Budget: un pari et un test

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Il en faudra plus aux libéraux pour reconquérir l'électorat

On reproche au budget Leitao d’être « électoraliste ».


C’est vrai, mais calmons-nous un peu.


Tous les budgets, qu’ils soient présentés par des gouvernements libéraux ou péquistes, sont des exercices politiques.


Et le dernier budget avant les élections est toujours le plus politique de tous.


Reprocher à un politicien de faire de la politique, c’est comme reprocher à un pianiste d’avoir de l’oreille.


Il faut être naïf ou hypocrite pour s’indigner de voir un gouvernement relâcher les cordons de la bourse juste avant le vote.


Vieille astuce


Tout est cependant une question de degré, de mesure : restez-vous dans les limites, ou dépassez-vous les bornes ?


Le problème du budget d’avant-hier est qu’il est le plus grossièrement politique de récente mémoire.


On a pris la recette classique et on l’a poussée à l’extrême, sans même se garder une petite gêne.


En ce sens, le budget reflète la profondeur de l’ornière dans laquelle se trouve le PLQ.


On comprime les dépenses pendant des années pour se constituer une cagnotte électorale, et on augmente ces dépenses au dernier moment.


Pour les augmenter au maximum, on puise même dans les réserves mises de côté pour les temps durs.


D’où vient tout cet argent ?


Il a deux sources principales.


D’abord, il vient des compressions faites sur votre dos... et dont le gouvernement espère que vous ne vous souviendrez pas.


Ensuite, il vient d’une économie qui fonctionne à plein régime... et dont le gouvernement n’est aucunement responsable.


Certes, il y a, ici et là, des mesures bien avisées.


Au nom de l’équité, il faut que les services numériques comme Netflix et le commerce en ligne soient taxés.


Que des investissements dans le transport en commun remplacent les dépenses de jadis en nouvelles routes est une bonne orientation.


Qu’on investisse dans le domaine culturel, qui n’a pas été gâté depuis des lunes, est heureux. Voilà un milieu qui ne l’a pas volé.


Certaines autres dépenses nous font hésiter entre le rire et la rage.


On veut alléger l’épuisement des infirmières, qu’on vient de découvrir, sans doute parce qu’on était trop occupé à pelleter des centaines de millions dans la brouette des médecins spécialistes.


Maturité


Au fond, ce budget est à la fois un double pari et un test.


Le gouvernement fait un premier pari : qu’un nombre suffisant d’électeurs n’a pas assez de mémoire pour se souvenir de ce qu’on a lui a fait subir.


Il fait un second pari : que les gens n’ont pas assez d’intelligence pour comprendre que c’est leur propre argent qui leur revient, au moment où le gouvernement l’estime le plus payant politiquement.


Le test sera de voir notre degré de maturité citoyenne : combien de gens se laisseront berner ?