Bombardier et SNC-Lavalin sont punis en Bourse

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La guerre commerciale contre les entreprises québécoises : Ottawa refuse de protéger nos entreprises de la concurrence internationale



Deux des plus grandes multinationales québécoises, Bombardier et SNC-Lavalin, ont connu une autre journée difficile à la Bourse de Toronto, jeudi, après avoir déçu les investisseurs.




L’action de Bombardier a plongé de 16 % pour clôturer à 1,91 $ alors que le titre de SNC-Lavalin a perdu 9,4 % pour terminer la séance à 18,92 $. Pour SNC, il s’agit d’un creux qu’on n’avait pas vu depuis janvier 2005.




Pour la 2e fois en à peine trois mois, Bombardier a causé la surprise jeudi en révisant à la baisse ses prévisions financières pour 2019.




Encore une fois, ce sont de gros contrats ferroviaires en Allemagne, au Royaume-Uni et en Suisse qui sont en cause. Des dizaines de trains destinés à ces projets sont construits depuis des mois, mais ils ne peuvent toujours pas rouler parce que certains de leurs logiciels ne sont pas encore au point.




Bombardier embauchera des ingénieurs afin d’accélérer le développement de ces logiciels.




« Nous allons travailler main dans la main avec les clients pour fixer de nouveaux calendriers de livraison et conclure des règlements commerciaux », a expliqué jeudi le PDG Alain Bellemare lors d’une téléconférence.




Comme ces projets problématiques requièrent beaucoup de travail, Bombardier a moins de ressources à consacrer à ses autres contrats. Pour corriger le tir, l’entreprise accroîtra sa main-d’œuvre en ingénierie et en production.




Le but est de « protéger le reste du carnet de commandes », a reconnu le chef de la direction financière de Bombardier, John Di Bert.




Ces mesures coûteront de 250 à 300 millions $ US d’ici la fin de l’année, ce qui fera fondre d’autant les liquidités de Bombardier. L’objectif de terminer l’année sans puiser dans les flux de trésorerie n’est désormais plus atteignable.




Dividende microscopique chez SNC




Les liquidités fondent également à vue d’œil chez SNC-Lavalin à cause de l’accumulation de mauvais résultats financiers, qui découlent, là aussi, de coûts imprévus dans de gros contrats.




Pour préserver son encaisse, SNC a annoncé jeudi une baisse de 80 % de son dividende trimestriel, qui passe de 10 à deux cents par action. L’entreprise l’avait déjà sabré de 65 % en février.




Ces deux réductions toucheront particulièrement la Caisse de dépôt, qui est le plus important actionnaire de SNC-Lavalin avec une participation de près de 20 %. La somme qu’elle recevra de l’entreprise reculera de 40,1 à 2,8 M$ par année.




SNC sacrifie son dividende dans l’espoir de maintenir sa cote de crédit de qualité. La semaine dernière, Standard & Poor’s a menacé de décoter l’entreprise, ce qui ferait entrer celle-ci dans la catégorie peu enviable des obligations de pacotille.





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Pont Samuel de Champlain
 





Les pratiques de Bombardier examinées



Bombardier et les chemins de fer nationaux suisses ont conclu une entente pour l’achat de 62 trains duplex. Le pacte est d’une valeur de plus de 1 G$. Les retards ont été nombreux, de même que les pépins techniques

Photo courtoisie

Bombardier et les chemins de fer nationaux suisses ont conclu une entente pour l’achat de 62 trains duplex. Le pacte est d’une valeur de plus de 1 G$. Les retards ont été nombreux, de même que les pépins techniques







Dans le contexte d’allégations de malversations en Azerbaïdjan, en Afrique du Sud et ailleurs, Exportation et développement Canada (EDC) a commandé un examen externe des pratiques commerciales de Bombardier.




La société d’État fédérale a annoncé jeudi avoir mandaté le cabinet d’avocats McCarthy Tétrault pour mener « une évaluation indépendante des systèmes et des pratiques de conformité de Bombardier ».




Société d’État fédérale




L’un des objectifs est de s’assurer que les processus de contrôle de Bombardier « sont de calibre mondial », a fait savoir l’entreprise.




L’examen a débuté « il y a quelques semaines », a précisé au Journal un porte-parole de Bombardier, Olivier Marcil. L’entreprise a offert son « entière collaboration », a indiqué EDC.




« Par cet exercice, [EDC] décidera de l’avenir de sa collaboration avec Bombardier, et notamment des éventuelles mesures additionnelles qu’elle devra prendre pour garantir l’exemplarité de son processus de contrôle préalable et l’exécution responsable de toutes les activités qu’elle soutient », a affirmé EDC.




Banque mondiale




La Banque mondiale envisage de placer Bombardier sur sa liste noire en raison d’allégations de corruption en lien avec un contrat de signalisation ferroviaire obtenu en Azerbaïdjan en 2013, a récemment révélé le Globe and Mail.




L’entreprise est aussi soupçonnée d’irrégularités en Afrique du Sud pour un contrat financé en partie par EDC. De plus, Bombardier est touchée par des procédures judiciaires lancées au Brésil et en Espagne.




Dans des documents financiers, Bombardier assure que des vérifications internes, dont certaines sont toujours en cours, n’ont démontré aucune malversation dans ces différentes affaires.




Dans le cadre de l’enquête interne sur le contrat azerbaïdjanais, à laquelle ont participé des juricomptables, près de 100 000 documents ont été examinés et des dizaines d’entrevues ont été effectuées, a relevé Bombardier.




L’entreprise dit avoir apporté des changements à son équipe de direction en Suède et avoir vendu ses intérêts dans une coentreprise de signalisation en Russie.




EDC est un important partenaire financier de Bombardier dans le cadre de ses activités internationales, tant dans l’aéronautique que dans le ferroviaire.