Le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, et le président d'Investissement Québec, Jacques Daoust, ont eu de la difficulté à assurer leur défense, aujourd'hui, concernant des fonds publics qui ont été investis dans des entreprises appartenant à des proches des libéraux.
Après avoir déclaré hier que toutes les règles avaient été respectées, MM. Bachand et Daoust ont été pris de court par les questions du porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances, François Legault, à propos des investissements effectués par des Fonds d'intervention économique régionale (FIER), des sociétés en commandite dont deux tiers de la capitalisation provient de fonds publics.
Lors d'une commission parlementaire sur l'étude des crédits du ministère du Développement économique, M. Legault a poussé M. Bachand dans les câbles à plusieurs reprises en l'interrogeant sur les prises de participation de deux FIER administrés par Pietro Perrino et Valier Boivin, deux proches de Parti libéral du Québec, dans quatre entreprises dont ils sont aussi actionnaires.
Cachant mal son malaise, le ministre a souvent dû s'en remettre à M. Daoust pour obtenir plus de précisions et le président d'Investissement Québec a lui-même cédé la parole à plusieurs occasions à un de ses adjoints, Sébastian Boisjoly.
Les échanges entre M. Legault et M. Bachand ont démarré sur les chapeaux de roues et le président de la commission, le député libéral François Ouimet, a rapidement dû rappeler les parlementaires à l'ordre.
«Les esprits s'échauffent, on sait que c'est un dossier qui est très chaud», a-t-il dit.
Durant les travaux, M. Legault, député de Rousseau, a notamment déposé des documents démontrant que Pietro Perrino et Valier Boivin étaient actionnaires de la société Ranaz lorsque le FIER Ville-Marie, dont ils étaient aussi administrateurs, a investi dans ce fabricant de suppléments alimentaires, après 2006.
«(Jeudi) le ministre du Développement économique nous a dit: au moment où le FIER Ville-Marie a investi dans Ranaz, M. Boivin et M. Perrino n'étaient pas actionnaires, a-t-il dit. Je m'excuse de le dire, je sais que ce n'est pas parlementaire, mais il a menti.»
M. Bachand s'est limité à répéter que les FIER, supervisés par une filiale d'Investissement Québec, une société d'Etat, étaient soumis à des règles contre les conflits d'intérêts.
«Le député de Rousseau a soulevé des questions à l'Assemblée nationale, il y a 48 heures, il y a 24 heures et à chaque fois, il a obtenu des réponses à ses questions dans une vitesse qui m'impressionne, a-t-il dit. Mais là, il soulève de nouvelles questions. Je pense que le président d'Investissement Québec va sûrement se faire un plaisir d'aller chercher les réponses.»
M. Legault a ensuite suscité la confusion de M. Daoust en lui citant la politique d'investissement des FIER, selon laquelle ils doivent avoir plus de 50 pour cent de leurs placements annuels dans des entreprises de leur région désignée, contrairement à ce que le président d'IQ avait soutenu, jeudi, en affirmant que cet objectif devait être réalisé au terme des activités du fonds.
«J'ai cherché dans les documents et je n'ai vu nulle part les mots 'à terme', a dit M. Legault. Ce qu'on dit c'est que ça doit être calculé annuellement.»
M. Daoust a soutenu qu'il avait, jeudi, spécifiquement parlé du FIER Boréal, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, bien que les mêmes règles s'appliquent aux 44 FIER de la province, dans lesquels le gouvernement du Québec injecte annuellement 318 millions $.
Mais il a tenté d'expliquer qu'il n'y avait pas de contradiction entre ce qu'il avait affirmé et le document auquel se référait M. Legault.
«L'objectif, c'est qu'à terme, on soit rendu avec une majorité d'investissements dans la région désignée à la société en commandite, a-t-il dit. La révision annuelle que vous mentionnez est importante, parce qu'on ne voudrait pas, une fois qu'on l'a atteint, que l'année suivante on tombe en bas de ce seuil.»
Mercredi, le Parti québécois a placé le gouvernement dans l'embarras en révélant que la moitié des placements du FIER Boréal, administré aussi par MM. Perrino et Boivin, avaient été réalisés à l'extérieur de la région, notamment dans quatre entreprises - dont Ranaz - de la région montréalaise dont ils sont actionnaires.
Alors que M. Bachand, Investissement Québec et les deux hommes d'affaires soutenaient jeudi que toutes les règles avaient été respectées, lors de trois conférences de presse distinctes à Montréal et Québec, le PQ est revenu à la charge en révélant que le FIER Ville-Marie, administré depuis Laval par MM. Perrino et Boivin, avait lui aussi fait des placements dans les mêmes quatre entreprises.
A la sortie de la commission parlementaire, M. Daoust a dû défendre sa crédibilité.
«Si vous questionnez ma crédibilité sur la base que je n'ai pas en mémoire tout le détail de toutes les 5000 entreprises d'Investissement Québec, à ce moment là, on ne s'entendra pas bien», a-t-il dit.
M. Daoust a assuré que ses réponses s'étaient appuyées sur des documents qui lui sont fournis par les sociétés en commandite.
«Le ministre m'a demandé tantôt de poser plus de questions, ce que je ferai au cours des prochains jours», a-t-il dit.
Selon M. Daoust, deux membres du personnel d'Investissement Québec sont chargés de superviser les 44 FIER.
FIER
Bachand et Daoust essuient les tirs de Legault
Le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, et le président d'Investissement Québec, Jacques Daoust, ont eu de la difficulté à assurer leur défense, aujourd'hui, concernant des fonds publics qui ont été investis dans des entreprises appartenant à des proches des libéraux.
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