Quand la vérité se déchaîne (2)

Car… on a marché sur le Québec

Quel déni d’honnêteté, de justice, de vérité Jean Charest a-t-il perpétré pour susciter la colère de cette femme, pour en déchaîner la vérité?

Commission Bastarache

Quand la Vérité se déchaîne...(2)
Madame Bellemare se lève. Si vous voulez connaître la valeur d’un homme, regardez sa femme. Non pas qu’elle soit « l’avenir de l’homme », elle en est plutôt son symptôme (1) à entendre ici dans le sens très précis qui nous vient du grec et non pas, péjoratif, de la médecine. ‘sun piptô’, ça tombe bien ensemble, ça se précipite, comme la pluie drue qui nous tombe dessus ces jours-ci. Celle qui, dans mon pays natal, lave les routes en-glaisée par les tracteurs qui charrient les betteraves sucrières sous les pluies d’automne. Tellement collante cette glaise que seul un déluge peut nous en débarrasser.
Me Lu Chan Khuong se lève donc. Elle est bâtonnière, je ne la connais pas. Me Khuong s’est également impliquée en dehors de la communauté juridique. (Elle a accepté la présidence de la campagne de financement des bénévoles de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ) en 2003 ainsi que la présidence du Festival Chinois de Québec en 2005.)
Mon oreille d’analyste se dresse à l’annonce de la nouvelle
Une femme, quand elle sort de sa réserve naturelle, avec tout le poids de sa culture, de sa formation, de son ambition et des risques qu’elle encourt professionnellement, ne le fait pas sans raison, par amour certes mais pas sans raison! Cette raison à moins d’une duplicité morbide qui ruinerait à jamais sa carrière de bâtonnière, appelée à devenir juge elle-même probablement, plonge ses racines dans ce qu’une femme, instinctivement, doit à sa nature féminine dans ses rapports à la vérité. Au moins la sienne, elle n’a pas froid aux yeux. Qui mieux qu’une femme peut déceler les mascarades pour être pétrie elle-même de toute cette séduction qu’elle exerce ou subit. « Le cirque pitoyable, le spectacle désolant », comme l’a appelé Bellemare.
Quel déni d’honnêteté, de justice, de vérité Jean Charest a-t-il perpétré pour susciter la colère de cette femme, pour en déchaîner la vérité?
Est-ce que cela commence avec Lysiane Messier, la fille de Bellemare traînée dans la boue dès la nomination ministérielle de son père? À quel chantage a-t-il été soumis alors, non pas comme d’aucuns auraient pu le croire par crime organisé qui tiendrait sa fille en otage, mais par les mafieux du régime parastatal qui semblent tirer les ficelles du financement du PLQ.
« On protège ta fille si tu nommes… » Puis on lâche une partie de l’info, histoire de montrer qu’on ne rigole pas. Bellemare, lui, vient au gouvernement pour les victimes des accidents de la route pour, ironiquement, abolir ou modifier le « no fault(2)» Mais on lui met immédiatement sous le nez le « fault » de sa fille. Puis on le somme de débarrasser le plancher avant de tenir la promesse de réviser le no fault.
On se croirait au théâtre classique, chez Paul Claudel, l’otage, le Père humilié (http://theatredublog.unblog.fr/2010/01/23/le-pain-dur/ (3)), atteinte directe à la fonction paternelle, d’autant plus directe et assurée, que sa fille ne porte pas son nom. Raison de plus pour en révéler la chose à la Presse, vous me suivez?
Alors là, trop c’est trop, le caractère sacré des lois du mariage est solidement écorné, l’honneur et l’intimité d’une femme est jeté en pâture aux hyènes politiques, la concussion est devenue règle! Me Lu Chan Khuong redevient madame Bellemare, cherche la disquette contenant l’agenda de son mari, la trouve et l’apporte. Du grand drame classique, Antigone vole au secours de Créon, tragédie québécoise en un acte … d’amour, supposons-le. L’amour est aveugle mais la justice se représente avec un bandeau sur les yeux signe d’impartialité. Quel beau couple, au pays des aveugles, les borgnes sont rois ! On risque de se diriger vers des surprises.
Quoiqu’il en soit, la boîte de pandore est ouverte, les maux se répandent sur la terre et attendons-nous à de nouveaux rebondissements mi-chèvre « mi-chou ». On sait que l’amour ne surgit entre les partenaires que lorsque leurs désirs, autrement étrangers l’un à l’autre, s’entrecroisent dans un moment de vérité. Leurs désirs, pas leurs profits ! L’amour ne fait pas bon ménage avec le capitalisme.
Par la force des choses, Bellemare devient un héros, sans peur et sans reproche, tintin au pays des gaz schistumineux, croyez-moi, cette aventure n’est pas finie et d’autres sont en préparation.
Car… on a marché sur le Québec
JP Gilson

