Bellemare et la famiglia

Qu'est-ce que la vie privée de la fille de Marc Bellemare, danseuse érotique à l'époque où il était ministre, peut bien avoir à faire avec les allégations de ce dernier quant au processus de nomination des juges?

On voit bien que Marissal n'a aucun plaisir à reproduire toutes ces saletés...


Qu'est-ce que la vie privée de la fille de Marc Bellemare, danseuse érotique à l'époque où il était ministre, peut bien avoir à faire avec les allégations de ce dernier quant au processus de nomination des juges?
Rien, évidemment, mais cela a tout à voir avec l'état d'esprit de la famille libérale, visiblement courroucée par les accusations de l'ancien ministre de la Justice. Et, comme toute famille unie, elle se rebiffe, elle sort les griffes et règles ses comptes lorsqu'elle est attaquée. D'autant plus que, dans ce cas-ci, elle est attaquée par un ancien membre de la famille, Marc Bellemare, à qui le premier ministre avait donné un poste prestigieux, mais qui est sorti de la maison en piétinant les belles plates-bandes.
En ramenant sur le tapis en plein contre-interrogatoire l'histoire de la fille de Bellemare, Me André Ryan, avocat de Jean Charest devant la commission Bastarache (et dans la poursuite civile intentée par ce dernier contre Marc Bellemare) et président de la commission juridique du PLQ, a bien démontré que tous les coups sont permis contre ce mécréant. Voilà exactement le genre de bassesse qui dégoûte de plus en plus de citoyens de la politique.
D'emblée, Me Ryan a affirmé devant la Commission qu'il chercherait, par ses questions, à établir (il aurait pu dire: démolir) la crédibilité du témoin Bellemare. Passons rapidement sur le fait qu'il n'a pas posé de question sur l'influence de certains collecteurs de fonds dans le processus de nomination des juges. De ça, Me Ryan, comme les autres d'ailleurs, ne voulait pas parler.
Acceptons que, aux fins du «jeu» des contre-interrogatoires, les avocats de la partie mise en cause cherchent à détruire la crédibilité de l'accusateur. C'est de bonne guerre, mais encore une fois, que vient faire la fille de Bellemare là-dedans?
Me Ryan veut-il insinuer qu'une personne est moins crédible parce que l'un de ses enfants a mal tourné? Si c'est ce que sous-entend le clan libéral, c'est Jean Charest qui a un problème de crédibilité puisqu'il a refusé la démission de son ancien ministre lorsque l'histoire de la fille effeuilleuse est sortie.
Mais on s'éloigne ici dangereusement du noeud de l'affaire, de la raison pour laquelle on dépense des millions en fonds publics: le processus de nomination des juges. Remarquez que c'est précisément ce que veut la famille libérale: ne pas parler de ce sujet tabou.
La famille libérale est tricotée serré, c'est ce qui fait sa principale force. Contrairement aux péquistes, turbulents et indisciplinés, les libéraux marchent au pas, bien serrés dans les rangs derrière le chef. Sans cette discipline et cet esprit de corps dans son parti, Jean Charest n'aurait pas survécu après la débâcle de 2007. Sans cette cohésion, le putsch serait en marche depuis longtemps.
Le grand «crime» de Marc Bellemare, c'est d'avoir attaqué la famille. Et pas n'importe qui dans la famille: le chef lui-même!
Pauline Marois avait bien raison de dire cette semaine que la commission Bastarache est une «joute», une «guerre d'image» qui évite les vraies questions et dont il ne sortira vraisemblablement pas grand-chose.
Sa critique en matière de Justice, Véronique Hivon, a elle aussi mis le doigt sur le bobo en déplorant que l'exercice «ressemble de plus en plus à un procès entre deux personnes». D'ailleurs, Marc Bellemare n'a-t-il pas répondu, jeudi, à la poursuite de Jean Charest par sa propre poursuite?
Les médias, en particulier la télévision, sont complices de cette «joute», eux qui suivent la Commission comme s'il s'agissait d'un match de hockey: une belle passe ici, une dure mise en échec là, le nombre de buts marqués contre l'adversaire et dans son propre filet, une échappée, un six-pouces dans le ventre, un double échec...
Parfois, des avocats invités sur les plateaux de télé passent d'interminables minutes à disséquer un bout de phrase afin d'y trouver une signification quelconque, pour finir par dire qu'ils ne savent pas où s'en va tel ou tel avocat. Ou, encore plus drôle, pour finir par dire: «Vous savez, ce n'est pas fini, attendons avant de tirer des conclusions.»
Exactement ce que de plus en plus de citoyens reprochent aux médias ces années-ci: tout dans l'immédiat, le spectacle d'abord, au mépris de la perspective.
Je n'en fais le reproche à personne. Nous sommes tous, dans les médias, pris dans le syndrome de l'instantanéité, mais la commission Bastarache fait ressortir, encore une fois, la fine ligne entre couverture journalistique et spectacle.
Et pourquoi, déjà, ce spectacle?
Pour faire la lumière sur le processus de nomination de juges? Si tel est le cas, il y a curieusement peu de questions sur le sujet.
Pour le moment, l'exercice ressemble plus à une tentative de règlement de compte de la famille libérale contre un ancien membre qui a quitté les rangs et brisé le silence.
Était-il vraiment nécessaire de dépenser plus de 6 millions de fonds publics pour ça?


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé