Ce n’est jamais fini

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Il faudra tenir tête aux injonctions de la Cour suprême


Plus subtilement, les analystes et chroniqueurs, qui n’approuvent pas le projet de loi 21, amplifient la voix des opposants en insistant sur le fait que l’éventuelle loi ne mettra pas fin au débat.


Maintenant que les consultations sont terminées, ces opposants espèrent que leurs menaces de recours juridiques amèneront le gouvernement à retraiter sur ses propositions les plus litigieuses. Heureusement, le ministre Simon Jolin-Barrette n’entend pas reculer et les promesses de guérilla juridique devrait l’inciter à aller encore plus loin dans ses intentions! 


Je ne crois pas que l’ex-ministre Laurin, sous le gouvernement Lévesque, pensait mettre fin au débat linguistique québécois avec l’adoption de la loi 101. Toutefois, il posait un jalon important dans la protection de la langue française qui produit encore ses effets aujourd’hui, malgré les charcutages que la Cour Suprême a pu faire de la loi. 


Dans l’évolution d’une société, le point final n’existe pas et le projet de loi 21 apparait comme le point à la fin d’une phrase qui sera suivi par beaucoup d’autres et qui contribueront à mieux définir nos règles du vivre ensemble. Fort à parier qu’il y aura des moments de réjouissance ou de dépit selon les camps, son application et les décisions des tribunaux.


Bien qu’en matière d’alcool nous disons que la modération a bien meilleur goût, en matière de laïcité, elle peut se transformer en piège. Le ministre et son gouvernement ont voulu ciseler un projet de loi qui heurterait le moins possible et ils espéraient fort probablement un plus large consensus en fermant les yeux sur quelques incohérences. Malheureusement, c’est dans une ambiance délétère entretenue par les opposants que le ministre a dû naviguer depuis le dépôt de son projet de loi.


Pour éviter de prêter flanc et de donner des arguments aux opposants devant les tribunaux, le gouvernement devrait dès maintenant corriger ces incohérences en imposant les mêmes interdictions aux gens d’un même milieu de travail : à l’école ou à la Cour, tout le monde avec les mêmes obligations.


Dans un pays où nous sommes minoritaires et que le multiculturalisme est devenu la norme, les inclinaisons de la Cour Suprême peuvent nous laisser supposer que les intentions du gouvernement Legault risquent d’en prendre pour leur rhume. Si Camille Laurin s’était satisfait d’un projet modeste, il n’en serait resté que dalle de la loi 101 après le déchiquetage opéré par les tribunaux. Si le ministre veut qu’il reste quelque chose de significatif pour la laïcité au Québec, il aurait intérêt à embrasser plus large et faire mentir le proverbe.