Consensus et légalité - selon nos politiciens

En effet, il y a un consensus au Québec, mais il n’est pas autour du nouveau cours étatique d’Éthique et culture religieuse imposé par les Parlementaires à Québec.

Tribune libre 2009

Selon les sondages les plus fiables, les parents, en très grande majorité,
sont en faveur de l’enseignement religieux et moral dans les écoles
publiques et privées du Québec. Ceux-ci fréquentent rarement les lieux de
culte mais tiennent à ce que leurs enfants soient élevés dans la tradition
religieuse où leurs parents les ont élevés. Il y a là un grand paradoxe.
Les Québécois n’en sont pas à leur premier.
Il y a quelques jours, Jean Charest, Premier ministre du Québec, déclarait
tout à fait le contraire, suite à la marche tenue par des milliers de
parents à Drummondville et qui dénonçaient l’imposition du cours Éthique et
culture religieuse. Pour justifier l’imposition de ce nouveau cours, le
Premier ministre affirmait, le plus sérieux au monde, que cette démarche
reflétait un large consensus au Québec et était parfaitement légal.
En effet, il y a un consensus au Québec, mais il n’est pas autour du
nouveau cours étatique d’Éthique et culture religieuse imposé par les
Parlementaires à Québec. Il l’est au sujet de l’enseignement religieux
catholique et protestant et de l’enseignement d’une morale naturelle. Les
Québécois veulent ce type d’enseignement dans leurs écoles, et ils le
veulent à plus de 80 %. Ils ne veulent pas autre chose. Les autorités
politiques, toute partisannerie confondue, souhaitent et imposent, depuis
quelques mois, exactement le contraire. Si la démocratie c’est la volonté
du peuple, par le peuple et pour le peuple (Abraham Lincoln), le Québec est
anti-démocratique et bafoue la volonté du plus grand nombre. Comment
comprendre ce non respect des citoyens et ce chambardement imposé, contre
la volonté d’une claire majorité? L’histoire politique récente du Québec
fournit la réponse.
La Charte des droits et libertés de la personne régit, depuis plus de 25
ans, le fonctionnement de la société civile québécoise. L’énoncé original
de cette Charte (1982), à l’article 41, était pourtant bien clair. «Les
parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d’exiger que,
dans les établissements d’enseignement publics, leurs enfants reçoivent un
enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions, dans le cadre
des programmes prévus par la loi.» Une telle formulation reconnaissait
l’autorité primordiale des parents dans la transmission des valeurs
religieuses et morales.
En juin 2005, l’Assemblée nationale adoptait majoritairement et à toute
vapeur, la loi 95 qui modifiait l’article 41 de la Charte des droits et
libertés de la personne. L’article se lit maintenant ainsi : «Les parents
ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d’assurer l’éducation
religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs convictions,
dans le respect des droits de leurs enfants et de l’intérêt de ceux-ci.»
Le libellé de la première version (1982) et celui de la deuxième version
(1995) semblent à tous points semblables, pour qui ne fait pas attention.
Dans la première version, les parents ont le droit d’exiger. Ils sont donc
les premiers responsables. Dans la deuxième version, les parents deviennent
les mandataires (ils n’exigent plus…ils s’assurent) d’une autre personne
qui peut juger de ce qui est dans l’intérêt de l’enfant en matière
religieuse et morale. Aucune personne n’étant nommée explicitement dans
l’article modifié de la Charte, il va de soi que c’est l’État qui doit
faire respecter cette règle et, forcément, celui-ci devient le détenteur
d’un droit qui, il n’y a pas si longtemps, revenait exclusivement aux
parents.
Jean Charest a raison. La démarche actuelle gouvernementale est
parfaitement légale. Puisque son gouvernement, - avec la complicité de
l’Opposition péquiste de l’époque - a changé la loi afin de faire
légalement ce que les parents n’ont jamais voulu que leur gouvernement
fasse dans les faits : leur enlever le droit fondamental d’élever leurs
enfants selon leurs convictions religieuses et morales.
Le nouvelle article 41 de la Charte québécoise viole la liberté de
