Bernard Drainville juge que le Parti québécois est rendu au bord de l'abîme

Pacte électoral - gauche et souverainiste



Bernard Drainville, derrière Pauline Marois, hier à Montréal. Dans son long texte de réflexion, qui compte près de 4000 mots, M. Drainville ne fait pas allusion au leadership de Mme Marois.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Québec - Le Parti québécois est rendu au bord de l'abîme, selon le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville.
Pour éviter de le voir sombrer et disparaître à jamais, les péquistes et leur chef, Pauline Marois, devront donc accepter de le transformer en profondeur et en toute vitesse, estime le député trouble-fête.
Alors que le PQ traverse une crise profonde depuis le départ de cinq députés en juin et plonge au plus bas dans les sondages, M. Drainville enfonce le clou un peu plus, en exhortant les péquistes à faire leur mea culpa, dans un long texte de réflexion, véritable électrochoc diffusé sur son site web aujourd'hui.
La seule façon de sauver le PQ, selon lui, consiste à placer désormais le citoyen au coeur des décisions, en procédant à toute une série de réformes ambitieuses des institutions démocratiques centrées sur le pouvoir populaire.
Au premier chef, il juge nécessaire de revoir la stratégie souverainiste, en proposant qu'un gouvernement péquiste tienne un référendum quand la population le décidera, à la faveur d'une «initiative de référendum populaire». Ainsi, dès que 850 000 Québécois (ou 15 % de la population) auraient signé un registre favorable à la tenue d'un référendum sur la souveraineté, le gouvernement n'aurait d'autre choix que d'aller de l'avant.
Mme Marois a déjà rejeté ce scénario, refusant toute stratégie ouverte et ayant fait inscrire dans le programme du parti qu'elle tiendrait un référendum au moment jugé opportun.
Mais «au point ou on en est, il faut être prêt à envisager des solutions qui ne nous semblaient peut-être pas acceptables auparavant», dit celui qui est persuadé que cette proposition est susceptible de rallier «beaucoup de souverainistes, pressés ou pas pressés».
Le fait que le programme du PQ ait été voté démocratiquement il y a quelques mois à peine, en avril dernier, n'est pas un argument valable selon lui, puisqu'il y a eu depuis la raclée du Bloc québécois du 2 mai, la démission des cinq députés et la chute du parti dans les intentions de votes.
«On est rendu à 18 % (d'appui), ou à 16 dépendamment des sondages, alors si on ne propose pas un coup de barre sérieux rapidement, on ne passera pas au travers», prévient-il.
«On est au bord de l'abîme. Il faut vraiment donner un coup de barre», a-t-il ajouté,«lors d'un entretien à la Presse canadienne.
Si le PQ, dans les mois qui viennent, ne réussit pas à regagner la confiance de la population, «c'est terminé».
Il a dit que Mme Marois était au courant de ses états d'âme et qu'elle avait eu à l'avance une copie de ses réflexions, mardi. Elle lui aurait confié qu'elle recevait ses propositions avec «beaucoup d'ouverture».
Il croit que sa chef partage son sentiment d'urgence, mais il dit ignorer si elle a la volonté de faire les changements qui s'imposent.
Dans son long texte de réflexion, qui compte près de 4000 mots, M. Drainville ne fait pas allusion au leadership de Mme Marois.
Les suggestions de M. Drainville, comme celles d'autres députés, seront discutées lors du prochain caucus péquiste, qui se tiendra à Saguenay la semaine prochaine.
En juillet, à la suite de la démission de ses cinq collègues, M. Drainville, craignant le pire, avait lancé une consultation auprès de la population en vue d'obtenir des propositions de changements à apporter au fonctionnement du parti et à la culture politique. Le texte affiché sur son site web regroupe un condensé des quelque 1000 réponses reçues, dresse quelques constats de l'état d'esprit de la population, mais surtout il livre le fruit des propres réflexions de l'ancien journaliste sur les changements requis.
Il dit vouloir faire du peuple «le plus gros et le plus fort des lobbies au Québec». C'est là la seule façon pour le parti de redevenir la grande coalition qu'il a déjà été, estime-t-il.
Pour y arriver, il faudra notamment revoir le régime de monarchie constitutionnelle, mieux répartir les pouvoirs entre l'exécutif et le législatif, restreindre l'imposition de la «ligne de parti» aux députés, élire le premier ministre au suffrage universel, tenir des élections à date fixe, encourager la tenue de référendums d'initiative populaire et revoir le mode de scrutin.
Ses propositions ne sont pas des ultimatums, précise-t-il, car il dit vouloir toujours rester dans l'équipe de Mme Marois.
Malgré un discours très dur envers son parti et très pessimiste quant à la suite des choses, M. Drainville dit garder espoir et croire que le PQ peut encore se relever.


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