Code d'éthique - Sur la bonne voie

JJC - chronique d'une chute annoncée



Le premier ministre Jean Charest renonce au salaire de 75 000 $ qu'il reçoit de son parti. Il espère ainsi obtenir le concours de l'opposition à l'adoption du projet de loi numéro 98 instituant un code d'éthique et de déontologie pour les membres de l'Assemblée nationale. Applaudissons, car est par là levé le seul véritable obstacle à l'adoption de ce code dont l'absence a ouvert la porte ces deux dernières années à tous les soupçons et à tous les doutes sur l'intégrité du gouvernement libéral.
Ce geste, Jean Charest le pose à son corps défendant. Depuis des mois, il résistait, jugeant que ce salaire était légitime et qu'il lui était nécessaire pour assurer son «train de vie». Nul doute qu'un premier ministre mérite plus que les 175 000 $ de salaire annuel qu'il touche de l'État, mais ce supplément, qu'il a caché pendant des années, était en train de miner complètement son autorité en raison des allégations répétées relativement au respect par son parti des règles de financement.
Après le congédiement du ministre Tony Tomassi pour cause de manquement grave à l'éthique, Jean Charest ne pouvait pas ne pas renoncer à ce complément de salaire. S'il était inacceptable pour Tony Tomassi d'avoir bénéficié d'une carte de crédit payée par un ami et contributeur à la caisse électorale libérale, il était tout aussi inacceptable pour le premier ministre de recevoir de l'argent puisé à cette même caisse électorale aux sources douteuses. Le premier ministre aurait dû comprendre bien avant aujourd'hui que sa crédibilité vaut bien plus que ces 75 000 $.
Le calcul politique n'est pas absent de la décision de Jean Charest. Les attaques incessantes du Parti québécois sur l'intégrité de son gouvernement le laissaient de plus en plus sans réponse. Il pourra désormais lui opposer sa volonté d'assainir les moeurs politiques et terminer la session sur une note positive.
On ne peut manquer de noter que l'adoption de ce code d'éthique surviendra sept ans après que le premier ministre en eut fait la promesse. C'était lors de la campagne électorale de 2003 qui l'a porté au pouvoir. Tous les prétextes ont été bons, notamment la recherche d'un consensus parmi les parlementaires, pour remettre toujours au lendemain un débat sérieux sur le sujet. Maintenant que l'on y vient, il faudra s'assurer de boucher tous les trous que contient le projet de loi 48.
Le gouvernement déposera des amendements, ces prochains jours, le plus attendu portant sur l'interdiction formelle pour les élus de toucher une rémunération autre que celle versée par l'État. Il faudra aussi que la loi interdise formellement aux ministres de demeurer propriétaires d'une entreprise faisant affaire avec le gouvernement. Les règles doivent restreindre chaque fois qu'il est possible les occasions de conflits d'intérêts, mais surtout instaurer une culture éthique chez les élus qui puisse servir de modèle au reste de la société. Une culture inspirée par le sens de l'honneur qu'il faut retrouver.
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bdescoteaux@ledevoir.com


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