Cent ans de trahisons

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Le Kurdistan rêvé n'arrivera pas


Donald Trump se réjouit, et nous aussi, de l’élimination d’Abou Bakr Al-Baghdadi, chef suprême de Daech (« État islamique »).








Dans cette lutte contre la plus dangereuse organisation terroriste au monde, les Kurdes furent nos meilleurs alliés et les combattants les plus valeureux.


Pendant que nous étions devant nos télés, eux étaient sur les champs de bataille, les armes à la main.


Sitôt Daech en déroute, Trump ordonne le départ des troupes américaines du nord de la Syrie, livrant les Kurdes à la puissante armée turque qui les attaque aussitôt.


Il les abandonne après qu’ils aient fait le sale boulot pour nous. Bof, a dit Trump, « c’est à 7000 milles de chez nous ».


Trahis


Y a-t-il, dans l’histoire récente de l’humanité, un peuple plus souvent trahi que les Kurdes ?


Les Kurdes sont des musulmans sunnites, avec leur propre langue et leur propre culture.


Ils sont environ 35 millions, ce qui en fait la plus grande nation du monde à ne pas avoir son État souverain.


Les Kurdes rêvent d’un Kurdistan indépendant, mais leur vie nationale n’est qu’une longue série de coups de poignard dans le dos.


Pendant la Première Guerre mondiale, les Turcs étaient les alliés de l’Allemagne. Défait, l’Empire ottoman fut découpé par les vainqueurs. 


On avait alors promis aux Kurdes qu’ils auraient leur État. Ce fut écrit noir sur blanc dans le Traité de Sèvres, en 1920.


Trois ans après, le Traité de Lausanne enterra ce rêve national. 


On ne voulait pas déplaire à une Turquie qui montrait de nouveau ses muscles. 


Le roi d’Irak, dont le pouvoir était précaire, voulait des Kurdes sunnites pour diminuer le poids de la majorité chiite. 


Ils n’auraient donc pas leur pays. Ils seraient éparpillés en Turquie, en Iran, en Irak et en Syrie. 


Des millions émigrèrent à travers le monde, surtout en Europe.


Tout au long du XXe siècle, les Kurdes seront des pions dans la grande partie d’échecs que se livrent les grandes puissances.


Après la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique échoua à créer une république kurde, contrôlée par elle, qui lui aurait permis de garder le contrôle sur le nord de l’Iran. 


Dans les années 1970, la CIA alimenta une rébellion kurde pour déstabiliser le régime de Saddam Hussein en Irak. 


Saddam n’allait pas l’oublier et, vers la fin de sa guerre avec l’Iran, dans les années 1980, il ordonna le génocide des Kurdes du nord de l’Irak. 


Les atrocités furent personnellement dirigées par son cousin, surnommé « Ali Le Chimique » ou « le boucher du Kurdistan ».


On utilisa des gaz contre les populations civiles kurdes.


Confiance


En 1991, quand Bush père lança les hostilités contre l’Irak qui venait d’envahir le Koweït, les Kurdes firent de nouveau confiance au camp américain.


En 2017, pensant qu’ils en avaient assez fait et que leur heure était arrivée, ils organisèrent un référendum pour obtenir leur indépendance.


Le monde entier ignora leur oui à 92 %.


L’Histoire est tragique. Hormis le peuple juif, personne aujourd’hui ne le sait mieux que les Kurdes.




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