Enquête publique

Contrer l'omertà

C'est pourquoi la discrétion n'a plus meilleur goût. Il faut changer de scénario et mettre cartes sur table pour enfin venir à bout de l'omertà.

Enquête publique - un PM complice?



On ne sait plus quels mots emprunter pour décrire le climat délétère qui règne présentement au Québec. Faute d'une enquête qui mettrait à jour un système, on a droit aux révélations en pièces détachées, qui nous plongent jour après jour dans une folle tourmente. Il est plus que temps pour le gouvernement de calmer le jeu.
Il y a un an, le Québec bruissait déjà des échos de scandales et de peur. Pour y répondre, le gouvernement a lancé l'opération Marteau et a cru que le congé des Fêtes ferait le reste du travail: les Québécois finiraient bien par se désintéresser de toutes ces méchantes rumeurs de collusion et de malversations.
Et pourtant, l'année 2010 s'achève dans un climat encore pire que celui de l'automne 2009. La journée d'hier fut emblématique à cet égard: absence du maire de Laval à une activité où il devait prendre la parole, menace à l'encontre du député de Québec solidaire, Amir Khadir, départs en cascade de maires membres de l'Union des municipalités du Québec, maire de Mascouche expulsé de son parti, motion de censure à l'Assemblée nationale contre le gouvernement, retrait de Jacques Duchesneau de l'unité anticollusion du ministère des Transports...
Il faut, dans ce brouhaha, tenter de séparer le bon grain de l'ivraie. Mais comment y arriver à partir du moment où le gouvernement n'a pas pris le pari de la transparence, qui est le grand atout d'une commission d'enquête publique?
La toile de fond de la situation actuelle, c'est qu'un système mafieux s'est infiltré au Québec. Pour en venir à bout, il faut que les gens soient contraints de parler, ce que permet de faire une commission d'enquête. Il est faux de croire, comme le gouvernement en a fait le pari avec l'opération Marteau, que le citoyen va contacter la police s'il est témoin d'une situation «délicate». Même un ancien ministre de la Justice, même un député membre du gouvernement qui fonde toute son action sur le recours aux policiers, n'ont pas eu ce réflexe pour raconter que le maire de la troisième ville du Québec les a déjà tentés avec une enveloppe pleine d'argent...
Ce n'est pas la délation qui assure le mieux le succès d'enquêtes policières, mais des stratégies comme l'infiltration ou l'écoute électronique. Mais comme personne ne cause collusion au téléphone, les enquêteurs n'arrivent à avancer qu'à bien petits pas! Les responsables de l'opération Marteau promettent des résultats dans la prochaine année? Cela signifie simplement que les journalistes et l'opposition continueront à multiplier les révélations troublantes. Que le gouvernement Charest s'en satisfasse est incompréhensible.
Cela se comprend d'autant moins qu'il n'est pas sans savoir, si l'on en croit les confidences recueillies de diverses sources par notre collègue Kathleen Lévesque, que ses propres efforts d'enquête sont menacés. Le retrait de Jacques Duchesneau était, semble-t-il, souhaité par des gens qui constataient que son travail, discret, allait bon train et finirait par leur nuire. Les pressions pour le tasser étaient présentes depuis un bon moment: une vieille histoire de prête-noms aura finalement emporté celui qu'on qualifiait de «Monsieur Propre». Voilà le gouvernement bien embêté.
C'est pourquoi la discrétion n'a plus meilleur goût. Il faut changer de scénario et mettre cartes sur table pour enfin venir à bout de l'omertà.


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