conscience et va en contradiction avec les Chartes internationales de
droits et libertés. Elle permet à l’État québécois d’imposer le contenu
d’un cours d’éthique et culture religieuse, sans que les parents aient le
droit de s’y opposer, sans que les parents aient le droit d’en soustraire
leurs propres enfants, sans que les parents aient un droit de regard sur le
contenu religieux et moral enseigné à leurs enfants.
L’État du Québec, par le biais du Ministère de l’Éducation, peut,
dorénavant imposer, modifier, ajouter un contenu idéologique particulier
dans les cours offerts, tant au niveau primaire que secondaire, sans que
les parents puissent dire un seul mot. C’est, en d’autres termes,
l’imposition d’une religion d’État, sans droit de regard venant de ceux qui
sont les premiers concernés. L’État, unilatéralement peut décider ce qui
doit être transmis comme valeurs religieuses et morales à tous les
étudiants fréquentant les écoles du territoire québécois. Subrepticement,
le Québec est tombé, sans le savoir et sans le vouloir clairement, en
régime totalitaire. Contenu étatique; assistance obligatoire aux cours,
aucune dérogation. Il y a des régimes politiques qui ont procédé ainsi dans
l’histoire du XXe siècle. A chacun d’en dresser la nomenclature.
J'ai lu le contenu intégral du devis du cours Éthique et culture
religieuse imposé par le Ministère de l’Éducation, tant au niveau primaire
et secondaire. A mon sens, ce cours sème la confusion dans les esprits des
jeunes, enlève aux parents un droit fondamental qui est la transmission des
croyances familiales, met sur le même pied d'égalité «religion révélée»
(surnaturelle) et ««religions dites naturelles», et surtout, permet au
gouvernement d’imposer des philosophies et des contenus religieux qui ne
relèvent pas de sa compétence et qui peuvent aller à l’encontre de la
volonté des parents.
De toute façon, ce nouveau programme est voué à l’échec. Les professeurs
sont mal préparés pour l’enseigner. Ceux qui essaient de le faire, en
grande majorité, le font à contre cœur, souvent pour compléter une tâche
régulière incomplète. On voit ici le sérieux du Ministère de l’Éducation
qui accepte, que des incompétents livrent un contenu ténébreux, mal ficelé,
souvent incohérent. Dans quelques années, le Ministère sera autorisé à
dire que les jeunes ne veulent plus rien savoir de la religion et procédera
à l'abolition pure et simple de ce cours inadapté, allant à l’encontre des
droits fondamentaux des parents.
Le Premier ministre peut bien dire que l’action de son gouvernement est
légale et rejoint un consensus dans la population. Il a, avec la complicité
de Pauline Marois qui se tient coi, l’habileté du politicien qui joue avec
les mots. Les parents, d’une part, souhaitaient, à plus de 80 %, conserver
le droit de choisir entre l’enseignement religieux catholique et protestant
et le cours de morale naturelle. D’autre part, le consensus autour du cours
Éthique et culture religieuse n’existe tout simplement pas. Et pour rendre
légale l’action de son gouvernement, il a profité de la canicule de l’été
1995, en accord (pour une fois…) avec le Parti québécois, pour modifier la
Charte québécoise, article 41, qui permet à l’État d’assurer la
transmission d’une culture religieuse de son choix, enlevant ainsi aux
parents le droit d’exiger qu’un enseignement soit fait, conformément à
leurs droits fondamentaux.
Sur une question aussi fondamentale, le gouvernement devrait se prévaloir
de la loi sur les consultations populaires. Et faire, dans les plus brefs
délais, un référendum sur la question. De toute évidence, il pourrait avoir
des surprises. La question référendaire pourrait être la suivante :
Acceptez-vous que le gouvernement du Québec abolisse la loi 95 qui
modifiait l’article 41 de la Chartre des droits et liberté de la personne
et redonne aux parents le droit fondamental de choisir le type
d’enseignement qu’ils leur convient dans le domaine religieux et moral? Les
Québécois, pour une fois, pourraient bien être tentés de voter Oui !
Nestor Turcotte - Matane
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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7 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    20 mai 2009

