SYRIE

Bachar al-Assad sans pitié

Le président du pays rejette d’emblée toute demande de cessez-le-feu

8da1c225b766b7624cae897a24563278

Le Devoir se fait l'écho complaisant de la propagande des neocons

Le président syrien ne relâche pas la pression et l’espoir d’un cessez-le-feu à Alep est pratiquement inexistant. Ayant gagné du terrain sur les rebelles, le régime de Bachar al-Assad est en effet déterminé à poursuivre sa progression et a exclu l’idée de prendre congé des armes dans l’immédiat. « Sur le terrain [à Alep], il n’y a pas de trêve », dit-il dans un entretien publié jeudi dans le journal Al-Watan, proche du pouvoir syrien.

Mercredi en soirée, les chefs de la diplomatie américaine et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov, ce dernier soutenant le régime militaire syrien, ont tout de même discuté d’un projet de cessez-le-feu, vivement souhaité par six grandes capitales occidentales, dont Ottawa, qui dénoncent cette « catastrophe humanitaire ».

Une discussion qui n’aura aucun effet, croit Thomas Juneau, professeur à l’Université d’Ottawa et spécialiste du Moyen-Orient. « Le momentum est très clairement avec l’armée syrienne, les milices chiites alliées et le soutien aérien russe », a-t-il soutenu. « Il n’y a pas d’espoir pour un cessez-le-feu » et encore moins pour une trêve, plus contraignante qu’un simple dépôt des armes. « [Bachar al-Assad] n’a pas du tout intérêt à s’arrêter. Ça donnerait le temps à l’opposition de consolider ses forces. »

Dans ce pays déchiré depuis près de six ans par une guerre civile qui a fait 300 000 morts, les nouvelles sont donc bonnes uniquement pour le président Assad et ses alliés qui, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, ont réussi à reprendre plus de 80 % des quartiers rebelles dans la partie est d’Alep, celle qui leur échappe encore. Ayant mis la main sur la vieille ville sans même combattre — les rebelles ayant battu en retraite « de peur d’être assiégés » — le régime syrien entend poursuivre sa conquête militaire pour reprendre dans son entièreté la deuxième ville en importance du pays.

Encore loin de la fin

« C’est vrai qu’Alep sera une victoire pour nous, mais soyons réalistes, cela ne signifie pas la fin de la guerre. Mais ce sera une étape énorme vers la fin » du conflit, a déclaré le président Assad au même quotidien syrien. Pour Thomas Juneau, si la guerre n’est pas près de se terminer, c’est surtout que malgré tout le soutien qu’il possède, « le régime Assad n’est pas capable de reprendre toute la Syrie. Son plan est de reprendre la Syrie “ utile ”, soit Alep, les grandes villes de l’ouest et les régions côtières, mais on n’en est pas là ».

L’atteinte de cet objectif serait l’une des façons de mettre un terme au conflit. L’autre, c’est la négociation, rappelle M. Juneau. « Mais ça aussi, on en est encore très loin. » Plusieurs groupes représentant des dizaines de milliers de troupes ne sont toujours pas disposés à négocier, dont le groupe armé État islamique.

Demeure toujours une inconnue de taille : la position que décidera d’adopter Donald Trump lorsqu’il entrera en fonction comme président des États-Unis le 20 janvier prochain. Position isolationniste, statu quo ou intensification de la présence militaire ? « C’est l’énorme point d’interrogation. Il a été tellement incohérent dans les derniers mois », constate le professeur à l’Université d’Ottawa. Dans tous les cas de figure, le pouvoir des États-Unis, que le régime militaire syrien qualifie de « terroriste », est plutôt marginal sur une résolution de conflit. Celui du Conseil de sécurité des Nations unies l’est tout autant. « Cette guerre va se régler entre les acteurs syriens, et le Conseil de sécurité va éventuellement entériner les solutions », explique le professeur.

Alep à bout de souffle

En attendant, le président syrien continue de diriger l’offensive qu’il a lancée sur Alep le 15 novembre à coups de largages de barils d’explosifs et de tirs d’obus ininterrompus, sous une intense couverture aérienne. Depuis cette date, plus de 370 civils ont été tués, surtout dans Alep-Est, et 80 000 ont fui sur les 250 000 habitants qui y vivaient avant cette attaque dévastatrice.

En mission en Syrie en octobre et novembre, Ziad Alissa, médecin et président de l’Union des organisations de secours et de soins médicaux (UOSSM-France), est revenu ébranlé de ce qu’il a vu. « J’ai vu tant de choses horribles, je pourrais écrire un livre avec tout ce que j’ai vu », a-t-il dit en entrevue au Devoir. Équipe médicale épuisée, pénurie de médicaments, appareils de dialyse et scanneur en panne depuis des mois… « En France, après une opération, le patient demeure à l’hôpital au moins une semaine. À Alep, ils sont renvoyés chez eux tout de suite. Les femmes qui ont eu des césariennes rentrent chez elles peu après l’accouchement parce qu’il n’y a pas de place », raconte-t-il, ajoutant qu’il ne reste plus qu’une gynécologue dans cette partie orientale de la capitale.
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->