Psychanalyste
(1) Le psychanalyste français Jacques Lacan notait que la vérité d'un homme est sa femme, cela lui donne son poids, le poids de son sinthome(sic) qui fait qu'il peut croire en elle. Et il ajoutait que cela n'est pas forcément réciproque pour les femmes. Comme elles disposent d’une plus grande liberté dans leur rapport au semblant, dans quelques cas, mais pas dans tous, elles peuvent donner du poids à un homme qui n'en a même aucun. D’où l’idée du ravage qu’il peut arriver qu’un homme soit pour une femme.
(2) Régime d'assurance automobile en vertu duquel l'assureur de la victime d'un accident de la route prend en charge le versement de l'indemnité prévue au contrat relativement aux blessures corporelles ou aux dommages matériels subis par l'assuré, qu'il y ait ou non responsabilité de la part de celui-ci
(3) Le régime en place -celui du roi bourgeois Louis-Philippe- dont le mot d'ordre est “enrichissez-vous”; et l'époque est “imbue de sa modernité où l'essor conjugué de la technologie, de l'industrie et de la finance couvre le territoire de voies ferrées, pendant que l'aventure coloniale prospère dans une Algérie fraîchement conquise”. Règnent alors la “férocité économique et le cynisme politique où les idéaux collectifs issus des Lumières et de la Révolution sont en voie de liquidation accélérée”.


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2010

    Je me disais, le peuple québécois n'est-il pas, à sa manière, grâce aux journalistes d'enquête, en train de la faire lui-même sa Commission d'enquête publique?

  • Archives de Vigile Répondre

    7 octobre 2010

    Aujourd'hui, le 7 octobre 2010, le Commissaire Bastarache a refusé d'accepter en preuve l'interview de Me Bellemare et, du coup, l'avocat de ce dernier n'a pu, lui non plus, demander qu'on accepte en preuve l'interview de la bâtonnière, son épouse. Les arguments du Commissaire pour refuser les interviews m'ont quand même paru aller de soi.
    Mais revenant à votre papier, Monsieur Gilson, on sera tenté de croire qu’en voulant soumettre pour preuve la transcription des propos de Me Bellemare tenus lors de l'émission Tout le monde en parle, Me Ryan en ferait ses choux gras, mais Me Battista, lui, craignait probablement que ceux de madame la bâtonnière viennent mettre quelques bâtons dans les rouages de son argumentation. Alors, du coup, cela a été jugé par lui non pertinent.
    L’avocat de Me Bellemare (Me Beaudry) en a donc conclu, vu la décision du Commissaire de ne pas accepter la transcription en question en preuve, qu’il n’accepterait pas davantage celle de la bâtonnière et n’a donc pas formulé sa demande en ce sens ce à quoi Me Ryan, l’avocat de Jean Charest, a répliqué non sans humour qu’il remerciait Me Beaudry de partager avec lui sa défaite.
    Ça devient presque amusant tout cela...

  • Archives de Vigile Répondre

    3 octobre 2010

    Jean Charest as été proprement dégoutant quand il as tenter de faire passer Bellemare chez son ami Bastarache pour quelqu'un qui as de graves problemes psychologiques
    Utlisant la pitié, a son égard et le paternalisme en déclarant que c'est comme dans une famille ou on veut aider le fils qui est en difficulter .
    J'ai eu presque la larme a l'oeuil d'entendre Charest parler ainsi.
    En triste comédien Jean Charest ne voulait que donner l'impression a l'opinion publique qu'il agit en bon pere de famille qui fait tout ce qu'il peut pour soulager celui qui as mal tourné .

    Il ne manquait juste que quelque bons mots d'encouragement de l'oncle Favas.
    Un peu plus il se permettait d'infantiliser Bellemare pour arriver a ses fins ....genre tu sais mon ti-Marc on t'aime bien gros dans la famille lébérale et on te pardonne tout.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2010

    Oh ! que j'ai aimé vos propos..
    Car devant le trop de semblant doublé d'une perversité, s'il y a, il n'y a conséquemment que la saine et sainte colère ainsi qu'un Acte empreint d'une clarté à pouvoir poser afin d'aspirer à un possible repos de l'âme dans l'affirmation de sa croyance ou vérité afin d'assurer sa subsistance.
    Si l'on a marché sur le Québec.. il y faut une démarche au Québec : une dé-marche, une che-marche, une démarche de Che cad un voeu de marche différente afin de sortir d'un immobilisme caractéristique de l'effet pervers.
    Un acte radical parfois s'impose, même si difficile, et à poser à chaque fois qu'une vérité ou une liberté se voit outrageusement ou malicieusement malmenée à répétition en vue d'intérêts particuliers.
    Aucune fin ne pourra jamais justifier certains moyens, de mon point de vue..
    Une psychiatre : offrant ses hommages au couple Bellemarre, en ces temps peut-être de provocation mais de recherche d'une vérité mise sur la place publique et souvent difficile à établir.. et qui marquera probablement nos institutions pour un certain temps. Mais peut-être également dans une vision autre en vue d'un meilleur temps que celui des intérêts particuliers dans une logique par trop moïque au détriment de la valeur parfois de la bonne marche de nos institutions qui ne peuvent assurer leur bon fonctionnement que si elles parviennent par elles-mêmes à s'affranchir de certains mécanismes délétères à prendre en compte. Mécanismes qui dépendent trop souvent soit d'un ordre marchand établi ou de celui d'une jouissance de pouvoir institués au détriment de l'être commun, individu ou peuple.
    Suzanne Caron