    @ Mme Marie Mance Vallée:
    Je ne veux pas vous contredire, chère Mme vallée, mais je serais porté à croire, que vous attribuez au peuple, comme vous dites, une prévoyance dont il n'est pas nécessairement capable. Je crois que ce que certains vous ont dit, concernant un imaginaire petit régime totalitaire québécois, si le référendum avait été gagné, reflète d'abord certaines peurs que des propagandistes fédéralistes leur ont mis dans la tête...
    J'habite à Québec, et je crois pouvoir dire que nos deux radios-poubelles plus ou moins officielles, font des victimes au niveau mental, souvent, avec ce type de «programmation».
    Et puis, écoutez, même si jamais une fois le Québec indépendants, il faudrait s'assurer que de tels idéologues respectent la volonté et les droits du peuple... est-ce que de tels idélogues de chez nous, pourraient faire pire que Stepehn Harper ou John James Charest? Je pense que nous serions mieux servis, par un gouvernement qui soit vraiment le nôtre, bien qu'imparfait, plutôt que par le régime néocolonial canadien et ses collabos et agents (comme notre ami Charest).
    Le gros bon sens... Si l'on écoute un animateur de radio-poubelle ou un politicien démagogue, on peut se rendre compte que cela sert de prétexte à «garrocher» bien des énormités et à véhiculer bien des clichés, sans avoir la rigueur (ou l'honnêté) de faire l'effort de les appuyer au moyen d'arguments valables.
    Mais attention: je parle du public des radios-poubelles; je vous assure que nous ne sommes pas du tout tous comme ça, à Québec. Et que notre ville est loin d'avoir le monopole des «suiveux de troupeau»!
    Et remarquez bien... je n'échangerais pas nécessairement nos radios-poubelles locales, contre la petite élite pseudo-intellectuelle du showbiz montréalais, du genre Guy A. Lepage ou Marie-France Bazzo, qui avec leur style à eux, causent autant de dommages cérébraux, dirais-je...

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mai 2009

    Monsieur Turcotte,
    Voici ce que j'entends régulièrement parmi la population des gens ordinaires dont la plupart sont des souverainistes-indépendantistes : « Nous l'avons échappé belle en 1995. S'il avait fallu que le référendum passe, nous n'osons imaginer ce que nous serions devenus avec tous ces idéologues qui n'ont aucun respect pour la population. Et surtout de ce qu'elle pense.»
    La première fois que j'ai entendu ce propos j'ai été estomaquée. Et depuis, je me suis mise à bien observer ce qui se passait et je me dis : « Vox Populi, Vox Dei » ou si vous préférez du « gros bon sens ». La population avait peut-être vu et senti bien avant nous ce qui se déroule sous nos yeux depuis quelques années.
    Marie Mance Vallée

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mai 2009

    Monsieur Bergeron,
    Vous écrivez de grandes vérités que d'aucuns ne voudront pas entendre dans le milieu dit souverainiste ou indépendantiste. Notre langue se meurt à cause des pleutres péquistes qui se sont avachis devant les pressions et notre religion traditonnnelle s'éclipse au profit de toutes les tendances, sous pretexte de vivre la tolérance.
    Un peuple qui se renie à ce point peut-il, en oubliant son histoire et ses racines, devenir un jour matûre? Je suis honni de certains milieux dits souverainistes du Québec parce que j'ai osé dire et écrire ce que je dis et écris au sujet de la langue et surtout de la religion de nos ancêtres.
    Le fond québécois est resté le même: le renier, c'est rester dans l'immobilisme qui le caractérise présentement.
    Nestor Turcotte

