C'est le printemps, vive la bouette!

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En politique, c'est la perception qui prime

Eh bien, comme si la cour n'était pas assez pleine, un paradis fiscal maintenant! Et juste à temps pour le deuxième débat des chefs!
Après la charge de Pauline Marois, cette semaine, contre le manque d'éthique des libéraux; après la contre-attaque de Philippe Couillard, qui demande à son adversaire péquiste de dévoiler ses actifs; après François Legault, qui tire sur tout ce qui bouge cette semaine, disons que la table est mise pour un débat corsé. Peut-être même sale. Bouetteux et nauséabond, comme ce qui nous attend bientôt sur les trottoirs de Montréal, si l'hiver peut finir par finir.
Philippe Couillard a une explication pour son compte dans l'île de Jersey, comme il en a une pour son passage au privé, lorsqu'il a quitté la politique en 2008. Une explication rationnelle, crédible, documentée. Le problème pour le chef libéral, c'est que nous sommes ici en politique, en campagne électorale, une campagne sale, qui plus est, et qu'en politique, la perception prime.
Même avec des explications logiques (M. Couillard est le politicien le plus cartésien que je connaisse), il est difficile de faire disparaître la perception négative entourant la notion même de «paradis fiscal».
Dès hier soir (ce n'est d'ailleurs pas la première fois), des ministres sortants du gouvernement Marois reprochaient au chef libéral d'avoir travaillé en Arabie saoudite. Ça frappe l'imagination, l'Arabie saoudite, bien sûr, mais je ne vois pas très bien ce qu'on reproche à Philippe Couillard. Une collaboration avec un régime obscurantiste? Une complicité tacite? Le régime saoudien est effectivement rétrograde, rigide et rébarbatif, mais si on dresse une liste noire de tous les pays ignominieux, le Québec va devoir se passer de quelques précieux marchés étrangers.
Cette campagne était déjà dure («personnelle», même, entre les chefs), elle risque de devenir encore plus salissante. Les principaux enjeux (la santé ou l'économie, notamment) ayant pris le bord, il reste les attaques sur les moeurs politiques des partis. Un genre de «mon-parti-est-plus-propre-que-le-tien».
Cela produit beaucoup de bouette et suscite des petits malaises. Comme hier matin, à Montréal, lorsque Pauline Marois a fait un spectaculaire raccourci pour affirmer que l'ancien ministre libéral Tony Tomassi est accusé au criminel pour avoir donné des places en garderie à des donateurs.
Relancée par un journaliste qui lui a rappelé les faits (M. Tomassi est accusé d'abus de confiance parce qu'il a accepté une carte de crédit d'une entreprise alors qu'il était député), Mme Marois a admis qu'elle avait erré.
Quelques jours plus tôt, soit samedi, la première ministre sortante s'inquiétait, sans avoir tous les faits, de possibles fraudes électorales. Le ministre de la Justice sortant, Bertrand St-Arnaud, allait plus loin le lendemain, dimanche, accréditant la théorie d'une élection «volée par des Ontariens».
Chez les libéraux, Philippe Couillard était pendant ce temps tellement empressé de parler de référendum que son parti a publié, mardi matin, un communiqué intitulé: «LE PLQ FAIT LE POINT SUR LA STRATÉGIE DU PQ» ! Comment le PLQ peut-il «faire le point» sur la stratégie d'un autre parti?
En fait, c'est surtout qu'on ne parlait plus de référendum depuis deux jours et les libéraux voulaient absolument ramener le sujet sur le tapis.
Et puis, depuis mardi, la question des déclarations de revenus (et d'intérêts) est revenue sur le tapis. J'te montre le mien si tu me montres le tien...
Mme Marois refuse. Attendez-vous à ce que Philippe Couillard revienne avec ça ce soir.
Dans le tumulte, ajoutez la voix de François Legault, qui n'a plus rien à perdre et qui a lancé quelques phrases étonnantes depuis quelques jours (bilan de merde, botter le derrière, pas de couilles). Ce sera quoi, ce soir pour le chef de la CAQ qui n'a pas fait très bonne figure lors du premier débat?
Tout cela est le mauvais jus tiré d'années de percolation de fiel à l'Assemblée nationale.


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