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2010

    Salutations à Jean-Paul Gilson
    Claudel et le parastatal: de para et status: Etat: semi-public dit le petit Robert.
    Avec la photo d'une belle femme. Avez-vous remarqué comme on a hâte de fermer les livres à la Commission Bastarache qui ne semble pas intéressée à savoir qui ment? Charest ou Bellemare?
    TVA Nouvelles écrit:
    COMMISSION BASTARACHE
    La conjointe de Marc Bellemare s'explique

    La conjointe de Marc Bellemare, Me Lu Chan Khuong, contredit catégoriquement le témoignage livré sous serment du collecteur de fonds du Parti libéral du Québec Franco Fava devant la commission Bastarache. Me Khuong s’est entretenue en exclusivité avec TVA Nouvelles.
    L’avocate et bâtonnière du Barreau de Québec affirme que Franco Fava a bel et bien téléphoné au domicile de l’ancien ministre de la Justice, ce qu'a nié l'argentier lors de son témoignage devant la commission chargée d’examiner le processus de nomination des juges du Québec.
    L'avocate confie qu'elle a elle-même répondu à plus d'une reprise aux appels de Franco Fava qui tentait de rejoindre son conjoint. L'argentier aurait même laissé des messages: «Demandez à Marc de rappeler Franco», a mentionné Me Khuong, disant citer Franco Fava.
    Me Khuong dit qu'elle ne connaissait pas les motifs des appels de Franco Fava, mais transmettait les messages à son conjoint, précisant «Quand il appelle à la maison, Franco Fava, c'est un nom qu'on retient.»
    Découverte par hasard
    Dans le cadre de son entrevue avec notre journaliste PaulLa rocque, Me Khuong a tenu à éclaircir les circonstances dans lesquelles elle a trouvé, dimanche, la fameuse disquette contenant une copie de l’agenda de l’ancien ministre de la Justice, une pièce controversée déposée devant la commission Bastarache.
    L’avocate s’est dite choquée» et «surprise» d’observer Jean Charest dépeindre un portrait sombre de son conjoint lors de son témoignage devant la Commission, affirmant que lors de ses rares discussions avec le premier ministre, ce dernier avait toujours vanté les qualités d’intégrité de Marc Bellemare.
    «Je ne connais pas le même Marc qu’il a décrit, et si Marc était effectivement comme ça, je me poserais la question: «Pourquoi il l’a gardé aussi longtemps en tant que ministre de la Justice», a confié l’avocate, ajoutant: «Vous savez, pour un avocat, le ministère le plus prestigieux, c’est le ministère de la Justice. (…) Alors si Marc était aussi sombre et incompétent que semblait le décrire M. Charest lors de son témoignage, il ne le laisserait pas à ce poste-là.»
    Boîte de souvenirs
    Piquée au vif par les propos du premier ministre sur son conjoint, Me Khuong a voulu déterrer une boîte de souvenirs qui contient notamment des lettres et cartes d'appréciation qui avaient été remises à Marc Bellemare par d’anciens collègues libéraux après sa démission.
    C'est donc parmi ces nombreux souvenirs que Me Khuong affirme avoir trouvé et ce, par hasard, la controversée disquette contenant l’agenda de Marc Bellemare dans lequel serait inscrit une rencontre qui aurait eu lieu le 2 septembre entre l’ancien ministre de la Justice et Jean Charest, une allégation que nie fermement le premier ministre.
    Scepticisme
    «Si M. Charest, dans son témoignage, n’avait pas attaqué les qualités humaines de Marc (…), je n’aurais jamais pensé à vérifier cette boîte de souvenirs qui dormait là depuis le tout début», a laissé tomber l’avocate.
    Face au scepticisme engendré par la découverte de cette disquette, Me Khuong atteste que son contenu n’a en aucun temps été altéré, précisant qu’elle a fait appel à un technicien spécialisé pour faire ouvrir la disquette afin d’en imprimer le contenu, car elle ne possède pas de lecteur de disquettes à son domicile.
    La bâtonnière du Barreau de Québec ajoute qu’elle était disposée à aller témoigner devant la commission Bastarache. Toutefois, on apprenait plus tôt cette semaine qu’elle n’y a pas été assignée.
    (TVA Nouvelles)
    Robert Barberis-Gervais, samedi, 2 octobre 2010

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2010

    Cette analyse sous l'angle du "psychè" révèle des choses insoupçonnées, voir insoupçonnables, et on est forcé (pas trop quand même) d'en venir à la même conclusion que l'auteur: nous en sommes qu'au début d'une saga digne d'une future télé-série à la manière de "The West Wing"...
    De Soulanges au Québec,
    Normand Perry.