  • Jacques Bergeron Répondre

    20 mai 2009

    Cher Nestor, nous savons tous et toutes, que nos politiques sont assujettis à la pensée des «intégristes de la laïcité» qui ont su les convaincre que la société «Québécoise» (avec un «Q» majuscule) était une société sans Dieu ni religion. Alors qu'il serait si facile de décréter que l'on pourrait accepter,que des cours de religion pourraient se donner après les heures de cours dans des locaux prêtés aux parents qui voudraient que leurs enfants reçoivent une formation religieuse,donnée par des «ministres» des différentes religions,ministres dont les formations devraient être reconnues par l'État. Il aurait été si facile d'accepter que l'on déroge à la loi et au nouveau programme si on avait cru en la liberté des «individus» de déterminer que leurs enfants devraient recevoir une formation religieuse selon leurs croyances.Il aurait été si facile d'accepter que l'on déroge à la loi et au nouveau programme si les parents de différentes écoles ou de différentes commissions scolaires désiraient que leurs enfants suivent des cours de religion en réclamant une dérogation pour ce faire. Mais non, nos politiques, ce qui inclus les dirigeantes et les dirigeants des commissions scolaires, si scrupuleux lorsqu'il s'agit de leur liberté et de leur droit,n'acceptent pas de reconnaître cette liberté et ce même droit aux Québécoises et aux Québécois lorsqu'ils demandent que leurs enfants reçoivent une formation religieuse.On doit reconnaître que ces gens ont déterminé que le Québec était un pays sans Dieu, ni religion même s'ils conservent la «croix» dans leur lieu de délibération.Que ne feraient-ils pas pour démontrer leur ouverture aux autres,en se fermant à leurs concitoyennes et à leurs concitoyens? L'auteur de ce texte/réponse a fait partie du premier groupe (début 1970 CSDM) qui a voulu que le Québec devienne un pays «laïc» dans ses institutions politiques et scolaires. Il n'a jamais prôné que le Québec soit un pays sans Dieu ni religion, comme il a toujours réclamé que les religions puissent être enseignées dans des locaux prêtés par les commissions scolaires après les heures de cours,là où il y aurait une demande bien sûr?Voir: Mémoire soumis à la commission siégeant sur l'avenir du Québec, février 95, Jacques Bergeron Ahuntsic, Montréal

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mai 2009

    Madame Vallée,
    Je pense que vous mettez le point sur un élément fort important. Si on sort de «l'intelligentia» montréalaise et qu'on se promène parmi le peuple, on s'aperçoit vite que les gens n'ont pas peur en soi de l'indépendance, mais ont peur de ce que certains penseurs dits indépendantistes posent comme gestes anti-démocratiques, même s'ils ont toujours ce beau mot à la bouche.
    Et ils se disent...qu'en sera-t-il dans un état indépendant, si antérieurement, des gestes sont posés, qui violent les principes mêmes de la démocratie? Ils ne font pas confiance. C'est tout. On n'a pas à chercher midi à quatorze heures. La cause de l'indépendance stagne parce que le peuple pense que ceux qui leur proposent une telle aventure ne les respectent tout simplement pas dans leur démarche.
    Nestor Turcotte

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mai 2009

    Comme dans la défunte URSS.
    Nous ne pouvons plus confier nos sous au gouverne-ment, imaginez le reste...
    Et là, ce ne sont pas les Anglais et leurs alliés qui nous détruisent...mais bien les nôtres.
    Marie Mance Vallée

  • Raymond Poulin Répondre

    19 mai 2009

    Ce que vous dites de la Charte des droits et de l’opinion générale des parents est exact. Quant au cours D’ECR, il s’agit d’une macédoine cultuelle qui n’aborde aucunement la spiritualité, en plus de proposer certaines activités allant à l’encontre de l’objectif déclaré. On a trompé la population, et cela ne peut avoir été fait innocemment, compte tenu de tous ceux qui lui ont prêté la main et de tous ceux qui forcent la main des parents. Bien que n’appartenant à aucune Église, j’abonde dans votre sens au nom de la liberté en général et des droits des parents en particulier. Autant la collusion qui existait naguère entre l’État et l’Église catholique que la collusion actuelle entre le même État et ceux qui veulent déraciner toute spiritualité et toute appartenance relèvent d’un totalitarisme, même si une bonne part des députés qui ont accepté cette mauvaise action l’ont fait par manque de discernement, ce qui s’avère parfois plus dangereux que la simple mauvaise foi.