Des milliers de parents ont organisé des chaînes humaines devant les écoles publiques aujourd’hui pour dénoncer les compressions budgétaires dans le milieu de l’éducation.
«Je n’arrête pas de dire à mes enfants qu’il faut travailler fort, que l’école c’est important, et j’ai un gouvernement qui contredit ce que je dis en tant que maman», dénonce Anne-Cécile Roy, 42 ans, qui manifestait avec ses deux garçons de 5 et 8 ans devant l’école primaire Rose-des-Vents dans Rosemont.
Pour la troisième fois en quelques mois, parents et professeurs se sont tenus devant les entrées des écoles publiques trente minutes avant la rentrée des classes pour dénoncer les coupes de 350 millions de dollars du gouvernement Philippe Couillard. Le mouvement, appelé «Je protège mon école publique» touchait plus de 260 écoles à travers le Québec.
«On est un groupe de parents qui s’est levé spontanément pour dire "ça suffit", explique Pascale Grignon, porte-parole de l’évènement. Ça fait plus de six ans qu’il y a des compressions en éducation, et là on sent que ça touche directement la qualité de l’enseignement que les enfants reçoivent. Il fallait qu’on réagisse.»
À l’école publique Rose-des-Vents, les participants se sont tenus par la main en scandant le slogan du mouvement, encouragés par le bruit des klaxons des voitures. Beaucoup d’enfants accompagnaient les parents.
«C’était important de venir avec mes enfants parce que je veux leur montrer qu’il faut parfois se battre pour ses idées», estime Mme Roy.
D’autres parents venaient en soutien au personnel. «Je manifeste surtout en soutien aux professeurs, explique Josée Prévost, 50 ans. Leurs conditions de travail se détériorent et ce sont les enfants qui écopent. Ils donnent beaucoup de leur temps. Il faut leur reconnaître ça.»
Son fils de 12 ans vient tout juste d'entrer au secondaire. Mais elle sentait le besoin de revenir sur place pour manifester. «C’était mon école primaire quand j’étais jeune», dit-elle.
Annonces des compressions
Si beaucoup de parents de la petite école de Rosemont disent ne pas savoir encore comment les compressions vont affecter l’établissement, ils sont persuadés que ce n’est pas pour le mieux. «On va bientôt avoir les assemblées. On nous en dira plus. On fait de la prévention en attendant», indique Geneviève Huot, 44 ans.
À l’école Saint-Jean-de-Brébeuf, que les deux enfants de Pascale Grignon fréquentent, en revanche, les décisions ont déjà été prises. «Le technicien en éducation et l’orthopédagogue ont déjà perdu leur emploi, prévient-t-elle. C’est vraiment dommage car ce sont des gens importants dans les écoles, qui amènent des projets pour les enfants.»
Elle constate également que les groupes ont doublé dans les gymnases et que les professeurs d’art plastique n’ont plus de salles attitrées. «Imaginez faire de la gouache avec 20 enfants sans lavabo. C’est du pratico-pratique. Ça affecte le quotidien de l’école», dit-elle.
De nombreux députés ont profité de l’occasion pour se joindre aux manifestants. «Je suis impressionnée par cette mobilisation, indique Françoise David, chef de Québec solidaire. En tant que député, il faut qu’on fasse notre travail. Mais quand on est soutenu par des groupes de citoyens aussi importants, ça fait toute la différence.»
«Le gouvernement Couillard n’aura pas d'autre choix que d’écouter. Il va devoir réfléchir à son affaire et reculer, sinon, le mouvement n’arrêtera pas», prévient-elle.
En mai, 250 parents avaient participé au mouvement dans 26 écoles. Le 1er juin, on parlait de 8000 personnes dans plus de 100 écoles. Cette fois-ci les organisateurs attendaient plus de 20 000 personnes.
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