Contrats militaires - L'industrie aérospatiale est en colère

Le gouvernement a le devoir de consolider l'industrie au Québec

Contrats fédéraux - F-35 - rejet du Québec


Ottawa -- Les entreprises québécoises qui oeuvrent dans le domaine de l'aérospatiale ne digèrent tout simplement pas l'attitude du gouvernement Harper dans le dossier des retombées économiques des contrats militaires. Selon l'Association québécoise de l'aérospatiale, la province doit recevoir 55 % des retombées économiques de 9,2 milliards annoncées par le ministre de l'Industrie, Maxime Bernier. Des emplois sont en jeu si le gouvernement ne protège pas l'industrie du Québec, a soutenu cette association.
«Le gouvernement fédéral a une responsabilité. Il ne peut pas s'en laver les mains et dire "démerdez-vous"! S'il continue dans cette voie, il faudra mener la bataille», a lancé au Devoir Sue Dabrowski, directrice générale de l'Association québécoise de l'aérospatiale, qui représente les 230 entreprises de ce secteur.
Mme Dabrowski a dit ne pas être surprise des commentaires de Maxime Bernier puisque son association n'a toujours pas réussi à rencontrer le ministre, malgré le fait qu'elle représente tous les joueurs de l'industrie aérospatiale de la province, de la plus petite à la plus grande. «Je suis très déçue. J'espère encore le rencontrer et lui dire que le processus éprouve des problèmes. Il faut travailler en équipe.»
Hier, Le Devoir révélait que le gouvernement Harper n'a pas l'intention de revenir sur sa décision en ce qui concerne les retombées économiques des contrats militaires. Les nouveaux contrats qui seront signés au cours des prochaines semaines avec Boeing (pour les hélicoptères Chinook) et Lockheed Martin (pour les avions C-130J) totaliseront 7,3 milliards de dollars en retombées économiques pour le pays. Cette somme s'ajoute au 1,9 milliard déjà annoncé dans le cadre du contrat des C-17 de Boeing.
L'industrie aérospatiale du Québec, qui représente 55 % de ce secteur au Canada, veut donc récupérer 55 % de cette manne pour continuer à structurer son industrie. Mais le gouvernement Harper refuse d'exiger des retombées par province, laissant aux multinationales américaines le soin de décider où elles réinvestiront les retombées.
Des pertes d'emplois?
«Airbus vient d'annoncer 10 000 mises à pied. Si ça commence à arriver ici, ça va être grave. Il faut travailler à sauver ce qu'on a bâti depuis si longtemps. Et le gouvernement fédéral a une responsabilité. Ses décisions ont un impact sur l'économie», a affirmé Mme Dabrowski. Le secteur de l'aérospatiale représente 40 000 emplois au Québec. «Ces retombées économiques, c'est une occasion qui arrive tous les 30 ans. C'est majeur. Il faut donc l'utiliser pour protéger l'industrie du Québec, exactement comme le gouvernement a protégé l'industrie de l'automobile en Ontario. On ne demande pas la lune. C'est de l'argent public, il faut bien s'en servir», a continué la directrice générale.
Aux Communes hier, le Bloc québécois a sauté sur l'occasion. «Le premier ministre prendra-t-il enfin ses responsabilités et ajoutera-t-il au contrat une clause qui garantit une répartition régionale des retombées?», a demandé Gilles Duceppe. Le premier ministre Harper n'a pas bronché. «Nous sommes en train de créer des contrats pour plusieurs achats militaires. Il y aura des retombées économiques pour toutes les industries de la défense nationale à travers le Canada. Nous venons de commencer», a répondu Stephen Harper.
Le ministre Bernier a soutenu que le Bloc québécois ne prévoyait pas d'achats militaires dans sa plate-forme électorale, ce qui le discrédite. «Avec le Bloc québécois, c'est "pas d'achats militaires". Avec le Bloc québécois, c'est "aucune retombée économique pour le Québec". C'est cela, le Bloc québécois», a-t-il dit en guise de réponse aux attaques du parti souverainiste.
Mais le chef du Bloc n'en démord pas. «On devrait faire la même chose pour l'aéronautique que l'on fait pour l'automobile. L'aéronautique doit être concentrée au Québec. Il y a une masse critique qui se développe. C'est comme ça qu'une telle industrie fonctionne», a-t-il dit à sa sortie de la période de questions. Il a ajouté que Stephen Harper a peur de la réaction de l'Ouest s'il donne l'avantage au Québec.
Le chef du NPD, Jack Layton, estime lui aussi que les retombées économiques devraient suivre le poids de chaque province dans l'industrie, même si les pourcentages ne sont pas respectés à la lettre.


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