Blackburn cause un tollé aux Communes

Il répète que la crise forestière est liée à des normes environnementales trop exigeantes

Industrie forestière en crise


par Toupin, Gilles
Ottawa - Le ministre du Développement économique du Québec, Jean-Pierre Blackburn, a suscité les hauts cris de l'opposition hier lorsqu'il a maintenu que la crise de l'industrie forestière est liée à des normes de protection environnementale trop exigeantes.
Bill Graham, le chef intérimaire du Parti libéral, a réagi vivement en déclarant que les propos de M. Blackburn font preuve d'une "ignorance irresponsable".
Au cours d'une entrevue à la Presse Canadienne en fin de semaine, le ministre Blackburn avait affirmé que la protection de l'environnement était importante mais qu'elle ne devait pas "aller trop loin", c'est-à-dire se faire sur le dos des industries. M. Blackburn a alors vanté l'approche de son parti en matière d'environnement, rappelant, à la veille du dépôt du plan vert conservateur, que toutes les cibles de réduction des gaz à effet de serre ne seront déterminées qu'après des consultations auprès de l'industrie.
M. Blackburn avait également fait un lien direct entre la crise du secteur forestier au Québec et les mesures environnementales qu'on lui a imposées. Il avait blâmé la commission Coulombe et le chanteur Richard Desjardins pour avoir été à l'origine de la réduction de la surface d'exploitation forestière au Québec. "On voit l'exemple de la foresterie et des scieries, avait-il lancé. Regardez ce qui se passe quand on va trop loin avec les questions environnementales. Je ne sais pas si demain matin il va y avoir un chanteur pour nos chômeurs, pour leur venir en aide. Quand on va trop loin, ça nous pète au visage."
Hier, aux Communes et à la sortie de la Chambre, le ministre Blackburn a maintenu ce point de vue malgré la polémique qu'il a suscitée et malgré une certaine réserve de son collègue à l'industrie, Maxime Bernier.
"Vous savez, lorsque vous regardez la situation du secteur des scieries, vous voyez, par exemple, 14 scieries sur 19 qui sont fermées en Abitibi, plusieurs également chez nous au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 1300 emplois jusqu'à présent, a-t-il expliqué aux journalistes. Il y a une crise majeure. Et moi, je regarde en même temps toute la question des normes environnementales, et le constat est qu'il est important, lorsqu'on applique des nouvelles normes environnementales, de s'associer avec l'industrie pour s'assurer qu'elles sont gérables. Il faut que nos nouvelles propositions soient modulées, qu'elles soient mesurées pour qu'on ne se ramasse pas à l'autre bout, que les entreprises ferment et que ce soit les chômeurs qui écopent."
Le ministre de l'Industrie, Maxime Bernier, a refusé pour sa part d'endosser les propos de son collègue et de faire porter la responsabilité de la crise forestière au seul contrôle de l'environnement. "Non, a-t-il déclaré, je regarde ça du point de vue des industries. Il y a plusieurs facteurs qui font que l'industrie du bois d'oeuvre est en crise. On parle du dollar américain trop bas ou du dollar canadien trop haut."
Le chef de l'opposition officielle, Bill Graham, a aussitôt reproché au ministre Blackburn de blâmer le gouvernement Charest et ses programmes environnementaux plutôt que de s'atteler à la tâche de favoriser le développement économique du Québec, conformément à la mission qui lui incombe.
Par ailleurs, le premier ministre Stephen Harper s'est porté à la défense de son ministre en insistant sur les bienfaits de l'entente sur le bois d'oeuvre conclue avec les États-Unis pour l'avenir de l'industrie.
Il a cependant fait un aveu de taille. "Cela n'est pas suffisant, a-t-il dit, et c'est la raison pour laquelle, dans notre budget, nous avons des fonds pour les travailleurs âgés ainsi que pour l'industrie forestière. Nous avons l'intention d'annoncer nos plans dans ces domaines très bientôt."


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