Charest refuse que la Caisse de dépôt fasse état de son propre bulletin de santé

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L'affaire de la CDPQ — le scandale

Malgré la tempête financière que traverse la Caisse de dépôt et placement du Québec, le chef libéral Jean Charest reste de marbre devant la situation de cette institution dont le président et chef de la direction, Richard Guay, vient de prendre un congé forcé pour des raisons de santé.
«La Caisse de dépôt continue de fonctionner normalement», a déclaré hier Jean Charest au cours d'un point de presse à Rivière-des-Prairies, dans la circonscription de Lafontaine. C'est une institution qui est forte et dont l'équipe est forte, a répété le chef libéral.
Il n'est pas question que le gouvernement intervienne dans les affaires de la Caisse, a-t-il dit. «La Caisse fonctionne de manière autonome», a-t-il indiqué. «La pire chose à faire, c'est d'intervenir politiquement dans les affaires de la Caisse.» Il a critiqué ses adversaires Mario Dumont et Pauline Marois, qui veulent, selon lui, mettre le nez dans les affaires de la Caisse.
La Caisse de dépôt a confirmé hier que son président prenait un congé d'une durée d'un mois, sous ordre de son médecin. Elle a aussi annoncé qu'elle mettait à pied dix gestionnaires de portefeuille d'actions étrangères parce qu'ils étaient incapables de faire mieux que les indices boursiers.
Le départ de ces gestionnaires est un changement «d'ordre administratif» qui «fait partie du cours normal des choses», a soutenu M. Charest.
En outre, Jean Charest s'oppose à ce que la Caisse dévoile ses rendements financiers avant la fin son année financière, soit le 31 décembre. Habituellement, la Caisse rend public son rapport annuel en mars, en le déposant à l'Assemblée nationale. Comme toutes les caisses de retraite semblables, telles les caisses ontariennes TEACHERS et OMERS, «la Caisse perd sur une période de dix ans», a dit M. Charest.
Du côté de l'Action démocratique du Québec, on s'inquiète de la situation de la Caisse. Son porte-parole en matière de finances, Gilles Taillon, croit notamment que les pertes sur le papier commercial que détient l'institution financière pour une valeur de plus de 13 milliards de dollars serait plus importante que prévu. «C'est très inquiétant qu'il y ait à la Caisse de dépôt un remue-ménage comme celui-là. C'est certainement un signe que ça ne va pas», estime M. Taillon.
La chef du Parti québécois a réclamé que Jean Charest se montre «transparent» et qu'il fasse un bilan de la situation à la Caisse de dépôt. «C'est le bas de laine des Québécois, on y tient, on veut qu'il y ait une bonne rentabilité», a-t-elle fait valoir. En changeant la mission de la Caisse, en 2004, le gouvernement Charest a exigé de l'institution des rendements plus importants, ce qui a donné des investissements plus risqués, notamment dans le papier commercial et dans une participation dans l'aéroport de Londres, croit la chef péquiste.
«Jean Charest voulait se dépêcher de déclencher des élections avant que les Québécois apprennent les mauvaises nouvelles», a accusé le porte-parole péquiste en matière de finances, François Legault, par voie de communiqué. «Mais aujourd'hui, le bouchon a sauté à la Caisse et le premier ministre doit dès maintenant donner l'heure juste aux Québécois.»
M. Legault a repris son évaluation des pertes de la Caisse, qu'il établit à 30 milliards cette année. «Cette information circule abondamment, à l'effet que ce chiffre de 30 milliards correspond à la réalité et serait sans doute conservateur», a-t-il dit.
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Avec la collaboration de Guillaume Bougault-Côté et d'Antoine Robitaille


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