarte pas l’application de nouvelles mesures disciplinaires à l’encontre de ceux et celles derrière ces coups d’éclat. « Je pense que leurs patrons vont regarder ça minutieusement. » Il a enjoint dimanche aux opposants au projet de loi 3 d’« exprimer leur opinion […] dans le respect des gens, sans violence et sans atteinte à la propriété de l’État ou à la propriété privée ».
M. Couillard a aussi exhorté les représentants municipaux et syndicaux à négocier de bonne foi tout en ne perdant pas de vue « l’objectif [qui] est incontournable » : renflouer les coffres de retraite. Ceux-ci affichaient un déficit de 3,9 milliards de dollars au 31 décembre 2013.
Selon lui, « il y a une place pour le dialogue », mais le gouvernement demeurera inflexible sur le partage à parts égales des déficits passés des régimes de retraite, y voyant un aspect « fondamental » de la réforme. « Les parties ont avantage à s’asseoir, à discuter, à négocier. […] Il y a amplement de temps pour trouver un accord », a-t-il fait valoir, arguant vouloir rester à l’écart d’une « logique d’affrontement ».
À défaut d’une entente négociée d’ici environ deux ans, la « loi 3 » constituera une porte de sortie « équitable pour les deux parties et les payeurs de taxes », en plus d’assurer la survie des régimes à prestations déterminées pour les jeunes policiers, pompiers et autres employés municipaux, a-t-il soutenu.
« Changements importants et nécessaires »
Les Québécois s’entendent sur la « nécessité » et l’« urgence » d’assainir les finances publiques et de relancer l’économie, a-t-il répété devant quelque 400 membres-jeunes du PLQ massés à l’intérieur de l’auditorium de l’Université Bishop’s. D’ailleurs, une « grande partie » de la population fait bloc derrière le plan de redressement des finances publiques du gouvernement libéral, a soutenu M. Couillard devant les journalistes. Les députés libéraux présents au caucus organisé samedi en marge du congrès-jeunes l’ont conforté dans cette impression. « S’il y a un message qui nous est transmis, c’est […] la crainte de certains citoyens de nous voir reculer devant les manifestations d’opposition, ce qui ne sera pas le cas », a-t-il fait remarquer.
Le gouvernement libéral promet de rétablir l’équilibre budgétaire en 2015-2016, après quoi il s’engage à affecter la moitié des surplus au remboursement de la dette et l’autre à l’allégement du fardeau fiscal des Québécois en faisant tout d’abord voler en éclats la taxe santé. « Les changements importants et nécessaires [pour y arriver] seront faits », a-t-il déclaré, se disant déterminé à donner à la « nouvelle génération » « la même liberté, capacité de choix » dont ont joui les baby-boomers. « Ce n’est pas vrai que je suis revenu en politique [et parvenu] au poste que j’occupe maintenant sans donner tout ce que je peux pour remplir cette mission ! »
Le premier ministre est resté silencieux sur les façons d’y parvenir ; les « missions de l’État » à abandonner, les tarifs, taxes ou impôts à revoir… Il attend des pistes de solution de la commission sur la réforme de la fiscalité québécoise et de la commission sur la révision permanente des programmes. « Ne nous méprenons pas, les décisions seront prises par le gouvernement élu démocratiquement […] et jugées par les Québécois », a-t-il insisté, rappelant néanmoins le « cran d’arrêt » aux dépenses publiques posé par son équipe de ministres au cours des quatre derniers mois ainsi que la relance du Plan Nord et de la Stratégie maritime. « Tout ça est en marche. »
Terrain miné
Le gouvernement s’aventure en terrain miné. Le vent de contestation soufflant sur le projet de réforme des régimes de retraite à prestations déterminées incite à croire que l’« effort national de redressement » ne se fera pas sans heurts. Le gouvernement libéral fera immanquablement face à des levées de boucliers, a prévenu M. Couillard. « Il y a un phénomène normal de résistance au changement. […] Oui, nous écouterons. Oui, nous expliquerons, mais nous avancerons fermement d’un pas décidé. »
Les Québécois ont exprimé un « message très clair » le 7 avril dernier en élisant un gouvernement libéral majoritaire, a-t-il répété. « [Ils savent] que nous aurons le courage et la détermination de mener à bien les changements qui s’imposent. [...] J’aurai ce courage ! », a-t-il promis d’un ton ferme aux militants libéraux.
M. Couillard a appelé les Québécois à retrouver le « même esprit d’engagement et de mobilisation » animant la population québécoise au moment de la Révolution tranquille dans cette vaste opération de redressement des finances publiques.
Le Québec « doit changer » afin de faire face aux défis économiques et démographiques auxquels il est confronté. « C’est la première année que le nombre de personnes en âge de travailler, 15 à 64 ans, a diminué par rapport à l’année précédente. On ne le voit plus le mur, parce qu’on est dedans. »


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->