Budget Bachand, effet Parizeau

Budget Bachand 2012



Vous avez vu toutes les excellentes idées trouvées par le gouvernement Charest, dans le budget, pour augmenter la part québécoise de l’exploitation des ressources du nord et les hydrocarbures ?
Ils ont été super inventifs. D’abord, créer une Société d’État pour prendre des participations dans les projets d’exploitation. Ensuite, faire en sorte d’obtenir des participations dans les opérations — et les profits — en échange d’infrastructures offertes par l’État.
En voilà des idées, qu’elles sont bonnes! Mais pourquoi étaient-elles si mauvaises, il y a quatre mois, lorsque qu’elles étaient avancées par les écologistes et l’opposition, pour la Société d’État, ou par Jacques Parizeau, pour la prise de participation en échange de dépenses de l’État ?
Et si ces mauvaises idées d’hier deviennent bonnes aujourd’hui, qu’en est-il des autres ? Faudra-t-il attendre le prochain Budget pour que le gouvernement les trouve bonnes ? La taxe sur le surprofit, défendue par Martine Ouellet, la formule du rendement garanti de 30%, la collectivité prenant le reste, proposée par Yvan Allaire ?
Vous savez quoi ? Le budget Bachand fait la démonstration, par l’absurde, que le “projet d’une génération” ne peut se dessiner en vase clos, entre le bureau du PM et celui du ministre des Finances. Que si le gouvernement, c’est sûr, a le dernier mot, un engagement de cette ampleur nécessite de la part des gouvernants un véritable dialogue préalable sur les paramètres, les innovations de financement et de prises de participation.
L’absence de cette ouverture d’esprit de la part du gouvernement libéral, puis sa décision soudaine de choisir quelques propositions hier rejetées, mais de ne pas discuter des autres, participe du malaise qui entoure ce projet.
L’éditorialiste du Devoir Jean-Robert Sansfaçon exprimait très correctement la chose, ce lundi:

Toutes les études produites à ce jour sont trop sommaires pour brosser un portrait fiable de la réalité appréhendée. Regroupées, elles posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses convaincantes.
À titre d’exemple, le fait que les trois quarts des investissements du Plan Nord soient effectués par Hydro-Québec et le gouvernement lui-même conduit à se demander si on n’a pas utilisé la société d’État pour gonfler le panier de projets en cours et inventer le concept de Plan Nord.
D’ailleurs, pourquoi prévoir 3500 MW de puissance supplémentaire alors qu’Hydro-Québec fait déjà face à d’importants excédents énergétiques? Quelle portion de ces MW devra-t-elle vendre à perte pour satisfaire les ambitions de ce gouvernement et celles des minières?
En somme, M. Charest, qui aimerait qu’on garde de lui le souvenir d’un grand visionnaire, n’a-t-il pas simplement voulu jouer d’astuce en récupérant à ses fins les demandes pressantes d’aide financière, énergétique et logistique des lobbies du génie-conseil et de l’industrie minière?
Rappelons qu’avant même l’annonce du Plan Nord, il y avait 20 milliards d’investissements en gestation dans les officines des sociétés privées, la plupart avec des attentes aussi variées que monstrueuses à l’endroit de l’État… mais sans assurance quant aux avantages à long terme pour les contribuables. [...]
Le Québec est un pays de ressources qu’il importe d’exploiter de façon durable et rentable pour la collectivité. Malheureusement, dans sa forme actuelle, le «plan» du gouvernement Charest ne présente pas les conditions minimales requises pour miser autant d’argent et d’énergie hydroélectrique sur une aussi longue période. [...] Où est la logique d’affaires pour les contribuables québécois?

Squared

Jean-François Lisée297 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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