Charest demande une majorité

Le chef libéral promet de ne pas redevenir le premier ministre intransigeant qui a mécontenté les Québécois lors de son premier mandat

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Élection Québec - 8 décembre 2008

Québec -- Le chef libéral Jean Charest a promis que, même s'il obtient le 8 décembre prochain un gouvernement majoritaire, ce qu'il appelle de tous ses voeux, il ne redeviendra pas le premier ministre intransigeant qui a mécontenté les Québécois lors de son premier mandat.
«J'ai bien compris le message des dernières élections», a affirmé hier Jean Charest lors du premier point de presse de la campagne électorale. En mars 2007, son gouvernement est passé de son statut de majoritaire à celui de minoritaire, et c'est à lui «personnellement» que les Québécois ont adressé leur message, juge le chef libéral. Le Jean Charest nouveau est devenu attentif aux souhaits de la population, il explique ses décisions avant de les prendre et il recherche les consensus, a-t-il fait valoir.
Le seule question à laquelle les Québécois devront répondre le 8 décembre, c'est «à quelle équipe font-ils confiance pour diriger le Québec dans cette période de tempête économique?», selon Jean Charest. Au lendemain de l'élection historique de Barack Obama à la présidence des États-Unis, les parallèles avec les élections québécoises se sont multipliés hier. Pour Jean Charest, les Américains ont choisi «la meilleure équipe et le meilleur plan» pour redresser l'économie. L'enseignement qu'il en tire, c'est que, «dorénavant, on choisit nos leaders en fonction de leur compétence et des enjeux. On ne les choisit pas parce que c'est un Noir ou un Blanc».
En ces temps incertains sur le plan économique -- ce que le chef libéral n'a pas manqué de souligner à grands traits --, le Québec a besoin de stabilité. «Je suis profondément convaincu que ça prend de la stabilité politique pour avoir de la prospérité économique», a-t-il dit.
«Les Québécois savent très bien qu'un gouvernement minoritaire, c'est un gouvernement instable», a-t-il avancé. La cohabitation avec les deux partis d'opposition, cohabitation dont il vantait les vertus il y a quelques mois à peine, ne lui convient plus. «Cette cohabitation pouvait être praticable en temps de croissance; elle constitue un risque déraisonnable en période d'incertitude.»
Le chef libéral a vilipendé l'Action démocratique du Québec et le Parti québécois parce qu'ils ont voté contre la baisse d'impôt d'un milliard et les investissements massifs dans les infrastructures, deux mesures qui ont stimulé l'économie. «Si on avait écouté Pauline Marois et Mario Dumont, aujourd'hui le Québec serait en récession», a-t-il dit. Jean Charest n'a pas précisé quelles mesures économiques le gouvernement n'a pu mettre en oeuvre à cause des réticences des partis d'opposition.
Aux électeurs qui en auraient soupé des élections, Jean Charest répond que la meilleure manière d'en éviter la répétition, c'est d'élire des gouvernements majoritaires. «Le mandat que je demande pour l'économie, avec un gouvernement stable et un gouvernement majoritaire, signifierait qu'il n'y aurait pas d'élections pour longtemps après le 8 décembre», a-t-il argué.
Jean Charest, qui s'est rendu en matinée chez le lieutenant-gouverneur pour dissoudre l'Assemblée nationale et déclencher les élections, a défendu sa décision en soutenant que les Québécois risquaient autrement «d'être forcés d'aller en élections par l'opposition en plein coeur de la crise», c'est-à-dire au printemps.
Pour ce coup d'envoi, l'équipe libérale avait porté son dévolu sur le splendide site du quai des Cageux de la promenade Samuel-De Champlain, construite à grands frais à l'occasion des fêtes du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec. Jean Charest, qui s'est réservé la responsabilité de la région de Québec après le départ de Philippe Couillard, s'est inspiré de l'endroit pour rappeler l'«année exceptionnelle» que les Québécois ont vécue. «Les Québécois ont partagé un immense sentiment de fierté», a-t-il souligné.
En homme politique aguerri, Jean Charest veut en profiter. Le slogan de la campagne libérale -- «L'économie d'abord. OUI.» -- est une allusion aux référendums sur la souveraineté, a reconnu Jean Charest. «Oui, il y a un clin d'oeil là-dedans, a-t-il dit. Je le vois dans le contexte de 2008, où justement notre drapeau appartient à tout le monde et le OUI appartient à tous les Québécois.»
La proximité du fleuve Saint-Laurent -- «un fleuve qui en a vu beaucoup, de marées» -- a aussi permis à Jean Charest de recycler une ligne qu'il aime bien dire. «On ne peut pas avoir trois paires de mains sur le gouvernail alors qu'il y a une tempête qui s'annonce», a-t-il déclaré. Le chef libéral parlait d'un «volant» dans une autre version de cette métaphore.
En matière de finances publiques, Jean Charest a soutenu que son gouvernement, à commencer par la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a dévoilé «tous les chiffres». Il n'a pu expliquer pourquoi les états financiers du gouvernement pour 2007-08, qui sont pourtant prêts, n'ont pas été dévoilés avant les élections. «Les chiffres sont les mêmes; ça ne change rien», a-t-il indiqué.
Le différend qui oppose la ministre des Finances et le vérificateur général, Renaud Lachance, qui affirme que le gouvernement affiche un déficit plutôt qu'un surplus, est une question de «conformité comptable qu'on s'est engagés, nous, à régler mais qui a été bloquée par les oppositions», estime le chef libéral. Le projet de loi 85, qui régularisait la comptabilité gouvernementale, n'a pu être adopté, forçant le gouvernement à «violer l'esprit de la loi» sur l'équilibre budgétaire, selon le vérificateur général. Et c'est la faute de l'opposition, a dit Jean Charest, qui voit là une illustration de l'échec de la cohabitation.
Le chef libéral dévoilera ce matin à Québec et ce midi à Montréal son plan d'action économique, la pierre angulaire de la plate-forme électorale du PLQ.


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