Ça suffit, Bombardier!

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« La Belle province, épuisée par le fisc et le ressentiment, chaque jour un peu plus déprimée par le spectacle de la relève gouvernementale, la belle et docile colonisée ne sait plus vers qui se tourner pour que cesse l’orgie subventionnaire. »

Le gouvernement Legault décide bien vite devoir aider Bombardier. C’est à n’y rien comprendre.


Ou plutôt si, on a tout compris : Bombardier, ça va toujours mal. Le ciment, les avions, les trains: on connaît la musique...


Airbus a bouffé la Série C sur un craquelin. La curée viendra bien un jour.


D’ici là, on a joutera combien de milliards dans cette trappe capitaliste et de millions dans les poches de soi-disant hommes d’affaires? Il en faudra combien encore de ces montages obscurs pour que ce faux géant tienne debout?


Les caquistes ont critiqué Bombardier durant des années et les voilà à faire des courbettes sans qu’on le leur demande!


Ils doivent bien savoir que le commun des mortels, taxé comme chien et chat, il en a super marre du gaspillage à grande échelle. 


Bombardier se gave de subventions depuis des années et ses doryphores empochent des millions au passage en bonis de performance! On dirait Hydro-Québec! Qui nous a volé 1,4 milliard, mais là encore, les caquistes souffrent d'amnésie. Hein? Quoi? Un remboursement? On a-tu déjà dit ça? 


Alors Bombardier, encore? Non, non et non! La majorité taxable ne veut pas qu’une nouvelle fournée de fonds publics; plutôt une enquête administrative, ça oui. Surtout après le dernier buffet offert par les libéraux à Airbus. Il vaut combien notre dollar, chez Bombardier aujourd'hui? 23 sous? 13? Et le reste, il est passé où?


Ces jours-ci, l’Autorité des marchés financiers, dégourdie par une chronique du collègue Michel Girard, s’interroge sur la vente des actions des patrons de Bombardier. L’attention est portée sur un régime de vente continue... Un truc pour les boursicoteurs de haut vol.


Mais l’AMF n’a pas mis un pied devant l'autre que le Fitzgibbon de l’Économie se dit prêt à mettre encore du fric dans les réacteurs du club B.


On vient pourtant d’y engloutir 1,3 milliard, digéré par Airbus le temps de prendre une photo.


Quelle expertise! Quel sens des affaires! Quel talent! Bravo! Quel exploit! Encore un! On n'en peut plus!


Ah! Qu’on a dû se foutre de nos gueules à Paris! On les imagine, les urubus d’Airbus, attablés à la Tour d’Argent, savourant quenelles de brochet et foie gras au torchon en sifflant un Meursault à 400 euros :


- Du coup, j’lui dis : Bellemare, il faudra licencier. Les machinistes, ça coûte. Ça oui, ça coûte...


- Il faisait une gueule, t’as pas idée! Sa life, il la voyait plus en rose, sa pauvre life...


- Bah! Ils savent qu’ils mourront. Quand t’es au pieu entre Boeing et Airbus, forcément, un jour, tu manques d’air...


- Pour un avionneur, c’est fatal. Hahaha!


De ce côté-ci de l’Atlantique, les novices de série rechignaient à la table des Beaudoin:


- Ils nous ont dit comme ça : Mais vous licencierez mon cher, vous licencierez. Vous le devrez!


- Moi j'ai répondu: Mais oui, nous licencierons. On attendra quelques mois, après le deal et les bonis, et on parlera de redressement...


- Alors ils ont dit : Dans ce cas, c’est d’accord. On prend. Le fric et les avions...


On devine que, des deux côtés de l’Atlantique, les rois de l'habit ont roté de satisfaction. Quant au peuple le plus taxé d’Amérique, il l’avait dans l’os, encore une fois. À la table des riches, les contribuables servent de napperon.


Mais des milliards, avec Bombardier, il en manquera toujours. Il faut donc en rajouter. Encore et encore.


Ça devient plus clair chaque jour: l’avionneur local n’est pas capable de faire des affaires. Il a sans cesse besoin de ceux dont le revenu disponible est si bas qu’il désolait les caquistes jusqu’à tout récemment... C'est d'ailleurs, pour nos champions, le meilleur moyen d'empocher des bonis. 


La Belle province, épuisée par le fisc et le ressentiment, chaque jour un peu plus déprimée par le spectacle de la relève gouvernementale, la belle et docile colonisée ne sait plus vers qui se tourner pour que cesse l’orgie subventionnaire. C'est qu'à notre époque, on ne se tourne plus vers Saint-Jude, le saint patron des causes perdues: le fascisme moderniste l'interdit.


Cette enquête de l’AMF, croyez-vous qu’elle ira quelque part? Dans le vide sidéral, oui! Dans le drain sanitaire de la moralité publique. Ce sera l’UPAC chez les ploucs! La flicaille au festival de l'humour. Et pensez-vous que les assistés sociaux du capitalisme local sont malheureux? Qu'ils ont peur de quoi que ce soit? Pffft!


Ils n’ont rien demandé que le gouvernement lève la main : You-hou, c'est nous, la CAQ! On est open for business


Business étant chez nous synonyme de programmes, de subventions, de crédits supplémentaires, de prêts sans intérêt, de prêts non remboursables, de marges de crédit, de garanties de prêts, de cautions mézzanisées, de rétributions au porteur, de dons rebaptisés à l’infini... Et comme Bombardier est une entreprise d'économie sociale, elle se qualifie partout...


La province a 280 milliards dans le rouge mais son crédit est encore bon. Ça ne pétera pas tant que ça ne pétera pas! Et puis, le Québec, c'est comme un citron, il y a toujours une goutte à en tirer... Suffit de presser.


Chez Bombardier, ces temps-ci, les patrons fuient la lumière du jour et des caméras. La honte sans doute. La honte des licenciements cruels, un mois avant Noël. Ils restent dans l'ombre, comme les coquerelles et des cafards, coupés du monde, comme d'habitude.


Ils préfèrent s’épancher à huis clos, en lissant leur cravate de soie devant des bureaucrates hiérarchisés:


- On dit pas non. Un programme gouvernemental, ce ne serait pas de refus...


- On passera le fric par les bécosses d’Investissement Québec ou par les égouts de la Caisse de dépôt. Y a des milliards dans le fonds des congés accumulés. On présentera ça comme un soutien à l’innovation, les gens comprennent rien à l’innovation. On ira à LCN et RDI et on répétera des simplicités. L'important, c'est de ne pas être compris...


- On parlera de redressement. Les contribuables aiment ça, c'est abstrait. Ils ne savent pas de quoi on parle.


- Faites juste attention aux bonis. Ils n’aiment pas être dans l’impossibilité d’ignorer qu’ils se font baiser...


- Oui, vaut mieux semer le doute. Ça permet de dire n’importe quoi...


- Jusqu’à la prochaine fois...


- That’s it. Just stay put and tax payers will do the same...